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La liturgie nous présente toujours ce texte au début d'une nouvelle année : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi » (Nbr 6, 24-25). Bénir signifie vouloir du bien, souhaiter ce qu’il y a de meilleur, transmettre la lumière, faire grandir. La prière de bénédiction est au cœur de la tradition juive. Rien de magique là-dedans. La bénédiction est une parole qui a du poids, parce qu’elle rend léger ; parole qui engage et qui nous rapproche des autres.
Prenons l’exemple de la bénédiction du Jour de l’an qui était très populaire au Québec. Cette tradition se perd de plus en plus dans nos sociétés sécularisées. Dommage, car nous avons besoin de rites qui expriment le sacré. La bénédiction du Premier de l’an est une liturgie familiale célébrée dans cette petite église domestique qu’est la maison. Plusieurs d’entre vous se souviennent de ce moment sacré, chargé d’émotion, où le temps semblait s’arrêter.
Le 1er janvier, l’aîné demandait la bénédiction à son père au nom de tous. Les enfants et l’épouse s’agenouillaient devant lui. Il disait un petit mot, faisait le signe de la croix en disant :
Et tous de répondre : « Amen ». On se relevait et on se souhaitait gaiement une bonne année et le Paradis à la fin de nos jours.
Mon père nous a toujours donné sa bénédiction. Il faisait ce geste avec noblesse, une larme au coin de l’œil. Il terminait péniblement la bénédiction, tant l’émotion était grande. Cette vulnérabilité offerte avec pudeur nous le rendait tellement humain, proche, vrai. C’était un moment de grande fierté pour lui, un signe de reconnaissance de sa valeur, un témoignage de sa foi. Ce moment sacré soudait la famille encore plus. Mon père aurait été très déçu qu’on laisse de côté ce rite qui lui tenait à cœur. À l’aube de ses 90 ans, il donnait encore aux cinq enfants sa bénédiction paternelle, plus souvent par téléphone. Il est décédé le 2 juin 2018, emporté par une pneumonie fulgurante, à l'âge de 94 ans.
J’ai repris moi aussi ce joyau de la tradition avec mes enfants, d’autant plus que la foi chrétienne est au cœur de ma vie. Le rituel se perpétue avec respect et recueillement. L’aînée me demande la bénédiction, je refais le même geste, avec la différence que ma prière est plus spontanée. Mon épouse se joint aussi à moi pour bénir nos enfants. C’est une façon de dire que nous les aimons. La prière peut ressembler à celle-ci, mais c’est à chacun de trouver les mots qui disent du bien et qui viennent du cœur :
Article publié sur le blog de Jacques Gauthier le 31/12/2013