À l’issue du synode sur “les jeunes, la foi et le discernement vocationnel”, les pères synodaux ont lancé un appel aux jeunes à prendre véritablement toute leur place au sein de l’Église et du monde, pour eux aussi être missionnaires.Après 25 jours de travaux, des heures et des heures d’échanges et une préparation longue de plusieurs mois, le synode sur les jeunes a abouti à un document final de 167 paragraphes, répartis sur pas moins de 55 pages. Un texte long, ardu, parfois aride. Celui-ci peut décevoir : du fait de sa complexité, très peu de jeunes le liront, et aucune « annonce » majeure ne s’y trouve.
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Comme l’a lui-même expliqué le pape François, les « premiers destinataires » de ce document ne sont pas les jeunes ou les croyants en général : ce sont les pères synodaux. L’Église, a reconnu le pontife, publie beaucoup de documents. C’est donc à ceux qui ont écrit ce document final de s’en imprégner véritablement, pour en communiquer la saveur au monde, et en particulier aux jeunes.
Au fil des pages, c’est en effet tout à la fois une longue demande d’excuse, une reconnaissance des réalités des jeunes, une déclaration d’amour pour eux et un fort appel à leur laisser la place qui leur revient au sein de l’Église et de la société. C’est-à-dire à trouver leur vocation, et l’Église s’engage à les accompagner sur ce chemin. C’est d’ailleurs ce que les pères synodaux ont voulu dire aux jeunes, dans une lettre qui leur est directement adressée.
“Vous êtes le présent, illuminez maintenant notre avenir”
Très courte pour sa part, cette missive n’en est pas moins profonde. « Nous voulons contribuer au développement de votre joie, pour que vos attentes se transforment en idéaux », écrivent-ils ainsi. Et pour cela, malgré le péché des hommes qui la composent, « l’Église est votre mère, elle ne vous abandonne pas, elle est prête à vous accompagner ».
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Cette proposition n’est absolument pas un paternalisme déguisé, puisque, comme l’admettent les pères synodaux, « l’Église et le monde ont un besoin urgent de votre enthousiasme ». Les jeunes se voient donc confier une mission : lorsque le monde « est replié sur les biens matériels, sur le succès immédiat, sur le plaisir, lorsqu’il broie les plus faibles, aidez-le à se réveiller et à tourner son regard vers l’amour, la beauté, la vérité, la justice”. “Vous êtes le présent, illuminez maintenant notre avenir”, concluent les pères synodaux.
Mais concrètement que cela signifie-t-il pour l’Église ? Par ce synode, la communauté catholique s’engage à écouter les jeunes pour les accompagner sur le chemin de la foi. Cela signifie donc de former des accompagnateurs, mais aussi de dégager du temps libre aux prêtres pour leur permettre d’être auprès des jeunes, plutôt qu’en réunion. Cela veut aussi dire que l’Église est prête à s’engager auprès des jeunes, y compris de façon très concrète. Par exemple, en soutenant leurs projets entrepreneuriaux dans des pays touchés par une forte émigration ou par « l’humiliant » manque de travail. Ou encore en marchant aux côtés de ceux qui s’engagent en politique.
Avancer ensemble sur le chemin de la sainteté
C’est aussi — et peut-être surtout — une Église qui reconnaît que les jeunes ont un rôle spécifique à jouer en son sein. Il ne s’agit pas de faire « pour » les jeunes, mais « de vivre en communion avec eux », explique ainsi le document final. Reconnaître la valeur des jeunes, c’est donc aussi leur confier des responsabilités. Par exemple, sur l’évangélisation du monde numérique, dans lequel les jeunes sont souvent bien plus à l’aise que leurs aînés. Ou encore — et c’est peut-être moins évident — dans l’œcuménisme. Les jeunes « stimulent l’entière communauté chrétienne à vivre l’œcuménisme et le dialogue interreligieux », remercient les pères synodaux. Ainsi, le synode reconnaît que les jeunes peuvent être en avance, et qu’il faut donc se mettre à leur écoute.
Cette reconnaissance de l’apport spécifique des jeunes est aussi l’occasion de reconnaître celui des femmes. Celles-ci méritent une « plus grande reconnaissance et valorisation ». Ainsi, elles doivent être présentes à « tous les niveaux » de l’Église, y compris aux « fonctions de responsabilité ». Cela nécessite une « courageuse conversion culturelle et un changement dans la pratique pastorale quotidienne », reconnaît le document final.
En somme, en ne touchant pas à des questions doctrinales, le synode des jeunes n’apporte pas véritablement de « nouveautés » mais est un appel à un style nouveau. C’est un appel à une transformation, une conversion totale de l’Église, pour ouvrir grand ses bras de mère et impliquer véritablement en son sein chacun de ses enfants. Ainsi, jeunes et moins jeunes pourront avancer ensemble sur le chemin de la sainteté, s’accompagnant et s’écoutant, et en se laissant guider les uns par les autres.
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