En Normandie, la maison de parfum Berry s’est lancée un pari fou. Emprisonner dans un flacon les odeurs d’un lieu saint pour en créer un parfum. Et pas n’importe quel lieu ! La cathédrale de Rouen, un des plus célèbres monuments gothiques de France.
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Capter l’odeur d’un lieu puis l’enfermer dans un flacon, mission impossible ? Pas pour Cécile Vialla, co-dirigeante de la parfumerie Maison Berry à Rouen, et créatrice d’un parfum unique baptisé “Cathédrale”. Installée à Rouen depuis 2010, la parfumerie commercialise une trentaine de marques de parfumeurs indépendants. Mais pas question de se cantonner à ça. Cécile Vallia et Charles Berry, les deux fondateurs, ont naturellement eu envie de raconter leurs propres histoires olfactives avec des collections personnelles.
Inspirés tous deux par leur Normandie, ils décident de créer un parfum à partir des odeurs d’un des monuments phares de la région : la cathédrale de Rouen. L’idée a germé suite à la grande exposition consacrée aux cathédrales, présentée à Rouen en 2014. “À chaque fois que je rentre dans une cathédrale ou dans un lieu saint, il y a cette odeur qui me saisit”, confie Cécile Vialla à Aleteia.
Extraire les odeurs de la pierre
Mais comment extraire les odeurs d’un monument ? Pour mener à bien son projet, Cécile Vialla rencontre des étudiants en chimie de l’université de Rouen. Elle y découvre alors les moyens technologiques permettant de capter les molécules olfactives volatiles contenues dans n’importe quel objet. “J’ai demandé aux étudiants si grâce à des échantillons de la cathédrale je pouvais trouver les odeurs qu’il y avait dedans. Ils m’ont répondu que c’était possible”.
Sans attendre, Cécile Vialla demande toutes les autorisations nécessaires au prélèvement d’échantillons, auprès du diocèse et des Monuments de France. L’accord obtenu, elle prélève, en présence de l’architecte des Monuments historiques, plusieurs échantillons en grattant tout doucement les murs de la cathédrale. Douze échantillons au total sont prélevés. En laboratoire, les outils technologiques détectent les odeurs emprisonnées au fil des siècles par la pierre. Grosse surprise parmi les échantillons : un prélèvement effectué dans la crypte révèle la présence de limonène, une molécule à l’odeur exquise de citron et d’orange.
Sublimer et non copier
Il a fallu ensuite un an à Anatole Lebreton, le “nez” du projet, pour créer le parfum définitif : “Cette fois-ci je n’avais pas seulement mon imagination mais aussi des données scientifiques et c’était passionnant de devoir, à partir de toutes ces données, sublimer ou faire exister la recréation de la cathédrale en 3D olfactif.” Mais attention, il ne s’agit pas d’une pâle copie d’odeur. “Ce n’est pas une copie mais de la sublimation d’odeur, car nous sommes là avant tout pour créer un parfum”, souligne Cécile Vialla. Mêlant des notes de bergamote, cèdre de l’Atlas, lavande de Séville Oliban, pierre froide, mousse, murs et benjoin, la fragrance se veut un subtile hommage à la cathédrale. Odeur mixte destinée à une utilisation corporelle, la senteur sera peut-être déclinée sur d’autres supports, comme des bougies.
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Ce projet qui a reçu un accueil favorable, encourage la Maison Berry a continué dans cette voie. À partir de la rentrée prochaine, la Maison va travailler en collaboration avec un doctorant pour élaborer des parfums d’autres lieux saints : Notre-Dame de Paris, le Mont Saint-Michel, la cathédrale de Chartres… Cécile Vialla fourmille d’idées. La Normandie, qui reste une source inépuisable pour ces deux parfumeurs, ne se résume pas à ses monuments. Le duo a également crée une collection inspirée des héroïnes normandes. La collection Jehanne, déclinée en cinq parfums, fait ainsi référence à Jeanne d’Arc sous tous les aspects de sa vie : Enfance, Pureté, Conquérante, Libératrice, Mystique.