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Le jour de l’an a beaucoup changé au fil des siècles et a drainé de nombreuses traditions sacrées qui, selon les pays, perdurent ou régressent jusqu’à se perdre dans les méandres de nos sociétés de plus en plus sécularisées. En Occident, il est coutume de fêter le Nouvel An la veille, le soir du 31 décembre parfois sous le gui, en se souhaitant les meilleurs vœux possibles et en s’engageant dans d'éventuelles bonnes intentions. Mais chaque région ou pays apporte aussi son lot de rites très anciens chargés d’émotion, accomplis dans la foi et l’amour familial que beaucoup aimeraient retrouver.
La bénédiction des clés en Avignon
Les bénédictions du jour de l’an sont une belle tradition. Un moment solennel, hérité du passé, auquel le chanoine de la métropole Notre-Dame-des-Doms, en Avignon, le père Daniel Bréhier, a décidé il y a quelques années, de redonner du lustre en réinstaurant la bénédiction des clés des maisons, pendant la messe du 1er janvier, en hommage à Marie mère de Dieu, en lui demandant protection pour la nouvelle année.
D’autant qu’aux yeux des croyants, la Vierge est souvent décrite et vénérée comme "la porte du salut, explique le père Bréhier, dans le sens où elle a mis au monde le Christ, le sauveur du monde". Depuis l’an dernier, les fidèles sont donc de plus en plus nombreux à apporter la clé de leur foyer pour la faire bénir. À travers elle, précise le chanoine, c’est tous ceux qui l’utilisent — c’est-à-dire les habitants, la maison tout entière et tous ceux qui y viennent – qui sont bénis, ce geste rappelant l’importance de l’ouverture à la vie familiale, amicale et associative.
La bénédiction paternelle au Canada pour le Nouvel An
La traditionnelle bénédiction paternelle au Québec, le premier jour de l’an, est une pratique chrétienne familiale populaire héritée de catholiques venus d’Europe à l’époque des colonies. Elle a disparu progressivement avec la fin du XXe siècle, mais une poignée de croyants y restent fermement accrochés, voyant dans cette tradition non pas la symbolique d’un geste "patriarcal" excessif, source de gêne et de malaise pour l’époque mais de bon augure pour resserrer les liens familiaux et éloigner toute querelle et rivalité. C’est le père qui a le privilège de bénir sa famille.
En cas d’absence du père, c’est à l’aîné des garçons que revient la tâche. Symboliquement, ce jour-là, le paternel est comme investi du pouvoir d’un chef d’Église. Sa famille l’entoure, tous bien habillés pour l’occasion. Debout face à eux, il fait un signe de croix et prononce sa bénédiction. Chaque membre après l’avoir reçue, ira la distribuer, après les embrassades, aux voisins et à toute la parenté en leur souhaitant : "Bonne Année et le paradis à la fin de vos jours !". À l’origine, ce moment était suivi de la distribution des étrennes et des présents aux enfants qui à l’époque, se donnaient le jour de l’an et non à Noël. Beaucoup de catholiques regrettent la perte de cette tradition qu’ils jugent "des plus respectueuses" et "remplie de charme et d'émotion". Ils souhaiteraient qu’elle soit réintégrée au sein des familles.