C’est la prière que Jésus-Christ nous a transmise, mais nous la disons parfois si distraitement, si mécaniquement… Demandons au Seigneur de nous réapprendre à faire monter vers Lui cette prière, pour en redécouvrir le sens.Aide-moi, Seigneur, à réciter la prière que Tu m’as enseignée avec le cœur, et non « par cœur », lorsque je lève les mains à la messe, ou lorsque j’égrène mon chapelet.
Aide-moi à peser chaque mot de cette prière, chaque pause, chaque inflexion ; à bien saisir chacune de ses sept demandes, à mériter celles qui sont de mon « droit » de fils envers Toi, mon Père, et à appliquer celles qui sont de mon devoir de croyant.
Lorsque je dis, à la troisième demande, « que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », fais que je me rappelle Ta volonté et que j’observe Tes commandements, et surtout « les deux plus grands » : T’aimer de tout mon cœur, de toute mon âme et de toute ma pensée, et aimer mon prochain comme moi-même (Mt 22, 37-40).
Lorsque je Te demande de nous « pardonner nos offenses », à la cinquième demande, que je m’arrête sur la condition ou l’engagement d’avoir « pardonné à ceux qui nous ont offensés », sinon ce serait Te mentir, manquer à mon engagement, et ne pas mériter Ta grâce. Que cette demande me renvoie à Ta Parole dans l’Évangile qui nous enjoint de « laisser là [notre] offrande, devant l’autel, d’aller [nous] réconcilier avec [notre] frère qui a quelque chose contre [nous], puis de venir présenter [notre] offrande » (Mt 5, 23-24).
C’est en faisant ce qui m’est demandé, dans cette prière, que je peux me permettre de Te demander et d’espérer obtenir la satisfaction de mes demandes, bien que Tu n’attendes pas l’acquittement de toutes mes dettes, ni l’exécution de tous mes devoirs pour m’exaucer, compte tenu de Ta miséricorde et de Ta compréhension de mes limites et de mes faiblesses.
Cependant, plus je ferai Ta volonté, plus je pardonnerai les offenses d’autrui à mon égard, plus je serai pardonné, et mieux mes demandes seront entendues.
Rends-moi plus exigeant, Seigneur, avec moi-même, plus conséquent avec ma foi, plus sincère dans mes invocations et mes intentions, plus aimant, plus clément, moins « dur » de la dureté du monde et plus «doux » de la douceur de l’Agneau ; moins « fort » de la force du monde et plus « faible » par Ton « faible » pour moi, pour ma liberté, pour mes besoins, mes désirs, mes aspirations… Car « lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Cor 12, 10) ; rends-moi moins « sage » de la sagesse du monde, qui est folie, et plus « fou » par Ta sagesse ! (1 Cor 3, 18).
Que je devienne « fou » — de Toi — pour devenir sage !
Amen.