Simple jeu d’imitation ? Signe d’une vocation ? Ou au contraire d’une provocation ? Il s’agit pour les parents de discerner dans quel état d’esprit l’enfant imite le prêtre. Pourquoi ne pas profiter de cette occasion pour (ré) expliquer à l’enfant le mystère de l’Eucharistie, le déroulement de la messe, et son caractère sacré ? Délicat sujet qui engendre de multiples réactions : certains s’en offusquent, arguant que la messe n’est pas un jeu, quand d’autres laissent faire, voire encouragent, en offrant des « kits de messe », valisettes contenant les objets liturgiques destinés aux enfants pour « célébrer » l’Eucharistie. Jouer à la messe était fréquent en France aux XIXe et début du XXe. De cette époque datent des mini sacristies portatives, qui étaient offertes aux enfants. Des objets et ornements liturgiques miniatures figurent dans les catalogues de jouets jusque dans les années 1940.
Un jeu d’imitation
Imiter est le grand jeu des petits enfants, et en même temps un moyen d’apprentissage. Il arrive donc tout naturellement qu’ils jouent à la messe, comme ils joueraient à la dînette ou au papa et à la maman. Lorsqu’il est dénué de moquerie, le jeu n’est pas mauvais en soi. Il s’agit simplement, pour les parents, de recadrer si nécessaire afin que le sens du sacré soit expliqué et respecté. Le jeu peut d’ailleurs être l’occasion d’apprendre le déroulement de la messe, les prières, comme le Credo ou le Notre-Père, le sens des lectures de la Bible, etc.
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Pour le père Emeric Dupont, curé dans le Val d’Oise, tout dépend dans quel esprit le « jeu » est mené. S’agit-il de moquerie, de raillerie, ou d’une imitation enfantine sans arrière-pensée ? En outre, le prêtre confie que pour former ses enfants de chœur, il a recourt au jeu baptisé « la messe dans tous ses états » qui invite les jeunes apprentis à replacer dans le bon ordre les différents moments de la célébration. Le jeu revêt ainsi des vertus catéchétiques !
Une attirance pour Dieu ?
Chez certains enfants, jouer à la messe peut être le signe d’une attirance pour le Seigneur, qui se réalise ensuite par de vraies vocations. De nombreux prêtres et religieux témoignent qu’ils ont joué à la messe étant enfant, les plus connus étant saint Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars, saint Pie X, et Benoît XVI. Le passe-temps favori des petits Joseph et Georg Ratzinger était effectivement d’imiter le prêtre. Le futur Pape prononce des homélies dès son plus jeune âge ! « Pris au jeu », les deux frères deviennent finalement tous deux prêtres le même jour, le 29 juin 1951.
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« Il ne faut pas chercher à faire naître des vocations de prêtres mais des vocations de saints »
Montaigne écrivait, dans L’institution des enfants qu’« il faut noter que les jeux des enfants ne sont pas jeux, et il les faut juger comme leurs plus sérieuses actions » (I, 23, 110 C). Jouer à la messe peut dévoiler, dans certains cas, les prémisses d’une vocation sacerdotale. Une religieuse confie que lorsqu’elle était petite, elle jouait à la religieuse. Mais elle ne cherchait pas à construire une parodie de la vie religieuse, au contraire, par l’imitation, elle essayait de s’en rapprocher le plus possible. En grandissant, elle a pu dissocier ce qui était vrai de ce qui ne l’était pas.