Tout au long de la semaine Aleteia vous invite à découvrir des Français qui ont été marqués par leur passage à Rome. Aujourd’hui, Jean XXII.
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Il y a 60 ans, le jour de l′élection du cardinal italien Angelo Giuseppe Roncalli, le nouveau pape créait la surprise en reprenant un nom qui n’avait plus été porté depuis le XIVe siècle : Jean. Qui est ce Jean XXII ? Si la grande majorité des papes ont été italiens, il n’en reste pas moins que, parmi les successeurs de Pierre, dix-sept ont été français, et sept d′entre eux n’ont pas hésité à transférer Rome depuis la Botte jusqu’à l’Hexagone.
Au XIIIe siècle, la Ville éternelle subit des guerres de familles romaines qui se disputent le pouvoir. Ces rivalités héréditaires entraînent une véritable instabilité politique. Pour se mettre en sécurité, ainsi que la Curie, les papes de ce siècle deviennent itinérants et cherchent à se rendre sur des terres plus hospitalières. Pire, certains pontifes ne poseront jamais leurs mules à Rome durant leur pontificat. Ainsi, l’adage selon lequel “où est le pape, là est Rome” a entraîné l’installation de la papauté en Avignon.
Sept papes se succèdent de 1309 à 1378 dans cette région. Sans compter deux autres “antipapes”, Clément VII et Benoît XIII, qui ont tenté de régner en concurrence avec le chef de l′Église catholique entre 1378 et 1417, au cours du Grand schisme d’Occident. Si le premier souverain pontife à s’établir dans les parages est Clément V (1305-1314), ou Bertrand de Got, le pape qui rejoint Avignon est Jean XXII (1316-1334), ou Jacques Duèze, ancien archevêque de cette ville que l′on surnommera par la suite la cité des papes.
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Le pontificat le plus long en Avignon
Jean XXII doit sans doute son élection à la lassitude des hauts prélat à ne pas trouver de successeur à Clément V, mort en 1314. Il faut, en effet, attendre deux ans pour voir l′élection d′un nouveau pontife. Après ce conclave compliqué, on se résigne en 1316 à asseoir sur la chaire de saint Pierre un vieux cardinal de 72 ans, Jean Duèze, en espérant de lui un règne court et un pape de transition. Jean XXII a pourtant le pontificat le plus long des papes d′Avignon : 18 ans !
À peine élu, l′ancien archevêque d′Avignon décide de rejoindre son ancien palais épiscopal et d′y installer la cour pontificale. L′année suivante, il décide la restauration d′un ancien château à des fins défensives : il s′agit du très fameux Châteauneuf-du-Pape autour duquel des vignes produisent le nectar que l′on connaît.
Ce pontife français a aussi laissé de nombreux bienfaits dans l′histoire de l′Église. On lui doit notamment d′avoir participé à centraliser l′administration de la barque de Pierre ou encore d′avoir encouragé l’activité missionnaire en Asie.
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Semi-brèves, triples, minimes et motets vulgaires
C′est également à lui que l′on doit Docta sanctorum patrum — la docte autorité des Saints Pères, en latin. Une lettre qu′il publie en 1325 pour prévenir les dérives causées par un nouveau courant musical — l′Ars nova — et protéger le chant liturgique.
Si l′Église a autorisé que l′on psalmodie, écrit le natif de Cahors dans cette lettre, c’est dans le but de “stimuler la dévotion des fidèles”. Voilà pourquoi, explique-t-il, le clergé et le peuple chantent une mélodie “distincte et pure” et se réjouissent de cette perfection. Or, “certains disciples d’une nouvelle école, dénonce ce pape d′Avignon, inventent des notes nouvelles, les préférant aux anciennes”. Semi-brèves, triples, motets vulgaires ou encore minimes “brisent ces mélodies à coup de notes courtes” et “souillent de leur déchant”, selon ses propres mots.
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La conséquence de ces innovations, explique l′ancien archevêque d′Avignon, est qu′ils “enivrent les oreilles au lieu de les apaiser” et ridiculisent la dévotion qui doit au contraire être recherchée. C′est pourquoi, les règles à cet égard faisant défaut, Jean XXII décide d′interdire ces nouveautés “d’en purger efficacement l’Église de Dieu”. Et ce, sous peine de la suspension de sa charge pendant huit jours, précise la lettre du Pape.
Le ton pourtant s′adoucit en fin de lettre : les jours de fêtes, on peut se permettre “l’octave, la quinte, la quarte et les consonances du même ordre”. Mais toujours, souligne Jacques Duèze, “de telle sorte que l’intégrité du chant lui-même demeure inviolée, que rien ne soit changé de ce chef au rythme correct de la musique”.
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