L'écrivain Georges Bernanos magnifie leur sacrifice dans son œuvre Dialogues des Carmélites, précédé par Gertrud von Le Fort qui le racontait dans La dernière à l’échafaud. Nous sommes en 1792, au cœur de la Révolution française. Les ordres religieux contemplatifs sont menacés de mort. Les carmélites de Compiègne, mises en péril par les révolutionnaires, sont expulsées de leur couvent en septembre.
Jusqu'à leur mort, près de deux ans plus tard, elles réciteront quotidiennement un acte de consécration à l'intention de l'Église et de la France. Mère Thérèse de saint-Augustin, prieure de la communauté, en a en effet reçu l'inspiration "pour que cette divine Paix que son cher Fils était venu apporter au monde fût rendue à l’Église et à l’État". Bien que n'habitant plus en communauté (elles étaient hébergées dans des maisons voisines), les sœurs prient à cette intention jusqu'à leur mort.
Des pistes de danse à l'échafaud
Parmi les religieuses, bienheureuse Charlotte. Elle est entrée au carmel de Compiègne à l'âge de 21 ans après une jeunesse agitée. Orpheline de père, elle avait mal vécu le remariage de sa mère et se soustrayait à l'autorité familiale à travers les loisirs. On dit qu'elle aimait la danse de façon démesurée. Une fois entrée au carmel, elle met du temps à prononcer ses vœux définitifs, ce qui montre un cheminement spirituel compliqué qui ne l'empêche pas de s'investir dans ses différentes fonctions d'infirmière puis de peintre du couvent.
Au début de la Révolution, elle a 74 ans. Doyenne du couvent, elle doit marcher avec une béquille. Le 23 juin 1794, au moment de la Grande Terreur, elle est arrêtée avec ses sœurs. Elles sont jugées à la hâte, condamnées puis guillotinées le 17 juillet 1794 sur l'actuelle place de la Nation.