À seulement 22 ans, Gaëtan Bertrand Lusignan, étudiant en architecture, est un jeune homme passionné. Depuis son adolescence, il se bat avec avec l’association des Amis de Saint Alban (Ain) pour sauver la petite église médiévale en ruines. Au-delà de la passion du Patrimoine, cette restauration résonne chez lui comme un défi. Celui de fédérer un village mais aussi de rendre à l’église son âme, sa valeur spirituelle. “Lorsque l’on visite le site, on y ressent quelque chose de plus grand que nous”, confie-t-il à Aleteia. “Plus qu’un simple tas de pierres à valeur historique, le site est en quelque sorte devenu le projet commun d’un village”, confie Gaëtan Bertrand Lusignan. Ce jeune étudiant en architecture, passionné par le Patrimoine — un domaine vers lequel il souhaite se spécialiser — a toujours été attiré par le tas de ruines du village de ses grands-parents. Ce tas de ruines, c’est la “vieille église” de Saint Alban, dans l’Ain, perchée sur un joli promontoire rocheux. De la haut, on peut admirer un superbe panorama sur la vallée du Cerdon.
Il y a quelques années, cette chapelle du XIIe siècle était si méconnaissable qu’on pouvait aisément la confondre avec une ancienne bergerie. “Il ne restait que les deux murs de la nef. L’abside et le toit s’étaient écroulés au XIXe siècle”, précise le jeune homme. Sa destruction était aussi en partie liée à l’abandon du village qui la jouxtait. Depuis cette date le site a été totalement oublié. En 1980, des premières fouilles sont organisées mais très rapidement le site replonge à nouveau dans l’oubli. C’est finalement en 2009 que les villageois, conscients que leur patrimoine était en train de disparaître, se réveillent. L’association des Amis Saint Alban voit alors le jour.
Rapidement, les bénévoles — actuellement au nombre de 30 — s’attèlent au déblaiement et partent à la recherche de photographies anciennes. “Pour le gros œuvre, nous avons fait appel à un maçon local afin qu’il nous aide à remonter les murs. En 2018, nous avons eu la joie de remonter le porche gothique avec l’appui de la Fondation du Patrimoine”. Prochain objectif ? “Refaire le toit pour protéger la structure des intempéries”, précise Gaëtan. “Nous avons lancé une cagnotte sur Ulule afin de récolter les 5.000 euros nécessaires. Pour un don de 20 euros, les donateurs peuvent inscrire leur nom sur la face intérieure d’une des 3.000 tuiles nécessaires. L’occasion de laisser une trace dans l’histoire de l’édifice.”
Devenu le projet commun d’un village, Gaëtan voit dans cette formidable aventure patrimoniale l’occasion pour toute une communauté de se rassembler, quelque que soit les âges. “La restauration de la chapelle a été un beau prétexte pour l’organisation de fêtes qui, outre le fait de rapporter des fonds pour la restauration, permettent d’animer cette petite commune de 170 habitants”, confie-t-il. “En 2010, l’association avait organisé une fête, aujourd’hui nous en sommes à cinq par an”, précise-t-il avec fierté.
Croyant, Gaëtan espère aussi secrètement redonner à l’église sa dimension spirituelle. “Si l’intérêt majeur est de sauvegarder un patrimoine matériel, je ressens aussi peu à peu la nécessité de lui donner une dimension spirituelle. C’est une envie personnelle et qui, j’espère, verra le jour.” Son souhait ? “Organiser, pourquoi pas, une procession de l’église principale jusqu’à la chapelle, en utilisant une des statues, rare vestige de la “vieille église”. Ou bien même y accueillir des camps scouts”. Dans les campagnes, où la pratique religieuse a parfois disparu, par manque de prêtres ou de foi, redonner une âme à ces villages semble essentiel. Un enjeu dont Gaëtan a bien conscience : “L’art, et la beauté des paysages qui vont avec, élèvent l’âme. Tous les visiteurs qui passent devant la chapelle sont unanimes pour dire que l’on y ressent quelque chose de plus grand que nous”. Une conviction qui pousse ce futur jeune architecte à poursuivre la mission qu’il s’est donnée, en espérant que d’autres passionnés, comme lui, rejoignent cette aventure patrimoniale et spirituelle.
Des images du chantier avant/après :
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