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Pornographie : cinq pistes pour s’en sortir

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Mathilde de Robien - publié le 05/05/20 - mis à jour le 14/06/21
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Conséquence des confinements successifs : l'explosion de la pornographie. Tanguy Lafforgue, thérapeute spécialisé dans ce type d'addiction, prodigue pour Aleteia de précieux conseils à tous ceux qui souhaitent entamer un chemin de guérison.

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Conséquence des confinements successifs : l’explosion de la pornographie. Tanguy Lafforgue, thérapeute spécialisé dans ce type d’addiction, prodigue pour Aleteia de précieux conseils à tous ceux qui souhaitent entamer un chemin de guérison.

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Depuis le 17 mars 2020, date du début du confinement, le secteur de l’industrie pornographique enregistre des records d’audience rarement égalés par le passé. Une explosion estimée à 50% par le secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O, fin mars sur France Info. Au point que le gouvernement a demandé à certains sites de réduire la qualité technique des vidéos afin de limiter l’usage de la bande passante et éviter que la pornographie ne porte préjudice aux consultations médicales en ligne, au télétravail ou à l’enseignement à distance. Les entreprises du secteur, elles, révèlent une augmentation plutôt de l’ordre de 30%.

Deux principaux facteurs expliquent cette explosion. D’une part, la quasi-totalité des sites pornographiques ont mis en avant des offres promotionnelles exceptionnelles : mois gratuit, accès premium… Un coup de com’ qui, pour Tanguy Lafforgue, coach et thérapeute spécialisé dans l’addiction à la pornographie, figure parmi les facteurs qui ont encouragé certains internautes. « Virtuelle, anonyme, sans conséquence visible et immédiate sur la santé, la pornographie est la seule addiction que l’on peut camoufler aisément à ses proches », souligne le thérapeute, d’autant plus transparente et accessible lorsque le compte en banque n’est pas débité. D’autre part, la solitude, le stress et l’ennui éprouvés pendant le confinement sont autant de sources qui ont conduit certains à consommer de la pornographie. Tanguy Lafforgue, marié et père de cinq enfants, a fondé le cabinet « Cœur-hackeur » pour accompagner les personnes souffrant d’addiction à la pornographie et à la masturbation, après avoir exercé comme officier dans l’Armée de terre, puis comme responsable de communication au sein de l’Eglise catholique. Il donne à Aleteia de précieux conseils destinés à toute personne désireuse d’entamer un chemin de guérison. Selon lui, ce type d’addiction se guérit, à condition de ne pas rester seul.

Se reconnecter à ses émotions

« La pornographie est une stratégie d’évitement, une manière de fuir un mal-être, des pensées gênantes ou des émotions désagréables comme l’ennui, la peur, la tristesse ou encore la colère », explique le thérapeute. Par conséquent, le premier pas pour guérir d’une addiction est d’arrêter de fuir, et au contraire d’accueillir ce que l’on essaie d’anesthésier à tout prix. Au prix effectivement d’une grande souffrance car l’addiction à la pornographie est très souvent source de honte et de culpabilité. « La sexualité fait partie du plus intime de notre être, et perdre le contrôle sur cet aspect-là peut causer un sentiment de honte, d’autant plus fort lorsque l’addiction est contraire à ses convictions », explique Tanguy Lafforgue. Ce dernier invite donc à accueillir ses pensées gênantes ou émotions désagréables, qui font partie de notre vie psychique, et à leur donner du sens au lieu de les fuir. Alors que tout, dans la société moderne, encourage à perdre le contact avec soi-même, il propose de se reconnecter courageusement avec ses émotions négatives et appelle à prendre conscience de cette fuite que représente la pornographie. Ceci exige deux compétences : l’ancrage dans le présent et l’auto-observation.



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S’ancrer dans le présent

« Être enraciné dans l’instant et présent à soi-même est un moyen extrêmement efficace pour ne pas tomber dans le piège des comportements compulsifs », affirme Tanguy Lafforgue. Concrètement, se concentrer sur l’instant présent demande de n’être tourné ni vers le passé, parfois chargé de regrets, ni vers le futur, parfois angoissant, mais de faire appel à ses cinq sens, de prendre contact avec ses sensations corporelles, et de réaliser que l’émotion ressentie, même si elle est désagréable, ne “tue” pas.

Observer son propre comportement

« Le comportement, ça se décortique », précise notre expert. L’auto-observation permet d’identifier les situations à risque, les éléments déclencheurs, les pensées négatives, non pas dans une logique justicière ou nombriliste mais pour pouvoir se tenir sur ses gardes lorsque la “petite voix” qui s’infiltre dans notre tête murmure “J’en ai besoin”. Une question de motivation plus que de volonté. Car bon nombre de personnes addicts témoignent que la volonté n’est pas suffisante. “La volonté est rendue inopérante par l’addiction”, explique Tanguy Lafforgue. Ce sont les émotions, les pensées, qui déterminent en premier lieu nos comportements et qui doivent être passées au crible.

Adopter les gestes barrière : tri sélectif et contre-mesure

Lorsque l’auto-observation tire la sonnette d’alarme, il s’agit d’adopter les gestes barrière. « Faites barrage à toutes les pensées qui vous emprisonnent. Vos pensées ne sont pas des ordres ! », s’exclame Tanguy Lafforgue. « Faites le tri sélectif de vos pensées : quand la “petite voix” dit “J’en ai besoin”, répondez-lui “En es-tu bien sûr ?” » Un tri sélectif à la manière de la garde du cœur des Pères du désert, qui demande de l’entraînement et de la motivation mais qui n’est pas compliqué, assure le thérapeute.


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Autre geste barrière : fixer un comportement alternatif à la compulsion : lorsque l’on sent que l’on est prêt à se laisser tenter, on esquisse, physiquement, un geste de refus, on se lève, on change de pièce… C’est ce qu’Olivier Florant, sexologue, appelle la contre-mesure : « La contre-mesure ne laisse que trois ou quatre secondes à la personne pour rejeter la pensée, et engage à effectuer un geste corporel afin de marquer ce blocage mental, en se tapant sur la cuisse ou en claquant des doigts par exemple », expliquait-il à Aleteia l’année dernière.

S’appuyer sur sa foi en Dieu

« Je vous donnerai un cœur nouveau » (Ez 36, 26). Ce sont ces paroles de la Bible qui ont inspiré à Tanguy Lafforgue le nom de son cabinet « Cœur-hackeur ». Quelle promesse et quelle espérance sont contenues dans ces quelques mots du prophète ! La Parole de Dieu regorge de phrases, ô combien réconfortantes, qui restaurent la dignité de n’importe quel être humain. C’est pourquoi Tanguy Lafforgue, catholique convaincu, considère la prière et la lecture de la Parole comme de précieux outils pour cheminer vers la guérison. Il demeure en effet persuadé que le Seigneur entend la prière des personnes qui souffrent de cette addiction. Et il les engage à croire que la grâce de Dieu peut les guérir. Au-delà de la prière, le soutien d’une communauté chrétienne ainsi que les sacrements, et notamment celui de la réconciliation, peuvent apporter à un chrétien la force nécessaire pour se laisser transformer. Il ne s’agit pas de ne rien faire en se disant que le Seigneur nous sauvera, mais d’accomplir notre part en tant qu’homme, de « faire le premier pas, et de croire que la grâce précède tous nos efforts », invite Tanguy Lafforgue.


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