Loin de relever de la superstition, les travaux théologiques sur les anges et l’angélisme manifestent tout autant le génie intellectuel de l’homme que la richesse de sa vie spirituelle.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Pour le père Griveaux, curé de la paroisse Saint-Germain de Charonne, « nous aurions tout intérêt à redécouvrir l’ange et la place de l’ange dans le monde. D’abord pour l’action de grâce de la gratuité de l’œuvre de Dieu ». L’idée d’esprits dénués de corps, ce que sont essentiellement les anges, procède en elle-même d’une déduction qui n’a rien de spécifiquement chrétienne, et elle avait été abondamment étudiée par les philosophes grecs, en particulier Platon, qui avaient constaté que « l’homme est placé au-dessus de la création en vertu de sa puissance intellective. » Hier comme aujourd’hui, on peut simplement déplorer que « l’homme peut être borgne et ne voit que ce qu’il peut mesurer ».
“L’œuvre de Dieu dépasse l’utilitarisme”
Mais s’il est possible d’accéder à une certaine connaissance de la vie des esprits par la simple raison, cette connaissance ne prend tout son sens qu’à la lumière de la révélation divine. En effet, comme toute la création, les anges sont une « œuvre de gratuité de Dieu, qui dit merveilleusement la gratuité de Son amour ; les anges ne sont pas nécessaires au Salut, seul Jésus, qui est Dieu, l’est — et cela dit quelque chose de l’œuvre de Dieu qui dépasse l’utilitarisme. »
La grâce plus originelle que le péché originel
Avant toute chose, la contemplation des anges nous ramène donc à notre statut de créature. Malgré leur grande perfection, les anges demeurent des créatures — et c’est le refus de cette dépendance à Dieu qui a causé la chute de Satan. Comme l’homme, l’ange est créé pour le bien. Mais il est lui-aussi doté d’un libre arbitre qui lui permet de l’accepter ou de le refuser. Ce qui fait dire au père Griveaux que « la grâce est plus originelle que le péché originel, l’homme au départ est créé sans péché ».
Lire aussi :
À quel moment les anges ont-ils été créés par Dieu ?
Créés sans corporalité, les anges jouissent d’une intelligence et d’une volonté qui ne sont pas obscurcis par la matière — ils sont « im-médiats ». De cette immédiateté de l’esprit découle le caractère définitif de leur adhésion ou non à l’ordre divin — l’ange est donc immédiatement saint ou damné. La différence est donc que pour les hommes, la volonté n’est pas définitivement fixée et reste ouverte à la miséricorde de Dieu : « Les pères du désert ont ainsi souvent rapproché les 99 brebis… des multitudes d’anges (chaque ange constituant une espèce à part entière) demeurées justes, tandis que la brebis perdue (et que Jésus va chercher au péril de sa vie) est interprétée comme l’humanité, unique, et portée sur les épaules ».
Un rappel des priorités dans la vie spirituelle
Par ailleurs, les théologiens ont distingué neuf catégories d’anges, dont la participation au règne divin est ordonnée selon une hiérarchie des fonctions. Les anges nous rappellent ainsi les priorités dans la vie spirituelle, et donc la hiérarchie des activités dans la vie temporelle. Par exemple, « il est intéressant de constater que c’est Lucifer, un Chérubin, un ange dont la nature le porte à connaître Dieu, qui a chu — et non un « Séraphins » dont le propre est d’aimer d’amour brûlant (Saraph : brûlant, en hébreux) ; cela montre que l’on ne peut pas tromper lorsqu’on aime Dieu, alors que le connaître ne préserve pas de l’orgueil ». Même chez les anges, science sans amour… Saint Michel est connu pour terrasser le démon — malgré une place beaucoup moins importante dans la hiérarchie céleste — et son nom, qui signifie « qui est comme Dieu ? », est un rappel à l’humilité qui a fait défaut à Satan.
La vie des anges nous rappelle ainsi l’essentiel de la vie spirituelle : “La première chose que fait l’ange Michel, c’est dire le Bien, puis par voie de conséquence de combattre le mal, et en particulier au moment du jugement où bien et mal sont à discerner. On a tendance à faire du combat spirituel quelque chose de central, alors que ce qui est important, c’est la vie spirituelle — le combat n’intervient que lorsqu’un mal, ou, le plus souvent, un bien apparent, vient nous détourner du Vrai Bien. »