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Le 8 septembre 1429, Jeanne d’Arc échoue devant Paris

Jeanne d'Arc

Jeanne d'Arc au musée Jacques Bourdelle, Paris.

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Gabriel Privat - publié le 06/09/19
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Il y a 590 ans, la première défaite de Jeanne signe la fin de l’épopée libératrice de la Pucelle d’Orléans. Mais elle a ouvert les chemins de la victoire finale. C’est son roi qui ouvrira les portes de Paris.Venues de Saint-Denis où le duc d’Alençon a installé les quartiers de Charles VII, les troupes s’avancent vers Paris. En ce 8 septembre, Jeanne chevauche au milieu des hommes. Elle a ouvert les portes des villes de France entre Orléans et Reims. Senlis, Beauvais et Compiègne ont été prises. Une trêve a été signée avec le duc de Bourgogne pour la Picardie, mais le régent du roi anglais Henri VI, Jean de Bedford, a quitté la capitale pour occuper Montereau, sur la Seine, coupant la retraite aux Français. Il n’y a pas d’autre voie. Il faut prendre Paris.

La première défaite de Jeanne

À midi, on approche de la porte Saint-Honoré, tenue par des Bourguignons, des bourgeois de Paris et quelques Anglais. Les soldats ne peuvent entamer un siège. C’est l’assaut. La première levée de terre et le fossé sec sont franchis. Mais les troupes peinent devant le fossé d’eau et le rempart. Un arbalétrier reconnaît Jeanne. L’insultant copieusement, il lui décoche un carreau d’arbalète dans la cuisse. Blessée, on l’évacue. Dans le même temps, son porte-étendard reçoit un carreau au pied. Relevant sa visière pour examiner sa blessure et retirer le dard, il en reçoit un deuxième entre les yeux. L’étendard gît dans la poussière. Une canonnade disperse les soldats du roi.


JULES EUGÈNE LENEPVEU
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On quitta Saint-Denis, étendit la trêve à Paris et fila en Berry. Un échec contre la Charité-sur-Loire, de belles victoires de La Hire contre Château-Gaillard, Louviers et Laval, il était temps d’achever la saison. Dans l’esprit des troupes, ce 8 septembre 1429 ternit l’étoile de Jeanne. Comment Paris, qui n’était point du tout Anglais, avait-il pu rester portes closes devant son roi ?

Aux origines de la défaite, l’esprit de parti et la peur des vengeances

Pour l’entendre, il faut mesurer le climat de guerre civile et les particularités de la ville. La capitale était une cité de grands commerçants, d’artisans et d’ouvriers. Enracinée dans son territoire et jalouse de ses libertés, ses routes de commerce filaient vers la Normandie, anglaise, la Picardie et les Flandres, bourguignonnes. Ses intérêts la poussaient vers Philippe le Bon, duc de Bourgogne. En 1418, la ville lui avait ouvert ses portes, au terme d’une décennie de combats entre Armagnacs et Bourguignons. Cette rancune avait opposé, jadis, le frère du roi Charles VI, Louis d’Orléans, à son cousin, le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Malgré l’assassinat de l’un, puis de l’autre, la lutte s’était perpétuée. Charles d’Orléans avait épousé la fille du connétable Bernard d’Armagnac. Le duc Charles fait prisonnier à Azincourt, les Armagnac avaient pris pour héros les fils de Charles VI. C’est sur eux que Charles VII appuya d’abord son faible pouvoir.



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Paris était plusieurs fois passé de main en main. Les Armagnacs s’étaient illustrés par leur cruauté. Les Bourguignons avaient eu l’épée lourde, mais moins aveugle. La situation économique était désastreuse, mais mieux valait l’ordre relatif des Bourguignons. Dix ans plus tard, ces souvenirs sont chauds dans les têtes. Les Parisiens craignent la vengeance des Armagnacs et restent fidèles au duc de Bourgogne malgré les difficultés dues à la guerre.

La réconciliation des partis apaisa les cœurs

Il faudra attendre la réconciliation entre Philippe de Bourgogne et Charles VII pour que Paris ouvre ses portes au roi, en avril 1436. On ne parla plus des « brigands Armagnacs », mais des « gens de France », et par les rues, on cria « Vive le roi Charles » ! Celui-ci, en sage homme d’État, interdit pillage et vengeance. En homme de paix, il bâtissait la France victorieuse.Depuis cinq ans déjà, abandonnée, victime de la raison d’État, Jeanne avait été brûlée vive sur la place du marché de Rouen. Elle qui avait ouvert au roi le chemin de la victoire… Charles VII lui rendrait justice, mais tard, bien tard.

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Pour aller plus loin :

Jean Favier, La Guerre de cent ans, Fayard, 1980.
Jean Favier, Paris, deux mille ans d’histoire, Fayard, 1997.

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