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Le livre d'Isaïe est une véritable somme des promesses de Dieu à Israël, confirmant celles faites à David et à sa descendance (2S 7, 16 ; 1Ch 17, 14). La naissance de l’Emmanuel ranime tous les espoirs d'Israël et prélude à un temps de gloire et de bonheur. À travers ce livre, de nombreux passages témoignent de cette montée messianique. Ils restent d'interprétation difficile et tous ne sauraient être attribués au même auteur. Ils n'en expriment pas moins sa pensée, telle qu'elle a jailli dans ses oracles et telle que l’ont développée ses disciples.
L'antienne de communion de la fête de l’Annonciation chante la deuxième grande prophétie d'Isaïe (Is 7, 14) annonçant le mystère de l'Incarnation : elle annonce directement et avec précision le grand miracle qui va s'accomplir.
On l’appellera Emmánuel
Le texte de l’offertoire — Ave Maria… — permet d’éclairer le passage de la communion et de l'appliquer à la naissance du Sauveur, de l'Emmanuel, Dieu avec nous. Écce vírgo concípiet et páriet fílium, et vocábitur nómen éjus Emmánuel. « Voici qu'une vierge concevra et mettra au monde un fils, et le nom dont on l'appellera c'est Emmanuel. » La mélodie est gracieuse et lyrique. La première phrase très légère, monte en un grand crescendo jusqu'au sommet sur les mots páriet fílium ; la deuxième phrase, plus retenue, s'attarde surtout sur le mot Emmánuel de façon très expressive.
Une unité grave et recueillie
Cette antienne constituée donc de deux phrases, est d'une grande unité modale (en 1er mode) et d'une grande simplicité. La première phrase comporte deux parties. La première partie Écce vírgo concípiet reste assez grave et très recueillie. C'est presque l'annonce de la venue du Sauveur avec beaucoup de douceur et de discrétion.
La tierce ré - mi - fa joue un rôle central. Les accents toniques des trois mots sont mis en relief : celui de Écce par un bel accent au levé, dès l’intonation, à chanter avec beaucoup de révérence, de légèreté sans se jeter sur la finale du mot latin ; l'accent de vírgo, marqué par un podatus est l'apex (le sommet mélodique) de cette incise ou de l'intonation ; celui de concípiet bien marqué par un podatus sol — la trouve sa place à l'aigu. On peut remarquer la progression mélodique sur ces trois mots : fa sur écce, sol sur vírgo, la sur concípiet. Cette intonation concerne Notre-Dame sans qui rien n'aurait pu se faire. Cette première incise exprime l'humilité de la Très Sainte Vierge.
La mélodie exulte
La deuxième partie de cette première phrase contraste avec la précédente. Ici, la mélodie exulte ! La joie s'extériorise, visible, c'est le mystère de I'Incarnation. Par son Fiat, la Très Sainte Vierge entre dans le plan divin de ta Rédemption. Elle ouvre à l'humanité toute entière les portes de la miséricorde divine. La mélodie grégorienne met tout particulièrement en relief páriet avec un accent tonique assez développé. En quelques notes, la ligne mélodique s'envole, passant du ré grave au ré aigu. Cette incise se conclut, toujours en 1er mode, sur fílium avec beaucoup de douceur. Joie émerveillée, admiration sont les traits caractéristiques de ce passage.
Grâce et simplicité
Trois incises composent la deuxième phrase. Dans la première incise sur vocábitur, la mélodie reste à l'aigu, ondulant élégamment autour de la tierce mineure la - do avec grâce et simplicité. Puis dans l'incise suivante sur nómen éjus, la mélodie explore rapidement le grave, toujours avec élégance. Enfin, la pièce se conclut par le nom du Sauveur « Dieu avec nous ». Là encore, pas d'artifice dans la mélodie, beaucoup de simplicité (la mélodie progresse par degré conjoint, deux tierces sur quatorze notes), de gravité (quinte au grave entre ré - la) et de joie toute intérieure sur l'accent tonique d'Emmánuel. L'Église annonce avec un peu d'avance le nom du Fils de Dieu, Emmánuel, Dieu avec nous.
La joie de partager
En ce temps de pandémie, cette antienne nous aide à nous pénétrer du mystère de l'lncarnation, à nous abandonner à la volonté de Dieu à la suite de Marie, Mère de Dieu et Mère de l'Église. « La Vierge Marie, qui a transmis au monde non pas une idée mais Jésus, le Verbe incarné, est un modèle incomparable d'évangélisation. Invoquons-la avec confiance afin que l’Église annonce également aujourd’hui le Christ Sauveur. Chaque chrétien et chaque communauté sent la joie de partager avec les autres la bonne nouvelle que « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils Unique afin que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3, 16-17).