C’est un pari fou qui a porté ses fruits. En 2015, Agnès et François Chombart de Lauwe, propriétaires du prieuré fontevriste de Longefont (Indre), se lancent un défi de taille. Restaurer l’église du prieuré alors en ruines. Un projet titanesque qui aura duré huit ans. Ils partagent avec Aleteia l’incroyable aventure de cette renaissance.
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Dans son écrin de verdure, la belle église romane du prieuré de Longefont, propriété d’Agnès et François Chombart de Lauw, paraît n’avoir jamais bougé. Ses délicats chapiteaux, ses grandes colonnes élancées, ses lignes pures… le temps semble n’avoir eu aucune emprise sur elle. Et pourtant il y a quelques années encore, cette chapelle n’était qu’un champ de ruines.
L’histoire d’une renaissance
Le prieuré féminin de Longefont ou “de la Grande Fontaine” a été fondé dans les années 1110 par le seigneur de Cors, qui le donnera par la suite au fondateur du célèbre ordre de Fontevraud, Robert d’Arbrissel. Pendant la Révolution française, les religieuses sont expulsées et les portes du prieuré définitivement fermées. L’église, qui servira pendant quelques années d’église paroissiale, finira par être abandonnée. En 1830, l’église commence à tomber en ruines et la voûte s’effondre. C’est le début d’une longue agonie.
En 1850, un des aïeuls de la famille Chombart de Lauwe achète le prieuré. Si les parties habitables sont restaurées, l’église est, quant à elle, laissée à l’abandon. Au fil du temps, les pierres s’écroulent et la végétation s’accumule. Malgré tout, de générations en générations, la famille reste attachée à ces vestiges qu’elle porte toujours dans son cœur mais qu’elle n’a pas les moyens de restaurer. Un amour qui servira d’électrochoc. Un jour, Mathilde, une des filles d’Agnès et François Chombart de Lauwe, s’exclame : “Papa il faut la restaurer car un jour je me marierai dans cette église”. Un rêve malheureusement jamais réalisée. Mathilde décède brutalement en 1998 à l’âge de 17 ans des suites d’une malformation cardiaque. Mais le pari fou est lancé. “En 2007, après avoir bien réfléchi, nous avons décidé de nous lancer dans la restauration car nous savions que si on ne faisait rien, cela serait fini”, confie Agnès Chombart de Lauwe. C’est alors le début d’une grande aventure, aussi bien patrimoniale que familiale.
Des découvertes exceptionnelles
Aidés par leur famille, Agnès et François Chombart de Lauwe, commencent à déblayer l’église. En quinze jours c’est la stupéfaction. Ils retrouvent 19 chapiteaux sculptés dans un excellent état de conservation. Mais le chantier est trop important pour continuer seuls “Nous en aurions eu pour 20 ans sinon !”, confie avec humour Agnès Chombart de Lauwe. Le couple décide alors de faire appel à un architecte et une entreprise pour déblayer les 600m3 de terre. Au fil des semaines, les découvertes s’accélèrent : chapiteaux, colonnes, autel… le champ d’à côté est transformé en “lapidaire” et les chapiteaux sont mis à l’abri. Convaincus qu’ils possèdent là un vrai trésor, les époux décident de faire appel à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC). “Le responsable de la Drac a tout de suite été impressionné par la beauté des chapiteaux et les 36 colonnes intérieures encore sur pied. Pour lui, c’était sûr, il fallait rebâtir”, se souvient avec émotion Agnès Chombart de Lauwe. Huit ans après, le rêve est devenu réalité. L’église romane a retrouvé sa splendeur d’antan et fête son inauguration dans la joie et l’émotion en 2015. Une renaissance à peine croyable.
Un hommage à leur fille Mathilde
Si le couple a respecté l’architecture originelle de la bâtisse, ils ont cependant apporté une touche plus personnelle à la réalisation des vitraux. Que choisir ? Des vitraux neutres ou colorés ? “L’église n’était pas cistercienne, elle était fontevriste. Les vitraux étaient donc colorés”. Partant de là, ils ont imaginé une iconographie biblique variée avec, comme toile de fond, un bleu omniprésent rappelant la fontaine qui jaillit en contrebas du prieuré. L’un des vitraux attire davantage l’attention. Il représente la Vierge Marie assise, tenant dans ses genoux la tête d’une jeune fille. Un hommage direct à leur fille Mathilde. “Notre fille est tombée dans le coma le 26 décembre 1997. La nuit précédente, mon gendre s’est réveillé le matin en racontant avoir rêvé de Mathilde. Elle avait la tête dans les genoux de la Sainte Vierge. Quatre heures après, ma fille tombait dans le coma pour ne plus se réveiller”. Plus qu’un rêve, la famille l’interprète alors comme un songe. Si Mathilde n’a pu réaliser son souhait de s’y marier, un de ses frères l’aura fait pour elle, l’année dernière en 2017, en y célébrant son union. Nul doute que, de là où elle est, elle a assisté avec émotion à ce rêve devenu réalité.
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