La correspondance entre Dom Guéranger, célèbre refondateur bénédictin, et Madame Swetchine, une aristocrate russe nouvellement convertie, deux figures majeures du renouveau catholique du XIXe siècle, nous plonge dans une France où les âmes aimaient leur pays et son élévation spirituelle.
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Le moine et la comtesse retrace, avec toute la rigueur bénédictine à l’œuvre, une correspondance faite d’affection, de partages intellectuels et d’amitié sincère, chacun respectant la condition de vie de l’autre et s’en nourrissant par là même. Dans une époque où la vie spirituelle et toutes les vocations qui y ont trait sont parfois malmenées et brisées en leur sein, cette correspondance nous rappelle combien l’appel à vivre en catholique dissimule parfois des trésors. Dom Hala, moine à Solesmes, nous dévoile ainsi une belle fraternité spirituelle, source d’apaisement et de soutien dans les tribulations d’une vie.
Des salons parisiens à l’abbaye de Solesmes
Dom Guéranger n’a que 28 ans quand il débute son amitié avec Sophie Swetchine, alors âgée de 61 ans, convertie en 1815. Cet écart n’entrave en rien la pertinence de l’échange entre ces deux âmes singulières, puisqu’« une foi ardente, virile et communicative » les unissait alors, explique Dom Hala.
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Pendant près de vingt ans, ils échangent sur leur vie de prière, le devenir de Solesmes, leurs épreuves, les remous, les évolutions du milieu catholique et bien sûr, les personnalités qui leur sont communément chères, défilant dans le salon littéraire de Mme Swetchine, rue Saint-Dominique. C’est bientôt l’un des plus connus et des plus fréquentés de Paris. Ainsi de Chateaubriand, Frédéric Ozanam, Bonald, Mgr de Quélen alors archevêque de Paris ou encore Sœur Rosalie Rendu. Mais encore l’élite intellectuelle du milieu catholique libéral, avec Alexis de Tocqueville, le Comte de Falloux, héraut de la liberté d’enseignement, ou encore Lacordaire.
Telle une histoire sous-jacente à la grande histoire, spirituelle et humaine, de la première moitié du XIXe siècle, cette relation épistolaire nous éclaire sur les grandes ambitions intérieures qui ont pu rejaillir sur le monde, sans orgueil ni futilité. L’abbaye de Solesmes était, et reste encore, un repère, un pilier et même un vivier où les plus grands penseurs venaient se ressourcer. La Comtesse de Swetchine et l’abbé Guéranger en ont été des passeurs invétérés, partageant leurs souffrances et leurs joies.
Le moine et la comtesse, Dom Guéranger-Madame Swetchine correspondance (1833-1854), de dom Patrick Hala, Les éditions de Solesmes, mars 2019, 313 pages, 13,90€