Découvrez ces expressions que nous utilisons depuis notre plus jeune âge. Certaines ont tellement imprégné notre culture qu’on ne soupçonne pas qu’elles puissent avoir une origine biblique.
Une de perdue, dix de retrouvées
On emploie souvent cette expression, au masculin comme au féminin, comme formule de consolation lors d’une rupture amoureuse. Le chanteur Renaud l’a d’ailleurs quelque peu détournée dans son titre Manu : « une gonzesse de perdue, c’est dix copains qui r’viennent » !
Elle peut aussi s’appliquer aux choses qui nous paraissent importantes et que l’on perd pour montrer qu’en fait, ces choses peuvent être vite remplacées. Le sens qu’on lui donne aujourd’hui est bien éloigné de son origine, que l’on retrouve dans l’Évangile de saint Luc :
“Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !”
Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit.” (Luc 15, 8-10)
Joie et miséricorde
L’Évangile de saint Luc est riche en paraboles que Jésus employait fréquemment pour mieux faire comprendre Sa parole. Celle-ci, couramment appelée “parabole de la pièce perdue” ou “de la drachme perdue” — la drachme était une monnaie grecque équivalente à un denier romain soit une journée de travail (Mt 20, 9) — selon les traductions, fait partie d’un ensemble de trois paraboles dites paraboles de la miséricorde (les deux autres étant la parabole de la brebis égarée et celle du fils prodigue).
Jésus les raconte après avoir été accusé par les pharisiens et leurs chefs d’être invité chez les pécheurs et de partager leurs repas. Toutes trois construisent leur récit sur l’opposition perdu(e)/retrouvé(e) pour souligner que Jésus est venu pour les pécheurs car ce sont eux qui ont besoin de salut, de pardon, de joie.
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La parabole de la pièce perdue est la plus courte d’entre elles. Trois versets seulement et pourtant, quelle richesse !
Pour la femme qui n’a que dix pièces, en perdre une représente beaucoup. Voilà pourquoi elle consacre tant d’énergie à essayer de la retrouver, sans elle, son trésor n’est pas complet.
Ainsi, la première chose qu’elle fait est d’allumer une lampe, un acte qui semble anodin, mais comme le dit le psaume 118, “Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route” (Ps 118, 105). À l’image de la lueur de la lampe qui permet de voir ce qui est caché dans la pénombre, la parole de Dieu, source de lumière, permet aussi de retrouver ce qui est perdu en nous.
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Elle balaie ensuite la maison, à l’image d’un processus de purification : Dieu est en train de débarrasser notre cœur de la poussière et de la saleté qui nous cachent de la lumière, il nous invite à remettre de l’ordre dans notre vie.
Elle cherche sans se lasser jusqu’à ce qu’elle trouve, comme Dieu n’abandonne pas et garde toujours l’espoir de retrouver ceux qui se sont éloignés de Lui, tout prêt à leur accorder Sa miséricorde.
Enfin, heureuse d’avoir retrouvé sa pièce, elle se réjouit, non pas toute seule dans sa maison, mais avec ses amies et ses voisines. Cette joie profonde et qui se partage est essentielle et très présente dans l’évangile de saint Luc, parfois surnommé l’évangéliste de la joie.
Le dernier verset de la parabole nous permet de comprendre que ce trésor, ces pièces d’argent, nous représente et qu’à l’image de cette femme qui se réjouit de retrouver sa pièce, Dieu, pour qui tout homme est précieux, ne peut consentir à perdre ne serait-ce qu’une seule âme et se réjouit lorsqu’un pécheur rejoint la grande famille des chrétiens.