L’amitié fait partie des cadeaux les plus précieux de l’existence. Elle est un antidote à la solitude. Elle est l’espace bienveillant pour la parole échangée. Et si l’amitié était le testament spirituel du Christ ?
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Que serait une vie sans la joie de pouvoir la partager avec un ami ? Son regard est bien souvent plus bienveillant, plus admiratif que celui que nous posons sur nous-mêmes. L’ami est celui qui nous accueille et nous accepte tels que nous sommes. En ce sens, on peut dire qu’auprès d’un ami, on trouve le repos. Non pas un repos facile qui permet de nous endormir sur nos acquis. Mais un repos au sens où l’on peut se ressourcer dans une relation où la crainte d’être jugé est absente. Pour Mgr Jean-Paul Vesco, dominicain et évêque d’Oran (Algérie), auteur d’une magnifique méditation sur l’amitié, c’est en cela que « l’amitié procure le repos comme… l’eucharistie est un moment de repos. » Pour lui, l’amitié est un véritable testament spirituel du Christ. “Se pourrait-il que (le Christ) exulte de joie et de gratitude à la naissance de cette relation d’amitié dont il se sentirait presque un peu indigne ?”, se questionne dans son livre Mgr Vesco.
Pourquoi Jésus nous propose son amitié ?
“Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.” (Jn 15,15)
Alors que Jésus partage son dernier repas avec ses apôtres, il leur livre son testament spirituel. Les apôtres l’écoutent comme on écoute un maître aimé pour la dernière fois. C’est au milieu de ce dernier enseignement qu’il tient cette parole. Mgr Vesco souligne dans son essai qu’« on attendrait de Jésus qu’il dise : « Je ne vous appelle plus serviteurs mais frères », puisque nous sommes enfants d’un même Père.
C’est le mot « ami » que Jésus emploie pour dire une dernière fois à ses apôtres combien Il les aime. Et c’est tout simplement fou d’imaginer un instant ce que cela veut dire lorsque c’est Jésus, Dieu lui-même, qui entre avec chacun de nous dans cette relation d’amitié.
Mais c’est le mot « ami » qu’il emploie pour dire une dernière fois à ses apôtres combien Il les aime. L’auteur poursuit sa réflexion sur cette parole que le Christ adresse à chacun de nous. Pour lui, quand Jésus parle à ses apôtres au soir de la dernière cène, « nous croyons, et même nous sentons, que c’est à chacun de nous qu’il s’adresse, que c’est à chacun de nous qu’il propose son amitié ! Et c’est tout simplement fou d’imaginer un instant ce que cela veut dire lorsque c’est Jésus, Dieu lui-même, qui entre avec chacun de nous dans cette relation d’amitié. »
Un Ami qui reconnaît quelque chose d’unique en nous
Le Christ, Dieu lui-même, reconnaît ce quelque chose d’unique en chacun de nous. Il n’est jamais aussi proche de nous que lorsqu’il entre dans une relation d’intimité avec chacun de nous. L’amitié se créé entre deux amis lorsqu’ils reconnaissent qu’ils partagent quelque chose en commun. Ce quelque chose peut être évident : une culture, un caractère, une passion, une épreuve, un combat. Mais ce quelque chose peut aussi être beaucoup plus mystérieux, beaucoup plus fin, au point d’échapper à la compréhension des amis eux-mêmes. Comme le regard du Christ posé sur nous.
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Un Ami qui exulte de joie à la naissance de l’amitié
Dans cette amitié qu’Il créé avec nous, Jésus exulte de joie et de gratitude. Comme l’esquisse l’auteur de l’essai, Il « s’engage alors dans cette relation d’amitié au point de découvrir dans notre regard quelque chose de plus beau, d’inédit, sur lui-même ! Jésus, Dieu lui-même, a pris ce risque fou de se rendre aussi vulnérable qu’un ami livré aux mains d’une infinité d’amis, engagé avec chacun dans une relation particulière. » On ne se sent jamais digne de l’amitié d’un ami. On ne mérite jamais une amitié, peut-être tout simplement parce que l’amitié ne peut être que donnée. Comme le plus beau des cadeaux de l’existence.
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Un Ami qui pose un regard dans lequel on se reconnaît
Le regard d’un ami est le miroir où nous pouvons nous reconnaître tel que nous sommes. Avec nos manques, nos fragilités, nos petites et nos grandes lâchetés. Parce que ce regard de l’ami nous emmène plus haut et plus loin que notre propre misère, il nous élève vers ce qui, aux yeux de notre ami, nous rend unique et infiniment aimable. C’est ce qui se produit dans la rencontre avec la Samaritaine. Les mots, l’attitude, le regard de Jésus lui permettent de se regarder elle-même en vérité, ce qu’elle reconnaît en avouant sa souffrance : « Je n’ai pas de mari ! ». Nous sommes alors au cœur de l’amitié. Celle que l’on raillait pour être une femme libérée, devient alors une femme libre. Elle court à la ville dire à ceux-là même qui l’avaient définitivement jugée : « Venez donc voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ! Ne serait-il pas le Messie ? » Il fallait cette qualité de présence si singulière, celle de l’Ami, pour que la Samaritaine rencontre sa vérité et sa liberté. Avec le Christ, l’amitié est au cœur de notre relation à Dieu. Nous pourrions nous sentir écrasés par le poids de notre culpabilité : la disproportion est telle… Mais elle disparaît en raison même de la nature de l’amitié.
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Un Ami le plus proche et le plus fidèle
Que devient alors le péché ? Pour l’auteur, pécher c’est « trahir cette amitié, par exemple en blessant nos frères et sœurs en humanité. » Le nouvel ordre du monde repose entièrement sur l’amour. Celui que nous portons à nos semblables, grâce à celui que Dieu nous donne. Ce n’est plus la honte et le poids de notre indignité qui nous rapprochent d’un Dieu trop distant et trop parfait. C’est l’amitié la plus profonde et la plus forte qui nous relie directement à Lui, grâce à la présence de l’Ami le plus proche et le plus fidèle, celui que l’Amour éternel de Dieu nous a envoyé au milieu de nous.