Une série documentaire a été diffusée sur Arte la semaine dernière, maintenant disponible en replay pendant un mois, sur les monastères qui ont traversé les âges.“La profondeur doit se cacher. Où cela ? À la surface”, écrivait le poète autrichien Hugo von Hofmannsthal. Toujours visible, toujours vivante, la prière des moines, du mont Athos au Mont-Saint-Michel, se dresse à la surface du monde, dans les abris des monastères. Marie Arnaud et Jacques Debs ont réalisé une série de documentaires en cinq épisodes sur les plus anciens monastères d’Europe, catholiques ou orthodoxes, ainsi qu’un ouvrage à la fois esthétique, spirituel et historique. En tout, vingt-deux monastères se sont dévoilés à leur regard, témoins du monachisme qui a fait une partie de l’Europe, mais aussi d’un héritage préservé et maintenu grâce à la ferveur de religieux et religieuses qui continuent de les faire vivre.
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De la Géorgie à l’Irlande, des monastères historiques, modernes et insolites
Aux confins de l’Europe, moines et moniales ont su s’adapter à la modernité, créant parfois des lieux insolites, mais surtout des témoins de l’histoire. À ce titre, l’un des plus vieux du continent a été fondé par la petite-fille de Charlemagne, en Bavière, où les bénédictine sont toujours au bord du lac de Chiemsee. En Pologne, le monastère franciscain de Niepokalanow est célèbre pour sa radio et sa brigade de sapeurs-pompiers, en Haute-Bavière, les bénédictins de l’abbaye d’Ettal participent pleinement de la vie de la région grâce à leur distillerie, un pensionnat et une brasserie. Quant aux cisterciennes de St Mary’s, en Irlande, elles font montre d’adaptation en associant leurs règles strictes à la modernité. L’un des monastères les plus singuliers se trouve en Géorgie, sur le site troglodyte de Vardzia, qui lui vaut chaque année des visiteurs du monde entier.
Les deux poumons spirituels du christianisme
Les catholiques et orthodoxes sont les deux poumons de la religion chrétienne, et en ce sens les poumons spirituels du Christianisme en Europe, grâce aux âmes toujours en prière qui habitent leurs monastères. Certains sont toujours isolés du reste du monde, selon la tradition érémitique, comme ce monastère arménien de Tatev tenu par un seul moine, mathématicien de formation. Sur une des îles du Lac Valdaï, à l’image du monastère du film L’Île de Pavel Lounguine, subsiste le monastère Iverski campé en pleine nature. L’Autriche s’illustre ici par deux monastères gardiens d’un trésor intellectuel, artistique et spirituel. Il s’agit de l’abbaye bénédictine de Göttweig, riche de gravures de Dürer, de Michel-Ange, de nombreuses statues de la Vierge-Marie et d’une immense bibliothèque, comme l’abbaye d’Altenburg, connue pour sa “crypte de la mort”.
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Dans la même veine, le couvent du Mont Sainte-Odile en Alsace est un joyau d’esthétisme, comme avec ses mosaïques d’artistes qui décorent ses chapelles. Les réalisateurs ont aussi eu à cœur de rendre compte de la vivacité spirituelle de certains monastères à travers leurs pèlerinages célèbres. Ils sont donc allés sur les traces de Saint-Jacques de Compostelle, au mont Athos, où 500.000 pèlerins affluent chaque année vers les quelques vingt monastères, ou encore à Czestochowa en Pologne, où se trouvent le sanctuaire de Jasna Gora et une communauté de moines paulins.
La série de documentaires s’articule ainsi autour de cinq thématiques : “Au bord de l’eau”, “Du bout du monde”, “Insolites”, “Pèlerinages” et “Souvenirs”, à travers lesquels découvrir ces témoins de l’invisible, berceau du christianisme. À revoir en replay jusqu’à début janvier sur Arte.
Plongez-vous dans nos extraits de l’ouvrage en cliquant sur le diaporama :