Les actes de profanation dans les églises sont un symbole de ce que le monde vit de son rapport à Dieu : un refus du dialogue dans la vérité. La meilleure réponse que les chrétiens peuvent opposer à cette violence est d’habiter davantage la Maison du Seigneur, où le Dieu de la rencontre parle à ce monde désespéré.
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Ces derniers jours, l’actualité a été régulièrement marquée par les navrantes dégradations dont de nombreuses églises sont victimes. Au-delà de l’indignation, chacun est appelé à agir, car, comme pour le Christ, l’amour de la Maison de Dieu fait notre tourment (Jn 2,17, Ps 68,10).
Qu’est-ce que « profaner » ?
Les actes dont il est question, quelle que soit leur matérialité (dégradations, messages injurieux écrits, immondices étalées, etc.), sont des actes qu’on appelle « profanations ». Profaner vient du latin profanus (profane) et veut dire « devant le Temple », au sens de ce qui est devant, c’est-à-dire hors du Temple, du lieu sacré. Profaner un lieu, c’est l’acte très violent de lui refuser son caractère sacré, le désacraliser, ou plus littéralement l’exécrer (même logique étymologique que « profaner »).
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Ceux qui accomplissent de tels actes, depuis toujours, appartiennent à trois catégories : des garnements, des déséquilibrés, ou des militants de l’athéisme. Tous, dans l’accomplissement de ces actes, répondent à ce que la Bible appelle des fous : « Dans son cœur le fou déclare : “Pas de Dieu !” » (Ps 13,1). Il y a là une perte de la connexion avec Dieu et avec ce qui le représente. Dieu est essentiellement une Personne, qui invite au dialogue, fût-ce un dialogue de rejet comme il est possible de la part de l’athée. Ici, il y a un refus radical du dialogue. Que ce soit par dérision ou par acte de revendication, il y a un empêchement de la rencontre.
Une époque profanatrice
C’est hélas le symbole de ce que notre monde vit de son rapport à Dieu aujourd’hui. Prendre l’exemple de ces quelques actes immondes pour décrire notre temps peut sembler réducteur ou donner l’impression d’une violence répondant à une autre. C’est pourtant bien la logique de notre époque qui se montre dans cette volonté de transgresser sans cesse, par jeu, par bravade, pour « voir ce que ça fait ».
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Le manque cruel de connaissance approfondie de Dieu conduit à la violence, quoi qu’il arrive. Manque de connaissance de sa propre foi comme de celle des autres. Les jeunes que nous croisons au quotidien de notre pastorale, qu’ils se disent dans ou hors de l’Église, sont de plus en plus loin d’une pensée construite sur Dieu. Ils se satisfont pour beaucoup d’une compréhension historique ou sociologique de la religion, sans avoir un tant soit peu de notion du Mystère vivant et vibrant qu’est Dieu. Du coup, Dieu est compris comme l’idole, au sens de l’image ou du symbole, d’un groupe, et seulement cela. Dieu n’est plus la Personne Sacrée et donc respectable, que certains aiment, mais seulement un personnage parmi d’autres qui signifie un groupe auquel on choisit d’appartenir ou qu’on regarde du dehors avec étonnement, mépris, ou ricanement.
Des œuvres de lâches
Et puisqu’on ne peut s’attaquer aux personnes, non par respect mais par lâcheté, on attaque ce qu’on considère comme le symbole englobant des personnes. Ici, c’est bien de cela qu’il s’agit. C’est l’Église qui est attaquée quand l’église est profanée, ce sont les chrétiens qui sont méprisés quand le Christ est bafoué en ses représentations, ou évidemment bien pire dans sa Présence réelle qui n’est comprise que comme symbole dérisoire.
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L’anonymat, désormais norme absolue des rapports sociaux, favorisé par les réseaux omniprésents, tend à supprimer la volonté de confrontation vraie. Où sont-ils les athées convaincus et documentés qui sont capables d’entrer en débat et en dialogue ? Où sont-ils ceux qui refusent le christianisme en sachant ce qu’il propose ?
Ces églises profanées sont les œuvres de lâches, qui n’ont rien compris et ne veulent rien comprendre d’autre que la griserie de leur transgression bravache. Pour beaucoup, c’est le fruit d’un défi entre copains, l’épreuve initiatique pour être reconnu dans le groupe comme un courageux. Quelle tristesse… Si on mesure la qualité d’une idée à la valeur de ses ennemis, l’Église est déshonorée par ces actes car elles sont le fait de médiocres. Et c’est peut-être là le plus amère constat qu’on puisse tirer de ces événements.
Visitation
L’urgent, dans ce monde de l’apparence, est de faire comprendre que ce qui nous anime ne concerne pas ce monde-ci seulement mais bien le Royaume. Le Christ s’insurge contre tous ceux qui gardent leur rapport à Dieu désespérément fixé au sol de leurs médiocres arguties. Il ne fait qu’annoncer le Père, tellement plus loin que les horizons humains. L’appétit pour le Mystère gît au cœur de tout homme, et c’est sur cela que se base notre conviction que le respect peut naître pour chacun. Il y a pour cela plus que jamais urgence à vivre la rencontre, réelle, personnelle, qui est au cœur de notre foi.
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Cela passe par la Visitation. D’abord notre visitation du monde. Nous, chrétiens, devons avoir au cœur le désir de rencontrer le monde face à face, cœur à cœur, sans nous limiter aux communications par slogans sur nos réseaux virtuels. Nous devons sans cesse nous risquer à la rencontre gratuite et joyeuse de ceux que le Seigneur veut toucher.
Habitons la demeure du Seigneur
Et pour que cette visitation ait du sens, elle doit être nourrie de notre propre contact avec Dieu. Si certains viennent en nos églises pour y commettre le mal, tant d’autres, et tellement plus, viennent y puiser la Paix que Dieu procure ! Nos églises sont massivement ouvertes, au risque des lâches et des fous, et tant mieux ! Mais si nous n’y sommes pas plus, nous qui connaissons Celui qui les habite, elles deviennent Temples vides, déserts où les oiseaux de mauvais augure ont leurs aises…
Visitons nous-mêmes Dieu en ses églises pour qu’en visitant le monde Dieu y vienne avec nous ! Passons chaque jour dans les églises que nous croisons. Ces actes de vandalisme n’auraient pas eu lieu si nous avions été présents, abîmés en prière ou simplement passants d’occasion, à l’aise là comme chez soi. Habitons la Demeure du Seigneur pour ne la laisser à personne d’autre qu’à Lui !
Qu’ainsi, ces incidents déplorables soient l’invitation paradoxale à faire de nous de véritables piliers d’églises, pour devenir pierres vivantes et vigilantes de l’Église !