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Historiquement, seuls pouvaient être reçus comme prénoms les noms en usage dans les différents calendriers et ceux des personnages connus de l’histoire ancienne (loi du 1er avril 1803). Apparu comme restrictif, ce texte a été abrogé par la loi du 8 janvier 1993 qui pose le principe de la liberté des parents dans le choix du prénom. Cette évolution va de pair avec un changement de conception du prénom : la recherche de l’originalité, de l’unique, prime bien souvent sur celle du sens ou du rattachement à une figure. Plusieurs méthodes sont préconisées pour « bien inventer le prénom de bébé » : changer une lettre ou deux dans un prénom usuel, assembler deux prénoms… Seules limites à cette recherche d’originalité : le prénom doit respecter « l’intérêt de l’enfant » et certaines règles d’orthographe.
Dans tous les cas, l’officier d’état civil a l’obligation d’inscrire le prénom donné par les parents sur le registre d’état civil. S’il lui apparaît contraire à l’intérêt de l’enfant, il peut en aviser le procureur de la République qui pourra, à son tour, saisir le juge aux affaires familiales. Dans certains cas, un autre prénom pourra être attribué.
Titeuf, Nutella, Fraise, Patriste et Joyeux…
L’intérêt de l’enfant doit prévaloir sur le souci d’originalité des parents. Ainsi, l’apparence ou la consonance ridicule, péjorative ou grossière, la complexité, la référence à un personnage déconsidéré de l’histoire, l’utilisation d’un vocable de pure fantaisie sont autant de signes d’un prénom contraire à l’intérêt de l’enfant. C’est ainsi que le prénom « Titeuf » a été refusé par la cour d’appel de Versailles dans une décision symptomatique. On y parle d’un prénom inspiré d’un personnage présenté comme « un garnement pas très malin dont les principales préoccupations concernent les relations avec les filles et le sexe ».
En 2015, un enfant prénommé « Nutella » a été renommé « Ella » au motif que son prénom ne pouvait « qu’entraîner des moqueries ou des réflexions désobligeantes ». Même verdict pour la petite « Fraise », renommée « Fraisine » – un prénom du XIXe siècle – dont il est jugé que le prénom aurait nécessairement été « à l’origine de moquerie, notamment l’utilisation de l’expression ramène ta fraise ». Quant aux petits « Soleil, Joyeux, Patriste », la décision est plus nuancée. Si les prénoms « Joyeux » et « Patriste » sont, en raison de leur caractère fantaisiste, de nature à créer des difficultés et une gêne effective pour l’enfant, en revanche, le prénom « Soleil » est accepté.
Un prénom qui respecte la langue française
La loi impose une orthographe qui ne doit pas aller à l’encontre de la « volonté de notre État de droit de maintenir l'unité du pays et l'égalité sans distinction d'origine ». Autre règle lorsqu'on décide du prénom de son bébé à naître : seul l'alphabet romain peut être utilisé (circulaire du 23 juillet 2014).
C’est ainsi que, en septembre dernier, le prénom breton « Fañch » orthographié avec un tilde, a été refusé par le tribunal de grande instance de Quimper. L’orthographe du prénom ne pouvait pas comprendre de « signe diacritique non reconnu par la langue française ». « Admettre l'inverse reviendrait à rompre la volonté de notre État de droit de maintenir l'unité du pays et l'égalité sans distinction d'origine », détaillait le tribunal de grande instance de Quimper dans son délibéré.
Un prénom qui ait du sens ou un prénom original ?
En fin de compte, si, autrefois, le sens d’un prénom rattachait l’enfant à une histoire, à la figure d’un saint ou à un membre de la famille, désormais, pour de nombreux parents, il faudrait plutôt qu’il ne parle que de la personne et ne la rattache à rien. N'est-ce pas un peu dommage ? Après tout, pour se construire, cela reste pertinent d’avoir des référents et de beaux exemples ! Et quelle meilleure idée que d’orienter la vie à la suite de celle des plus grands saints ?