Être (ou pas) dans le vent, avoir le vent en poupe, avoir vent de quelque chose… Le vent a inspiré de nombreuses expressions populaires de la langue française. S’il est souvent au singulier, quelques expressions mettent en scène les quatre vents. Les vents venant des quatre points cardinaux, les quatre vents représentent par extension toutes les directions.
Ainsi, être ouvert aux quatre vents se dit d’un endroit à travers lequel le vent circule dans tous les sens et être logé aux quatre vents signifie vivre dans une habitation mal abritée, exposée de tous les côtés. On utilise aussi les quatre vents avec des verbes comme jeter, semer ou disperser quelque chose pour exprimer l’idée que l’on envoie cette chose dans tous les sens, sans discernement ou que l’on s’en débarrasse.
Si l’expression figure dans le Dictionnaire Universel de Furetière (1690), on la retrouve déjà à plusieurs reprises dans la Bible, notamment chez les prophètes Daniel, Jérémie et Ezékiel dans l’Ancien Testament, et dans le Livre de l’Apocalypse :
« Après cela, j’ai vu quatre anges debout aux quatre coins de la terre, maîtrisant les quatre vents de la terre, pour empêcher le vent de souffler sur la terre, sur la mer et sur tous les arbres » (Ap 7, 1)
D’une façon générale, le vent est très présent dans la Bible. Au delà d’une manifestation météorologique, il symbolise le souffle, l’esprit de Dieu, et le mot hébreu d’origine, ruah, signifie en même temps déplacement d’air, souffle et esprit.
Indispensable, insaisissable et puissant
Il y a dans ce vent, dans ce souffle, un caractère tout à fait mystérieux qui en renforce la symbolique. Tout comme l’esprit de Dieu, l’air est un élément indispensable à la vie de l’homme et en même temps, il est insaisissable et puissant, et ne peut être contrôlé. C’est l’image que prend Jésus lorsqu’il s’adresse à Nicodème :
« Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » (Jn 3, 8).
Instrument de Dieu (Ps 148, 8), le vent se manifeste de différentes façons. Il est parfois d’une violence irrésistible : expression de la colère divine (« Je vais déchaîner un vent de tempête dans ma fureur », Ez 13, 13), il détruit les maisons (Ez 13, 14), provoque des tempêtes (« les quatre vents du ciel soulevaient la grande mer » Dn 7, 2), des naufrages… Sa puissance est dévastatrice et nul ne peut y échapper :
Mais il permet aussi au peuple d’Israël d’échapper aux Egyptiens :
« Moïse étendit le bras sur la mer. Le Seigneur chassa la mer toute la nuit par un fort vent d’est ; il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent » (Ex 14, 21).
Il leur envoie des cailles pour se nourrir (Nb 11, 31), il apporte la pluie après une grande période de sécheresse (1R 18, 45) et se fait « brise légère » (1R 19, 12) comme dans le jardin d’Eden (Gn 3, 8). C’est aussi dans un « violent coup de vent » (Ac 2, 2) que l’Esprit Saint descend sur les apôtres à la Pentecôte et c’est encore le vent, souffle, esprit de Dieu, qui apporte la guérison, la vie, la régénération :
Le Seigneur me dit alors :
« Adresse une prophétie à l’esprit, prophétise, fils d’homme. Dis à l’esprit : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Viens des quatre vents, esprit ! Souffle sur ces morts, et qu’ils vivent ! » (Ez 37, 9)