Lieu de détente, de loisirs, de légendes ou de mémoire, la forêt tient une place importante dans le cœur des Français. Alors qu’elle recouvre 31% du territoire métropolitain, Aleteia en a sélectionné quelques-unes pour vous évader le temps d’un été. Découvrez aujourd’hui la Grande Chartreuse, en Isère.
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Si vous venez vous y promenez un après-midi, peut-être croiserez-vous deux hommes tout de blanc vêtu. Nulle inquiétude à avoir cependant, aucun fantôme ou esprit maléfique ne hante la forêt domaniale de la Grande Chartreuse. Il s’agira très certainement de frères chartreux, déambulant deux par deux lors de leur spaciement (promenade hebdomadaire hors de la clôture monastique). S’étendant sur 8 500 hectares, la forêt de la Grande Chartreuse, qui va de 300 à 2 080 mètres d’altitude, tient son nom du monastère qu’elle accueille en son sein.
Véritable havre de paix et de silence, le monastère de la Grande Chartreuse est situé sur la commune de Saint-Pierre-de-Chartreuse, au pied du Grand Som. S’il est le point de départ de nombreuses et magnifiques randonnées, le monastère, conformément à la règle cartusienne qui veille à protéger la solitude des moines, ne se visite pas. Les plus curieux pourront néanmoins se rendre à la Correrie, située à 2 kilomètres environ, ou un musée raconte la vie des chartreux et ou des reconstitutions de cellules monastiques permettent de comprendre leur quotidien. Il est demandé aux promeneurs et autres randonneurs de faire silence aux abords du bâtiment. Outre un panneau précisant qu’il s’agit d’une « zone de silence » un autre rappelle que « Les moines qui ont consacré leur vie à Dieu vous remercient de respecter leur solitude dans laquelle ils prient et s’offrent en silence pour vous ».
Fondé en 1084 par saint Bruno, l’Ordre des Chartreux est l’un des plus anciens ordres monastiques de la chrétienté. Professeur très estimé puis recteur de l’école-cathédrale de Reims, à laquelle il donna une renommée européenne, Bruno est au sommet de sa célébrité quand il ressent « le désir d’une vie plus totalement donnée à Dieu seul ». Il décide alors de suivre ce qu’il considère comme sa véritable vocation : quitter le monde et les honneurs afin de vivre pour Dieu seul et « embrasser la vie monastique ». Il rejoint Grenoble avec six amis, attiré par la réputation du jeune évêque Hugues. Ils s’établissent alors au cœur de la vallée sauvage de Chartreuse, un massif si peu habité qu’il est surnommé « le désert »… et qui donnera à l’Ordre son nom.
La voie cartusienne a pour but exclusif la contemplation. « Par la puissance de l’Esprit, vivre aussi continuellement que possible dans la lumière de l’amour de Dieu pour nous, manifesté dans le Christ », détaille le site de l’Ordre. Toute leur vie monastique consiste donc dans cette marche vers le lieu du cœur et toutes les valeurs de leur vie sont orientées vers ce but. « Elles aident le moine à unifier sa vie dans la charité et l’introduisent dans les profondeurs de son cœur. » Mais ce n’est pas ce but qui distingue les Chartreux des autres moines contemplatifs (Cisterciens, Bénédictins…), c’est le chemin emprunté, dont les caractéristiques essentielles sont : la solitude, un certain dosage de vie solitaire et de vie communautaire et la liturgie cartusienne (de nombreux temps de silence, l’interdiction de tout instrument de musique et le chant grégorien, « porteur d’intériorité »). Enfin, cette voie cartusienne se donne aussi tout simplement à comprendre dans leur devise, Stat crux dum volvitur orbis. Le monde passe, la Croix demeure.
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