À Laval (Mayenne), l’espace Saint-Julien, installé dans un ancien hôpital, a pour vocation d’unir les générations dans un seul et même lieu. Retour sur un projet ambitieux avec Gilles Mézière et Claudine Dugué, deux bénévoles particulièrement engagés.
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Au cœur de Laval (Mayenne), l’ancien hôpital du XIXe était abandonné depuis 10 ans. La mairie a donc décidé de le vendre en 2017. Mais pour les Lavallois, cette grande bâtisse majestueuse représente plus que de simples murs assemblés. Elle a une âme. Et pour redonner chair à sa vocation initiale, l’accueil de l’homme, elle avait besoin d’un projet ambitieux. Des “gens fous” — selon l’expression de Gilles Mézière, DG Europe d’un groupe alimentaire — ont donc décidé de monter un projet et de racheter cet hôpital en décembre 2017. Objectif ? Réaliser, à l’horizon 2021, un espace composé de cinq pôles dans 6.000 m2 de bâtiment entourés de 16.000 m2 de verdure comportant une résidence sénior avec 60 logements, une maison de santé, un accueil périscolaire, un internat avec 90 internes et un café solidaire. Plus qu’un bâtiment, c’est l’espoir d’unir les générations.
Les valeurs du projet : accueil inconditionnel de l’autre
Une charte, fondée sur cinq points, vient concrétiser ce projet : le service de l’autre, la responsabilité, la bienveillance, le respect de la personne, la foi et la paix. “Cette charte est missionnaire : tournée vers l’intérieur comme vers l’extérieur”, explique Gilles Mézière. En effet, l’espace est accessible à tous. Assuré et rassurant, ce dernier insiste : “Si le projet devient un projet d’’entre soi, je sors de celui-ci”. Il ajoute “nous voulons faire passer un message qui aille au-delà des murs !”.
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Et ce message répond aux besoins d’une société “déchirée et fracturée” souligne Gilles Mézière. “La société cherche à normaliser un maximum de choses. Nous souhaitons montrer que mettre ensemble ces personnes en situation de fragilité, est une force”. Cet espace intergénérationnel sera un moyen de souder et d’unir. La finalité est clairement affichée : “Construire des ponts entre jeunes et anciens”, énonce simplement Claudine Dugué, bénévole en charge de la mise en place du pôle senior. Chaque personne sera accueillie dans toute sa dimension humaine : “Avec ce qu’elle est, ce qu’elle a fait dans sa vie, ce qu’elle attend. Le but est de rendre la vie facile aux gens !”.
Concrètement, les activités proposées par l’Espace Saint-Julien seront multiples et orientées vers l’intergénérationnel et l’ouverture sur la ville. Par exemple, les personnes âgées de la résidence sénior pourront aider les enfants à réviser leurs leçons tandis que les internes pourront faire des courses pour les séniors. “Si les personnes du pôle senior restent enfermées dans leur appartement, on n’aura rien réussi ! L’objectif est de rompre la solitude”, explique Claudine Dugué. Dans le café solidaire, des heures d’aide à la réalisation d’un CV ou un atelier spécifique pour remplir des papiers administratifs pourront être proposés à des personnes extérieures dans le besoin.
Un projet fou et professionnel
Mais pour que le projet avance, il faut un mélange de folie, d’humilité, de professionnalisme et d’espérance. “Il y a des bâtiments à acheter, à aménager, tout ceci représente beaucoup de travail !”. Gilles Mézière, est déterminé : “les premiers travaux vont débuter avec la chapelle en janvier 2019”. Si le projet paraît considérable, heureusement les bénévoles ne sont pas seuls. L’entreprise de construction Lelièvre, touchée par le projet, les aide énormément. Le coût est évidemment conséquent. Sur 11 millions d’euros de budget, l’équipe doit trouver environ 2 millions d’euros de dons ! Un appel a donc été lancé sur la plateforme credofunding.
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Malgré la grandeur du projet, les bénévoles semblent confiants et savent qu’ils sont soutenus. Dans son dernier livre Qu’est-ce qu’un chef, le général Pierre de Villiers évoque d’ailleurs l’Espace Saint-Julien et insiste sur l’urgence du lien entre les générations : “Nous devons être soucieux d’unir les générations par le fil de l’histoire et le creuset national […]. Le projet Saint-Julien, que j’ai visité à Laval, me semble emblématique de cet esprit dont notre pays a besoin pour permettre à toutes ses générations de s’y retrouver”.
Ambitieuse, cette belle entreprise a déjà réuni en deux ans et demi une trentaine de bénévoles. Les pieds sur terre, Gilles Mézière souligne que “ce n’est pas changer l’histoire qui importe mais essayer de faire le bien de la meilleure façon possible là où on vit, à l’endroit où l’on vit. Ce projet n’est pas fait pour nous, mais pour les autres, il nous dépasse”.