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L’Église et sa vision “positive” du sport (même le dimanche)

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Paul De Maeyer - publié le 18/06/18
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Quelques jours avant le coup d’envoi de la Coupe du monde de football, le Vatican a publié un document – “Donner le meilleur de soi” – dans lequel il loue les vertus du sport.

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L’Église ne pouvait pas trouver meilleur moment pour louer les vertus du sport. Moins de deux semaines avant le coup d’envoi de la Coupe du monde de football en Russie, le Saint-Siège a diffusé un document sur la perspective chrétienne du sport, intitulé Donner le meilleur de soi. Ce document publié par le dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, est le fruit d’une étroite collaboration entre la section Église et Sport du dicastère et un groupe d’experts internationaux formés de théologiens et de représentants d’organisations sportives catholiques. Fait tout à fait inédit au Vatican, où jamais aucun document n’a été consacré au sport.

Bien que Jorge Bergoglio ne soit pas aussi sportif que Pie XI, le “pape alpiniste” [1], ou Jean Paul II “le skieur”, on ne saurait s’étonner qu’un tel document soit rédigé sous son pontificat. En effet, le pape François n’a jamais caché sa passion pour le ballon. On le sait grand supporter de l’équipe de football de San Lorenzo de Almagro — 3e du championnat argentin cette saison  2017-2018 —, comme le rappelle Nicolas Senèze dans La Croix. Et c’est toujours très volontiers qu’il évoque ses souvenirs quand il allait assister aux matchs de foot. “Enfant, j’allais souvent au stade et j’en ai gardé de bons souvenirs. J’y allais seul et avec ma famille”, confiait-il en 2014 dans un discours aux équipes de football de Florence et de Naples dans la Salle du consistoire au Vatican, en présence également d’une délégation de la della Federcalcio et de la Ligue Séries A.

L’activité sportive le dimanche

La presse anglo-saxonne, en présentant le document — un texte d’une cinquantaine de pages — s’attarde sur un point particulier : l’activité sportive le dimanche. Si le Pape accueille positivement ce loisir, y voyant un moyen pour réunir les familles et les communautés dans la joie, il pose toutefois une condition, souligne le Catholic News Service. Ces activités ne sauraient servir d’excuse pour manquer la messe. En effet, est-il expliqué dans le document, “si le sport peut risquer, d’un côté, de diviser une famille ou de diminuer la sainteté du dimanche comme Jour du Seigneur, il peut aussi aider une famille à vivre avec d’autres familles la célébration dominicale, non seulement dans la liturgie mais aussi dans la vie communautaire”. Et d’ajouter : “Cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas tenir de rencontres sportives le dimanche, mais que ces événements ne doivent pas empêcher la participation des familles à la Messe, mais être plutôt un encouragement à une vie familiale dans sa dimension communautaire” (chap. 5.3).

Le Daily Mail rappelle, à ce propos, l’histoire de l’athlète et missionnaire presbytérien écossais Eric Liddell qui a refusé de participer aux courses des 100 mètres — sa longueur préférée — aux Jeux olympiques de 1924 à Paris, parce que la finale devait se jouer le dimanche [2]. Le journal londonien rapporte d’autres cas similaires, beaucoup plus récents, comme celui du triple sauteur britannique Jonathan Edwards (médaille d’or aux Jeux de Sydney en 2000), qui n’a pas participé aux championnats du monde d’athlétisme en 1991 pour la même raison, ou celui des joueurs de Rugby Michael Jones (Nouvelle-Zélande) et Euan Murray (Écosse).


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Le sport, patrimoine culturel et théologique de l’Église

Parmi les différents articles consacrés au nouveau document citons le commentaire du jésuite Patrick Kelly, sur le site web du magazine America. Professeur associé de théologie à l’université de Seattle, il a participé à la rédaction du texte. Il commence son article en rappelant les paroles du Pape, alors archevêque de Buenos Aires, aux cardinaux, à la veille du conclave 2013. Jorge Maria Bergoglio, partant des paroles de Jésus dans le livre de l’Apocalypse : “Voici que je me tiens à la porte, et je frappe” (Ap, 3-20), dit s’imaginer en Jésus entrain de frapper aux portes de l’Église de l’intérieur pour qu’on le fasse sortir. Eh bien, L’Église, écrit Patrick Kelly, “fait un pas important dans cette direction”. À ceux qui pourraient s’étonner, en lisant ce document, de voir le jeu et le sport décrits comme “une dimension de l’héritage culturel et théologique de l’Église”, il rappelle que les chrétiens ont toujours souligné “la bonté du monde matériel” et cette “union entre le corps, l’âme et l’esprit” chez l’homme.

Le problème c’est quand le jeu lui-même n’est pas pris au sérieux. Les activités récréatives, comme le sport, risquent de devenir alors un moyen pour atteindre d’autres objectifs, souligne le père Kelly. Et de citer les propos du Pape aux footballeurs italiens, ce fameux 2 mai 2014 : “Je voudrais que le football et tous les autres sports très populaires retrouvent leur dimension de fête. Aujourd’hui, le football aussi est devenue une grande affaire de business, pour la publicité, la télévision, etc. Non, le facteur économique ne doit pas l’emporter sur le facteur sportif, cela risque de tout polluer, au niveau international, comme au niveau national et local”.


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Une ode au sport

Le Vatican, dans son premier document consacré au sport, met bien entendu en garde contre les aspects négatifs de cet univers ou plutôt ses “dérives” : place de l’argent et corruption, violences des supporters, commerce des athlètes. Mais il tient surtout à mettre en avant les valeurs éducatives, formatrices et sociales du sport, dans une vision positive qui, comme souligne La Croix, fait de ce texte inédit “une ode au sport comme lieu de dépassement de soi et de rencontre des autres”.

Le quotidien cite aussi la lettre que le Pape a envoyée au préfet du dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, le cardinal Kevin Farrell, à l’occasion de la publication du nouveau document. “Quand un père joue avec son fils, quand des enfants jouent ensemble au parc ou à l’école, quand le sportif fête la victoire avec ses supporteurs, partout on peut voir la valeur du sport comme lieu d’union et de rencontre entre les personnes”. Dans cette lettre, François invite d’ailleurs tout un chacun à “approfondir ce profond rapport entre le sport et la vie” lesquels, dit-il, “peuvent s’éclairer mutuellement” et “servir de stimulant dans tous les domaines de la vie pour s’améliorer toujours au plan humain”. Oui, le sport, insiste le Pape, est “une source riche de valeurs et de vertus qui nous aident à devenir meilleurs”.


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À toutes les personnes de bonne volonté

L’Église adresse donc son nouveau document “à toutes les personnes de bonne volonté” (chap. 1.1). Un point que le responsable de la section Église et Sport du dicastère, Santiago Pérez de Camino, tient à souligner. “Ce document s’adresse à tout le monde, pas seulement aux conférences épiscopales et aux diocèses ou aux catholiques, mais à tous ceux qui s’intéressent à la pratique du sport d’un point de vue humain”, explique-t-il dans un entretien à Vatican News. On ne parle pas de “sport chrétien” mais de “vision chrétienne du sport”, c’est-à-dire “le sport en tant que réalité dans laquelle l’Église veut être présente, et apporter sa contribution en portant le message de Jésus-Christ dans le monde entier”.


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Il ne reste qu’à espérer que les organisateurs, les footballeurs, et les dirigeants des équipes qui se sont qualifiées pour la coupe du Monde 2018 ont lu le nouveau document, ou qu’ils ont au moins cet esprit positif et cet élan que préconise l’Église, abondamment décrit par le Vatican. Quelques heures avant l’ouverture de la coupe du monde 2018 — qui dure jusqu’au 15 juillet — le pape François a d’ailleurs posté un tweet dans lequel il salue chaleureusement les joueurs et “toux ceux qui suivront le championnat du monde de football”. Il souhaite que “cet évènement sportif soit une valide opportunité de rencontre et de fraternité”.

Paul De Maeyer


1] Pour plus de détails sur Pie XI le « Pape alpiniste » : http://www.caidesio.net/joomla254/la-sezione/storia/pio-xi-il-papa-alpinista

2] La finale a ensuite été remportée par l’Anglais Harold Abrahams, tandis que Liddell a gagné une médaille d’or aux 400 mètres et une médaille de bronze aux 200 mètres. L’histoire des deux athlètes britanniques est racontée dans le film Les Chariots de feu (1981), célèbre aussi pour la bande sonore, du compositeur grec Vangelis, qui a reçu l’oscar de la meilleure musique.


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