Le Christ vient de rendre son dernier souffle. Tout est accompli alors que son corps martyrisé demeure encore sur la croix. Nous sommes vendredi et la Pâque va débuter pour les Juifs de Jérusalem. Aussi, le corps du supplicié doit-il rapidement disparaître avant que le shabbat ne commence.
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Où déposer le corps du Christ maintenant qu’il a rendu son dernier souffle ? C’est la question que se posent ses proches après la descente de la croix. Rien n’avait, bien entendu, était prévu pour les funérailles de Jésus, et encore moins un lieu de sépulture. Et pourtant, la providence allait faire en sorte qu’un homme nommé Joseph et originaire d’Arimathie allait éviter au corps de Jésus de finir dans la fosse commune.
Qui était-il ? Les Évangiles nous renseignent en précisant : “Comme il se faisait tard, arriva un homme riche, originaire d’Arimathie, qui s’appelait Joseph, et qui était devenu, lui aussi, disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate pour demander le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu’on le lui remette” (Mt 27, 57). Joseph siégeait au conseil du grand prêtre et n’avait pas approuvé la condamnation de Jésus.
Dans la hâte, avant que la nuit ne tombe et n’interdise toute activité, il prit le corps avec Nicomède, un pharisien et notable, et l’enveloppa dans un linceul immaculé. Joseph avait prévu pour ses propres funérailles un tombeau neuf qu’il s’était fait creuser dans le roc d’un jardin, une pratique coûteuse alors et réservée aux notables. C’est là qu’ils déposèrent le corps de Jésus sous les yeux des femmes, “Marie-Madeleine et l’autre Marie” précisent les Évangiles, et qui avaient veillé toute la journée sur Jésus. Le corps de Jésus déposé, Joseph d’Arimathie “roula une grande pierre à l’entrée du tombeau et s’en alla”. Le silence était définitivement tombé sur les lieux.
Une garde pour veiller un mort
Pour quelles raisons les Écritures nous précisent-elles qu’une garde fut prévue afin de surveiller l’entrée du tombeau protégeant le corps d’un défunt ? Les grands prêtres et pharisiens responsables de la condamnation de Jésus s’adressèrent le lendemain à Pilate en ces termes : “Seigneur, nous nous sommes rappelés que cet imposteur a dit, de son vivant : “Trois jours après, je ressusciterai”. Alors, donne l’ordre que le sépulcre soit surveillé jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent voler le corps et ne disent au peuple : “Il est ressuscité d’entre les morts”. Cette dernière imposture serait pire que la première” (Mt 27, 63).
Pilate s’agace, mais leur enjoint d’organiser cette surveillance comme ils l’entendent avec leur propre garde sans avoir à déranger encore l’armée romaine. Les grands prêtres s’exécutèrent et “assurèrent la surveillance du sépulcre en mettant les scellés sur la pierre et en y plaçant la garde”. Si la pierre roulée par Joseph d’Arimathie avait pour but de préserver le corps de Jésus de toute profanation venue de l’extérieur, les scellés posés par les responsables de la mort du Christ avaient, eux, pour but d’éviter toute usurpation du corps par les fidèles de Jésus.
La basilique du Saint-Sépulcre
Il est difficile pour le pèlerin en Terre Sainte d’imaginer aujourd’hui le simple tombeau d’origine creusé à même la roche lorsqu’il aborde l’imposante basilique édifiée par les Croisés en 1149 sur l’emplacement initial d’une ancienne église à trois nefs décidée par l’empereur Constantin au IVe siècle. L’édifice dessine, en effet, un inextricable réseau de chapelles et de coupoles, percées de toutes petites ouvertures ne livrant que de faibles lueurs dans la pénombre intérieure. De l’extérieur, le lieu de crucifixion et le relief du Golgotha demeurent également indiscernables parmi les nombreuses ruelles et la monumentale architecture qui surmonte aujourd’hui ce qui fut le tombeau du Christ. C’est une vaste rotonde qui protège, en effet, de nos jours la « grotte du Salut » ou tombeau de Jésus protégé dans l’actuelle basilique de style roman.
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C’est donc cet imposant édifice succédant à celui de Constantin qui perpétue de nos jours la mémoire d’une forte tradition orale héritée des premiers chrétiens de Jérusalem. Un seul et même lieu réunit ainsi désormais trois témoignages de la Passion du Christ les plus précieux pour les chrétiens à savoir : le Tombeau du Christ, d’une part, placé au centre de la rotonde et protégé par un édicule dès l’église primitive sous Constantin, et d’autre part, le Golgotha lieu présumé de la crucifixion, sans oublier la pierre de l’Onction qui reçut le corps de Jésus à la descente de croix et où il aurait été, selon les traditions, embaumé (à cette énumération prestigieuse viennent, bien sûr, s’ajouter également de nombreuses chapelles et cryptes de saints).
C’est ainsi un endroit unique dans la tradition chrétienne où la méditation exige cependant patience et abstraction du flot incessant des touristes. Un lieu à nul autre pareil qui doit également composer avec les nombreuses communautés chrétiennes (Catholiques romains, Grecs orthodoxes, Arméniens apostoliques, Syriaques orthodoxes, Coptes, Éthiopiens orthodoxes). Ces dernières se « partagent » plus ou moins paisiblement ce lieu saint, ainsi qu’en témoigne ce triste symbole de « l’échelle inamovible » encore en place. En effet, une curieuse échelle est posée depuis le XVIIIe siècle sur la façade principale, à la fenêtre droite précisément, qui symbolise le statu quo édicté par le Sultan Osman III.
Ce dernier avait imposé un accord absolu de toutes les communautés chrétiennes pour faire quelque modification que ce soit sur le site. Or, l’échelle demeure toujours en place depuis. Mais le Samedi saint n’invite-t-il pas à dépasser nos divisions, dans le silence de l’attente de la Résurrection au lieu du Saint-Sépulcre et dans le cœur de chaque fidèle ?
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