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Pour remplacer Judas, les onze apôtres hésitent entre Matthias et Joseph Barsabbas, dit le Juste, deux des 72 disciples de Jésus. Avant de se décider, ils prient pour que le choix des hommes corresponde à la volonté de Dieu et tire au sort entre deux disciples. Voici ce qu’il est dit dans les Actes des apôtres. C'est saint Pierre qui parle :
"Il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean, jusqu’au jour où il fut enlevé d’auprès de nous. Il faut donc que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de sa résurrection."
On en présenta deux : Joseph appelé Barsabbas, puis surnommé Justus, et Matthias. Ensuite, on fit cette prière : "Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel des deux tu as choisi pour qu’il prenne, dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée en allant à la place qui est désormais la sienne" On tira au sort entre eux, et le sort tomba sur Matthias, qui fut donc associé par suffrage aux onze Apôtres. (Ac 1, 20-26).
Entre l’Ascension et la Pentecôte
Après la Pentecôte, où Matthias reçut le Saint-Esprit avec les autres, la Bible ne fait plus référence à ce procédé. Les apôtres se fient désormais au Saint-Esprit pour les guider directement. Rien de douteux dans le procédé utilisé. C’est tout simplement la fin d’une pratique – le tirage au sort – que l’on trouve beaucoup dans l’Ancien Testament.
Nous sommes entre l’Ascension et la Pentecôte. Les apôtres se veulent fidèles à une tradition héritée des anciens d’Israël, pour dénouer des situations incertaines : "Vous vous partagerez le pays par tirage au sort selon vos clans…" (Nb 33,54) ; "Saül dit : "Jetez les sorts entre moi et mon fils Jonathan". Et Jonathan fut désigné" (1S 14, 42) ; "Les uns comme les autres, on les répartit en tirant au sort…" (1Ch 24, 5), et tant d’autres encore. Jeter le sort était un appel solennel à Dieu afin de s’assurer que sa volonté serait accomplie.
Dans le Nouveau Testament, l’Esprit saint répandu, on ne parle plus de tirage au sort mais "d’imposition des mains" des apôtres sur les personnes choisies par les hommes à soumettre au choix de Dieu : "On les présenta aux Apôtres, et après avoir prié, ils leur imposèrent les mains" (Ac 6, 6) ; "Un jour qu’ils célébraient le culte du Seigneur et qu’ils jeûnaient, l’Esprit saint leur dit : "Mettez à part pour moi Barnabé et Saul en vue de l’œuvre à laquelle je les ai appelés." Alors, après avoir jeûné et prié, et leur avoir imposé les mains, ils les laissèrent partir" (Ac 13, 2-3). Avec la naissance de l’Église, le tirage au sort disparait mais pas la vérité selon laquelle ses décisions sont le fruit d’une étroite collaboration entre les hommes et Dieu, fondée sur la confiance réciproque.
Vie et œuvre
Quant à la vie de Matthias, élu donc pour reconstituer le collège des Douze, selon la symbolique des douze tribus d’Israël (Mt 19, 28), rien n’est dit dans les Actes si ce n’est qu’il a été témoin de la Nativité, de la Crucifixion et de la Résurrection, de l'Ascension, et qu’il devra prêcher la bonne parole dans le monde comme les autres. Pas grand chose non plus sur son activité apostolique, contrairement à Pierre, Jacques et Jean considérés des apôtres de premier plan depuis le début des Évangiles. Mais Matthias n’est pas le seul.
On n’entend pas plus parler de Barthélémy ou de Simon le Zélote. Ainsi, comme pour eux, ce que l’on sait sur ce douzième apôtre, est puisé dans les textes transmis par l’historiographie chrétienne antique et médiévale. Origène, au IIe siècle, lui attribue un évangile aujourd'hui perdu, mais qu'évoquent saint Ambroise, saint Jérôme et Bède le Vénérable.
D’après la Légende dorée du chroniqueur italien Jacques de Voragine, dominicain, Matthias est né à Bethléem d’une famille illustre. Il était un homme vertueux et doté d’une bonne connaissance de "la science de la Loi et des prophètes". En Judée, où il prêchait, il aurait converti beaucoup de personnes et fait de nombreux miracles, rendant notamment la vue aux aveugles, chassant des démons et ressuscitant les morts. Il est mort lapidé puis décapité à Jérusalem en l’an 63 ou 64.
L’apôtre Matthias est souvent représenté avec une hache ou un glaive, objet de son martyre. Il est assez rarement représenté dans l'art chrétien, les artistes lui préférant d'autres apôtres. Aleteia vous propose une sélection :