Le 9 juillet, l’Église fête 120 chrétiens martyrisés en Chine entre le XVIIe et le XXe siècle. Ces martyrs, hommes, femmes, prêtres, religieuses, laïques, adultes et enfants, Européens et Chinois, ne vécurent pas tous à la même époque mais ils furent tous canonisés le 1er octobre 2000.
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Âgés de 9 à 79 ans, les martyrs de Chine canonisés par saint Jean Paul II appartenaient à tous les états de vie : 62 laïcs, 23 prêtres, 15 religieuses, 8 séminaristes, 6 évêques, 4 catéchistes et 2 catéchumènes. Il y a parmi eux 33 missionnaires originaires d’Europe occidentale. Le protomartyr de l’Église en Chine, c’est-à-dire le plus ancien martyr connu, est le père François-Fernandès de Capillas, prêtre espagnol, qui fut décapité en 1648. 86 des 120 martyrs ont été tués lors de l’insurrection des Boxers, entre 1899 et 1901. Les deux martyrs les plus contemporains de ce groupe sont des prêtres salésiens italiens, assassinés en 1930.
Une provocation pour la Chine communiste
Ces 120 saints ont été distingués par l’Église parmi les milliers de témoins de la foi catholique qui donnèrent leur vie pour le Christ en Chine. Au moment de la canonisation, le Vatican avait pris soin de n’inclure dans ce groupe aucun martyr de la période communiste, ceci afin de ne pas compliquer davantage des relations diplomatiques déjà particulièrement tendues.
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Malgré cela, les autorités chinoises protestèrent à l’époque de façon virulente contre ces canonisations. Même le choix de la date de la canonisation fut sujet à controverse : si l’Église voyait un beau symbole en choisissant la fête de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, patronne des missions, le gouvernement chinois considéra ce choix comme une provocation. En effet, le 1er octobre est la date de la fête nationale chinoise, date anniversaire de l’avènement de la République populaire de Chine.
L’ambiguïté de l’hégémonisme occidental
La présence chrétienne en Chine remonte au Ve siècle, mais l’activité des missionnaires a toujours été interrompue soit par les persécutions, soit par les soubresauts de la politique religieuse romaine. Au XIXe siècle, les missionnaires s’installèrent en Chine de façon durable avec l’appui des puissances occidentales. L’héroïsme religieux inspire à cette époque des hommes et des femmes d’une générosité à toute épreuve, et de nombreux consacrés sont prêts à subir le martyre pour l’évangélisation et le salut de leurs frères lointains.
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Cependant, l’ingérence politique et commerciale toujours plus prégnante des puissances occidentales, qui considéraient trop souvent la Chine comme un simple marché à conquérir, nuit à l’œuvre de christianisation des missionnaires. En effet, une partie de la population locale associe les chrétiens aux mouvements hégémoniques européens. Ils subissent alors de plein fouet le mouvement xénophobe et christianophobe qui se développe à la fin du XIXe siècle avec la montée en puissance des Boxers, société secrète dont l’objectif était de détruire tout influence étrangère.
L’héroïsme des prêtres
Certains parcours de foi parmi ces martyrs sont particulièrement emblématiques, comme c’est le cas de Augustin Zhao Rong. De famille païenne, Zhao Rong s’enrôla comme soldat à l’âge de 20 ans, et en 1785 il fit partie de l’escorte qui accompagnait des prisonniers chrétiens à Pékin. Parmi ces prisonniers se trouvait le père Dufresse qui impressionna fortement notre soldat. De retour dans sa région, le jeune homme fut à nouveau témoin d’une autre persécution contre les chrétiens, et rencontra à cette occasion le père Moye, lui aussi incarcéré pendant plusieurs mois. Zhao Rong fut bouleversé par la force de la prière et la charité qui émanaient de ces prêtres opprimés, ainsi que par la patience avec laquelle ils supportaient leur captivité. À sa sortie de prison, le père Moye le baptisa et, cinq ans plus tard, à l’âge de 35 ans, Augustin Zhao Rong fut à son tour ordonné prêtre. Envoyé dans une région réputée difficile, il fut arrêté alors qu’il portait les sacrements à un malade. Il mourut en prison le 27 janvier 1815 des suites des mauvais traitements qui lui furent infligés. Augustin Zhao Rong est le premier prêtre chinois à avoir été martyrisé. Le père Dufresse, quant à lui, fut décapité en 1815 après avoir été sacré évêque.
Des religieuses et des enfants
Les sept sœurs franciscaines missionnaires de Marie canonisées par Jean Paul II avaient débarqué en Chine au mois d’avril 1899 après un voyage de cinq semaines en bateau depuis la France. Elles s’occupaient, dans la province du Shanxi, d’un dispensaire ainsi que d’un orphelinat qui accueillait 200 fillettes environ. Elles furent arrêtées le 5 juillet 1900 en même temps que les autres membres de la communauté franciscaine installés dans la région, et tous furent tués le 9 juillet en compagnie de quelques laïcs qui ne voulurent pas se séparer d’eux. Le père Mangin, jésuite, fut tué également en juillet 1900 avec environ 2.000 chinois chrétiens. Le plus jeune canonisé de ces 120 martyrs est André Wang, tué à l’âge de 9 ans.
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Ainsi, depuis l’an 2000, l’Église en Chine compte pour la première fois plusieurs saints d’origine chinoise. Toutes les précédentes canonisations n’avaient en effet concerné que des missionnaires européens. Mgr Joseph Wang Yu-jung, évêque de Taichung, déclara à l’époque : « La canonisation de ces martyrs est un signe de la maturité de l’Église en Chine. Elle nous encourage aussi à la recherche de la vertu, nous qui vivons dans un monde qui favorise la recherche de l’intérêt personnel. »
La foi catholique en constante progression
Quoi de plus édifiant que de découvrir les vies de ces catholiques qui portèrent les vertus chrétiennes au degré d’héroïcité le plus élevé. Le sang des martyrs de Chine est venu irriguer avec abondance la ferveur des catholiques chinois, et porta des fruits au centuple. Malgré les persécutions communistes, la foi catholique reste toujours vivace en Chine. Elle est même en constante progression. N’oublions jamais le message plein d’espérance d’Anna Wang, 14 ans, qui, résistant aux menaces du bourreau qui la somme d’apostasier, et se préparant à être décapitée, déclara, le visage lumineux : « La porte du Ciel est ouverte à tous. »
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