Plusieurs personnalités ont réclamé ces dernière heures que des visuels de la campagne d’affichage de l’association Alliance Vita lancée le 2 janvier soient retirés. La régie publicitaire en charge de sa diffusion a annoncé avoir accédé en partie à cette demande, jugeant les messages qu’ils véhiculent contraires à la neutralité. Ce samedi 4 janvier, le juge des référés a donné raison à l’association en ordonnant la reprise immédiate de l’affichage.
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Voici la nouvelle campagne d’alerte lancée par Alliance Vita ce jeudi 2 janvier. Sur fond noir, les photos d’une femme, d’un homme et d’une personne handicapée avec ces phrases : « La société progressera à condition de respecter la maternité », « la société progressera à condition de respecter la paternité » et « la société progressera à condition de respecter la différence ». Des messages qui s’appuient sur les trois principes de l’écologie humaine et qui “devraient être consensuels en démocratie”, estime Tugdual Derville, le délégué général de l’association. “Cette campagne de vœux est également l’occasion, à quelques jours de l’ouverture des travaux au Sénat sur les lois bioéthiques, de se poser les bonnes questions sur la société que nous voulons pour demain”.
Quelle société humaine voulons-nous pour demain ? #PJLbioethique
📌 Découvrez notre grande campagne d’alerte dans les gares parisiennes, transiliens et rues de Paris. #LaSocieteProgressera
——https://t.co/VEgItETmhk pic.twitter.com/4iHBMycN2t— Alliance VITA (@allianceVITA) January 2, 2020
Pourtant, à peine ces affiches installées, des photos circulent sur Twitter et en quelques heures à peine, une polémique lancée par des comptes anonymes a manifestement conduit des personnalités à réclamer le retrait de la campagne, à l’instar de la maire de Paris, Anne Hidalgo.
Je suis profondément choquée et indignée par cette campagne anti-IVG et anti-PMA à la Gare du Nord et dans plusieurs autres lieux de la capitale. Je demande à @ExterionMediaFR et #Mediatransports que ces affiches soient retirées immédiatement. pic.twitter.com/7dA6p26Q1B
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) January 2, 2020
La régie Média Transports, qui gère les publicités affichées dans les transports en commun parisiens, a donc été contrainte de rapidement se justifier. Contactée par Aleteia, Alexandra Lafay, en charge de la communication à la régie, confirme les propos de Valérie Decamp, président de Médiatransports, sur Twitter. “Deux des trois visuels de la campagne ont été retirés car ils n’auraient pas du être affichés au regard du principe de neutralité qui nous incombe dans le cadre de notre contrat de régie publicitaire avec la SNCF. Cette situation est consécutive à un dysfonctionnement dans cette période troublée de fin d’année notamment compte tenu des grèves à la SNCF.”
Les deux visuels concernant la “maternité” et la “paternité”, vont donc bel et bien être retirés. “Nous respectons la pluralité des expressions dès lors que les messages que nous diffusons ne sont pas en contradiction avec notre devoir de neutralité. C’est le cas de ces deux visuels militants”, avance encore Valérie Decamp, présidente de Médiatransports. Seul celui sur le respect à la différence restera donc affiché.
Cher Monsieur nous maintenons la campagne avec le visuel « respecter la différence ».
— Valerie Decamp (@valeriedecamp) January 2, 2020
Cette décision étonnante a enflammé les réseaux sociaux toute la journée de vendredi. Jusqu’où va le devoir de neutralité ? Comment le définir ? Selon l’avocat Erwan Le Morhedec interrogé par Aleteia, cette défense ne tient pas. “Soit la régie refusait l’intégralité de cette campagne, et c’était son droit, en amont, selon ses règles internes. Elle aurait pu estimer contraire à la neutralité la publicité d’une association militante. Mais à partir du moment où elle a validé cette campagne, elle ne peut pas ensuite décider que tel ou tel visuel est conforme ou pas !” Par ailleurs ajoute l’avocat, “les règles doivent être les mêmes pour tous, sinon il s’agit d’une discrimination à l’encontre d’une association plutôt que d’une autre”. Pour rappel, en octobre 2018, une association anti-spéciste avait diffusé sa campagne “je ne suis pas un bout de viande, je suis quelqu’un, ne me mangez pas” sur les mêmes supports. Le discours était pourtant loin de la neutralité brandie aujourd’hui.
Mon ami @TDerville je peux te dire qu’ayant dirigé @ExterionMediaFR pendant 7 ans cette décision n’a aucun fondement juridique.
— FRANCOIS MORINIERE ن (@FMORINIERE) January 3, 2020
Face à la décision de retrait des affiches, Alliance Vita a annoncé vendredi en début d’après-midi qu’elle lançait une action en référé contre la décision de Médiatransports. “La campagne doit durer jusqu’à mardi prochain, ces affiches belles et inattaquables avaient d’ailleurs franchi toutes les validations nécessaires, nous voulons donc que Médiatransport respecte le contrat qui nous lie”, a indiqué à Aleteia, Tugdual Derville. De son côté, la régie ExterionMedia, qui gère les affichages de la ville de Paris, a annoncé ce matin qu’elle retirait pour sa part l’intégralité de la campagne, soit les trois visuels, sur les panneaux de la ville. Une décision qui intervient suite à “la demande de l’autorité concédante”, c’est-à-dire la ville de Paris.
Nous venons de recevoir d’@ExterionMediaFR, 2nd réseau d’affichage avec lequel @allianceVITA a contracté, l’annonce du retrait de cette campagne, sans autre motif que "la demande de l’autorité concédante".
Une double action en référé sera lancée aujourd’hui contre cette #censure. pic.twitter.com/ttCy0JdIVw— Tugdual Derville (@TDerville) January 3, 2020
Néanmoins, comme le constatent plusieurs observateurs, cette campagne qui utilise un message consensuel, (qui pour s’énerver devant cette affirmation qu’il faut “respecter la maternité” ?) aurait pu passer relativement inaperçue. L’annonce, à grand bruit de polémiques, de son retrait, lui offre finalement une bien plus grande visibilité.
Ce samedi 4 janvier, le juge des référés du tribunal judiciaire de Paris, a donné raison à Alliance Vita ordonnant la reprise immédiate de l’affichage par Médiatransports dans les gares, avec une astreinte financière si non exécution.
Motif complet de la décision exécutoire du tribunal judiciaire de Paris ordonnant que cesse la #censure de la campagne d’@allianceVITA dans les gares et que reprenne sans délai l’affichage, sous astreinte quotidienne.#LaSocieteProgressera.
[Communiqué de presse à suivre] pic.twitter.com/lQQCdBLDEb— Tugdual Derville (@TDerville) January 4, 2020