Célèbre pour ses oraisons, Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704) était sans doute la personne la mieux armée à Versailles pour parler de la foi et toucher le cœur du Roi Soleil.
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Auteur de nombreuses biographies, Joël Schmidt nous fait découvrir avec talent et rigueur le plus grand orateur du Grand Siècle. Orateur, mais pas que. Joël Schmidt nous fait le découvrir un Bossuet enfant, à Dijon, qui découvre sa vocation. Il suit des études au collège de Navarre de Paris, puis à Metz où il est ordonné et nommé archidiacre de la cathédrale. Ces temps de formation lui permettent de connaître rapidement la Bible sur le bout des doigts et de « faire ses humanités » grâce à sa connaissance des auteurs grecs, latins et chrétiens. Ce seront ces armes pour la mission qui l’attend.
De respectueuses admonestations
Ami de Vincent de Paul, il est sensibilisé à la pauvreté matérielle et part pour Paris où ses qualités d’orateur sont reconnues dès son arrivée. Il ne veut pas imposer ses vues par la force, mais par la persuasion. Il cherche à convaincre en conservant du respect pour chacun. Avec le temps, il devient un des protégés d’Anne d’Autriche, puis de Louis XIV mais cela n’empêche pas de reprocher à ce dernier sa liaison avec madame de La Vallière. Dans chacun de ses propos, il sait habilement manier la parole afin que ses idées fortes soient équilibrées grâce à des marques de respect.
Quand éclate la crise janséniste, l’archevêque de Paris lui confie le soin de ramener deux sœurs récalcitrantes dans l’unité de l’Église. Puis il œuvre pour la conversion de Turenne et de sa sœur. En 1669, meurt Henriette de France, reine d’Angleterre, femme de Charles Ier et fille d’Henri IV. Bossuet se charge de son oraison funèbre, la première d’une longue série qui lui assure, aujourd’hui encore, sa célébrité. Entre toutes, citons cette phrase, sans doute la plus connue : « Madame se meurt ! Madame est morte ! ».
Au service du Dauphin
Nommé évêque de Condom, il ne reste dans le Gers qu’une année, car il est rappelé à Versailles par le roi, comme précepteur du Grand Dauphin. Une marque de confiance qui prouve combien le monarque le tient en estime malgré les remontrances dont Bossuet l’accable. Il entre à l’Académie française en 1671. Mais à Versailles, s’il reste fidèle au Dauphin, ce dernier demeure rétif à son enseignement. Il écrit à son attention plusieurs ouvrages, comme L’histoire universelle ou La politique inspirés des exemples et des paroles des Saintes Écritures. Peu après, il contribue à convertir Louise de La Vallière qui entre au Carmel en 1675. Par la suite, il hérite de l’évêché de Meaux — d’où son fameux surnom — et il assure la direction spirituelle de nombreuses femmes et rédigea plus de 700 lettres. La fin de sa vie, il la consacre aux luttes de son temps. Il se fait alors tour à tour défenseur du gallicanisme et combattant du quiétisme. Voilà un homme dont la vocation était probablement d’évangéliser les grands de son temps.
Joël Schmidt, Bossuet, Editions Salvator, août 2017, 295 p., 22 euros