Comment aider un enfant qui se fait insulter à l’école à se protéger ? En adoptant la technique du « parapluie-bouclier », mise au point par Véronique Lemoine Cordier, psychologue et psychothérapeute.
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L’heure de la rentrée est désormais bien sonnée, et les enfants ont retrouvé, plus ou moins gaiement, le chemin de l’école. Rentrée scolaire rime avec nouvelle classe, nouveaux enseignants, nouveaux élèves, nouvelles amitiés, et parfois, nouvelles hostilités. Des hostilités qui prennent la forme de moqueries, d’insultes, de menaces, ou encore de coups physiques à l’égard d’un enfant. Ce dernier se plaint, ou pas, mais dans les deux cas, il est blessé au fond de lui, et sa confiance en soi est fortement ébranlée.
Lorsque l’on parle d’une situation qui dure dans le temps, on ne peut se contenter de réagir mollement avec un laconique « Ce n’est pas grave, ne les écoute pas, fais comme si de rien n’était. » Certains diront que c’est la vie, qu’il faut s’armer, que l’enfant est suffisamment grand pour se défendre tout seul… Jusqu’à ce qu’il ne trouve plus en lui-même les ressources nécessaires pour faire face à tant de haine et d’humiliation. Et quand bien même, à l’extérieur, il afficherait une résistance ou une indifférence aux attaques, il peut être démoli à l’intérieur. D’où la nécessité d’agir, en tant que parents, lorsqu’une situation de harcèlement est connue.
Prévenir l’enseignant
Une fois que vous avez la « chance » d’être au courant d’une telle situation, la première chose à faire est de prévenir l’enseignant. Pourquoi « la chance » ? Parce que « très rares sont les enfants qui se plaignent d’eux-mêmes de ce qu’ils subissent », constatent Bernadette Lemoine et Inès Pélissié du Rausas dans leur livre Personnalités toxiques (EdB). « Parfois, ce sont les parents des petits camarades qui préviennent les parents de l’enfant souffre-douleur », préviennent-elles. Or, il est heureusement possible de remédier à un harcèlement d’enfant, mais « à condition que cela soit récent, que l’enfant ait parlé ou que les signes de son mal-être parlent pour lui ». L’enfant ne parle pas parce qu’il a honte, parce qu’il veut gérer seul, parce qu’il est sous la menace, ou parce qu’il ne veut pas passer pour celui qui « rapporte ». Résultat, la situation ne fait que s’envenimer. Alors qu’en informant l’école, vous permettez à l’enseignant de prendre en charge, en partie, le problème : mise en garde de l’enfant qui insulte, surveillance accrue, recadrage si besoin…
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Armer intérieurement l’enfant avec un bon « parapluie-bouclier »
Outre une démarche auprès de l’école, il existe un moyen tout simple pour armer un enfant afin qu’il ne soit ni touché ni miné par des paroles toxiques. C’est la technique du « parapluie-bouclier » proposée par Véronique Lemoine Cordier dans son livre Guide de survie à l’usage des parents (Quasar). Sous un parapluie, on entend le bruit de la pluie tomber sur le parapluie, mais on n’est pas mouillé. De même, si on met un parapluie invisible au-dessus de sa tête, on entend les mots méchants, mais on n’est pas touché, les mots tombent par terre. Et si on met devant soi un bouclier magique, il nous protège des flèches et des piques. La psychologue engage les parents à inciter l’enfant à emporter avec lui chaque matin cette arme efficace pour ne pas être touché par des paroles blessantes : « Tu dois imaginer que tu possèdes dans ta tête un parapluie-bouclier. Dès que tu entends les autres te dire quelque chose de désagréable, ouvre-le en te redisant que tu es une merveille. Ainsi, tu seras totalement à l’abri. Tu pourras alors t’exclamer intérieurement : “même pas mal !” et ce sera vrai ».
Véronique Lemoine Cordier insiste sur la nécessité, pour la victime, de changer d’état d’esprit, de justement ne plus se positionner en victime, pour que le harcèlement cesse : « Si tu te sers à chaque fois de ton parapluie-bouclier inusable et incassable, et que tu ne réagis pas aux remarques des autres, ils vont s’arrêter. »