Les jeunes chrétiens, le pape François ne veut pas les voir “lents et peureux”, pendus comme des retraités au bord de leur balcon. Il préférerait les voir “courir plus vite” et si possible entraîner l′Église dans leur élan, dans leurs intuitions et dans leur foi. Voilà pourquoi il leur a adressé une lettre quelques mois après avoir organisé à Rome un synode qui leur était dédié.
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C’est le fruit du synode consacré spécifiquement aux jeunes à l’automne dernier. Le pape François publie ce 2 avril Christus vivit, une exhortation apostolique en neuf chapitres à l’adresse des jeunes. “La réflexion sur les jeunes et pour les jeunes nous interpelle et nous stimule tous”, explique-t-il, et concerne donc tout le peuple de Dieu, pasteurs et fidèles, jeunes et anciens. Pour lui, “la jeunesse est un temps béni pour le jeune, et une bénédiction pour l’Église et pour le monde”. En quelque trois-cents paragraphes, le successeur de Pierre invite ainsi l′Église à puiser chez les jeunes la richesse dont ils sont pourvus. Une exhortation publiée le jour anniversaire de la mort de Jean Paul II, ce Pape qui a marqué tant de générations de jeunes. “Quand vous arriverez là où nous ne sommes pas encore arrivés, ayez la patience de nous attendre”, leur demande-t-il finalement. Dans ce texte important, Aleteia a identifié douze missions que le pape François assigne aux jeunes.
Donner la première place au kérygme
Le pape François révèle à tous les jeunes la clef, “le plus important, ce qui est primordial, ce qu’il ne faut jamais taire”. Il s’agit d’une grande annonce qui comprend trois vérités éternelles qu’il ne faut selon lui jamais se lasser de répéter : Dieu est amour, Il s’est livré pour sauver les hommes et Il vit. Chacun est aimé infiniment et en toutes circonstances. Cette joyeuse annonce doit être le cœur de toute pastorale des jeunes qui doit suivre la “grammaire de l’amour”.
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Se mettre à l′exemple de Jésus
Le Christ est le “jeune parmi les jeunes afin d’être un exemple pour les jeunes et les consacrer au Seigneur”, assure le Pape. Le Fils de Dieu s’est formé dès son enfance, afin de se préparer à réaliser le grand projet qui Lui était confié. Il a donc orienté son adolescence et sa jeunesse vers sa “mission suprême”. Considéré comme un jeune homme ordinaire, il entretenait autour de Lui des relations normales, note le successeur de Pierre. Mais Il a mûri dans la relation avec le Père pour pouvoir réaliser sa propre vocation. Ainsi, “Jésus ne vous éclaire pas de loin ou du dehors, mais dans votre jeunesse même.”
Trouver sa vocation
Aujourd’hui, règne une culture du provisoire et du relatif, déplore le pape argentin. Mais il s’agit d’une illusion contre laquelle il faut lutter. Il serait impossible d’aimer vraiment et pour toujours ? Certainement pas, répond le souverain pontife qui encourage les jeunes à “opter pour le mariage” et à s’y préparer sérieusement. Quant aux célibataires, ils peuvent eux aussi devenir un témoignage sur leur propre chemin de croissance spirituelle. Dans le discernement d’une vocation, explique encore l’évêque de Rome, il ne faut pas exclure la possibilité de la vie consacrée. Sans oublier, que la première vocation – et la plus importante – reste la “vocation baptismale”.
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Maintenir le lien intergénérationnel
Pour les accompagner, les jeunes doivent pouvoir compter sur leurs aînés. “La rupture entre générations n’a jamais aidé le monde et ne l’aidera jamais”, note ainsi le pontife de 82 ans. Pour cela, il donne une astuce, celle de faire en sorte que les personnes âgées n’hésitent pas à raconter leurs histoires, souvent longues et remplies “d’une riche expérience, de symboles éloquents et de messages cachés”. Car des racines seules vient la force de grandir, fleurir et porter des fruits, estime-t-il.
Imiter non pas copier
D’autres personnes sont susceptibles d’aider à parcourir le chemin de la sainteté : ce sont les saints et les bienheureux, qui précèdent les chrétiens sur cette route. Cependant, “imiter les saints ne signifie pas copier leur manière d’être et de vivre la sainteté”, pointe le successeur de Pierre. Ces témoins sont là pour encourager et pour motiver. Mais en définitive arriver à être saint, c’est arriver à être pleinement soi-même, à être ce que Dieu a voulu rêver et créer, “pas une photocopie”.
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Devenir des leaders
L’Église a également besoin de “jeunes leaders”, indique le pape François, qui soient formés et qualifiés. Mieux encore, certains estiment qu’il y faudrait davantage d’exemples de leadership féminin afin que d’autres jeunes filles puissent à leur tour participer avec leurs propres dons intellectuels et professionnels. Pour les accompagner, les jeunes peuvent compter sur leurs pairs séminaristes mais aussi sur les religieux. Ils peuvent aussi se laisser stimuler par les innombrables laïcs, prêtres et consacrés qui, confie l’évêque de Rome, chaque jour se dépensent “avec honnêteté et dévouement” à leur service.
S’engager dans une pastorale populaire
La suite logique est de s’engager dans une “pastorale populaire” auprès des autres jeunes, encourage le pape François, car l’objectif final n’est ni le pouvoir ni le succès mais celui “d’allumer des étoiles dans la nuits d’autres jeunes”. Par populaire, entendre qui ne soit pas “élitiste” ou “enfermés dans des petits groupes sélectifs”. En d’autres termes, il s’agit de devenir capables “d’intégrer tout le monde”, c’est-à-dire entraîner à leur suite les plus pauvres, les plus faibles, les plus limités. Le pontife résume cela en peu de mots : ils ne doivent avoir “ni dégoût ni peur des jeunes blessés et crucifiés”.
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Bannir le culte de la jeunesse
Cependant l’exhortation apostolique met rapidement le doigt sur un danger : il convient de ne pas tomber dans un “culte de la jeunesse”, c’est-à-dire dans une “attitude juvénile qui méprise les autres à cause de leur âge, ou parce qu’ils sont d’une autre époque”. Au contraire, la personne sage est celle qui est capable de “tirer de son trésor aussi bien du nouveau que du vieux”, rappelle le chef de l’Église catholique. Le “jeune sage” est donc celui qui sait s’ouvrir à l’avenir tout en demeurant capable de s’inspirer de l’expérience des autres.
Passer à l’âge adulte
Devenir soi-même sans renoncer au meilleur de sa jeunesse : voilà comment le Pape entend que les jeunes passent à l’âge adulte. Mais sans prendre sa retraite avant l’heure, encourage-t-il. Il ne faut donc se laisser entraîner “ni par les jeunes qui pensent que les adultes sont un passé qui ne compte plus, déjà caduque, ni par les adultes qui croient savoir toujours comment doivent se comporter les jeunes”. Et par dessus tout, personne ne doit oublier qu’avant d’être un âge, “être jeune est un état d’esprit”.
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Fuir la déesse lamentation
Une tentation rôde toutefois autour des jeunes et leur “joue d’habitude de mauvais tours”, indique le successeur de Pierre : l’angoisse. Les lamentations et les résignations sont de grandes menaces chez les jeunes. Le Pape n’hésite pas à la qualifier de “déesse lamentation”. Mais c’est une tromperie, met-il en garde, qui fait prendre la mauvaise direction. Au contraire, exhorte-t-il, les jeunes doivent “persévérer sur le chemin des rêves”. Sans se décourager, ils doivent “rêver de grandes choses, chercher de larges horizons, aspirer à plus, vouloir conquérir le monde, être capable d’accepter des propositions provocantes” et souhaiter apporter le meilleur d’eux-même.
Participer à la lutte contre les abus
En tant que membres de l’Église à part entière, les jeunes sont eux aussi appelés à participer à la lutte contre les abus commis par des membres du clergé. Ce nuage noir, explique-t-il, est un défi pour eux aussi car face à cette blessure, ils peuvent apporter “leur capacité de renouveler, de revendiquer, d’exiger cohérence et témoignage, de rêver de nouveau et de réinventer”. Grâce à Dieu, se réjouit encore le Pape, la majorité des prêtres exercent un ministère fidèle et généreux. Et si d’aventure on croise un “prêtre en danger, parce qu’il a perdu la joie de son ministère”, le Pape recommande d’avoir le courage de lui rappeler son engagement. “Annoncez-lui vous-mêmes l’Évangile, et encouragez-le à rester sur le bon chemin”. Ainsi, explique-t-il “vous offrirez une aide inestimable pour une chose qui est fondamentale : la prévention qui permet d’éviter que ces atrocités se répètent”.
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Dompter le monde numérique
Caractéristique du monde contemporain, le numérique est l’un des terrains à pacifier, note le souverain pontife. Or, il s’agit précisément d’un espace où les jeunes passent beaucoup de temps et ont la possibilité d’agir. Malgré tous ses aspects bénéfiques, cet environnement peut s’avérer dangereux pour les plus vulnérables. Solitude, manipulations, exploitations, violences même, jusqu’à sa face sombre : le dark web. D’autant, souligne le chef de l’Église catholique, que de “gigantesques intérêts économiques” opèrent dans ce monde-là. Par exemple, sur les réseaux sociaux, ne serait-il pas bon de les organiser “pour les remplir de Dieu, de fraternité et d’engagement” ?
Bonus : l’alliance de la prière et de la charité, les deux carburants de l’espérance
Dans cette mission, le Pape livre aux jeunes les deux clefs pour avancer dans la vie avec espérance. La prière, d’abord, qui est selon lui un “défi et une aventure” – “et quelle aventure !”. Elle permet à tout chrétien de grandir dans une “union plus forte” avec le Christ et permet de “rester confiant dans ses bras”. Ensuite, la charité, et notamment face au phénomène migratoire. “Je demande en particulier aux jeunes de ne pas se laisser enrôler dans les réseaux de ceux qui veulent les opposer à d’autres jeunes qui arrivent dans leurs pays”.
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