Construite au IXe siècle, la tour Saint-Jean a eu pour fonction de repousser les invasions musulmanes. Elle abrite aujourd’hui le secrétariat pour l’économie du Vatican.“Avant de bâtir une tour, il faut calculer la dépense”, dit en substance l’évangéliste saint Luc. Le Vatican décide, lui, de contrôler les dépenses dans une tour bâtie il y a douze siècles. Cette austère tour du IXe siècle abrite en effet aujourd’hui le dicastère pour l’économie. Signe d’une politique financière dépouillée, et voulue par le pape François ?
Lire aussi :
Ce que l’Église catholique fait de ses “richesses”
De fait, la tour Saint-Jean se situe à la périphérie du Vatican, tout à l’ouest de la Cité-État. Construite en 848 après le sac de la basilique Saint-Pierre par les sarrasins, Léon IV décide de doter le Vatican d’une enceinte fortifiée, dont certains restes font aujourd’hui office de frontière entre le plus petit État au monde et l’Italie. Le Vatican demeure à ce jour le seul pays au monde quasi entièrement enclos de murs. Ces murailles permettaient originellement de défendre Rome contre les incursions musulmanes.
De cette époque guerrière, la tour Saint-Jean constitue un vestige, composante endormie de la défense des États pontificaux. Mais dès le XVIe siècle, sa vocation première est abandonnée, et elle est laissée à l’abandon. Avant d’être restaurée, au XXe, pour un tout autre usage… Jean XXIII, l’instigateur du concile Vatican II, le rénove pour en faire un ermitage et une résidence pontificale pour l’été. Il sera le seul pape à en faire son lieu de repos estival, la tour étant surtout destinée à accueillir les activités diplomatiques discrètes des successeurs de Pierre. Paul VI y accueille le patriarche de Constantinople Athénagoras en 1967, puis Vasken Ier, catholicos des Arméniens en 1970 ou encore le cardinal hongrois exilé, József Mindszenty, en 1971.
Preuve du confort de la tour, Jean Paul II y logera au début de son pontificat lors des restaurations du Palais apostolique. Le cardinal Tarcisio Bertone en 2006, quand il devient secrétaire d’État de Benoît XVI, y réside pendant un an, parce que son prédécesseur rechigne à lui céder son appartement au Palais apostolique. C’est aussi le pape allemand qui recevra le président américain Georges W. Bush dans un bureau de la tour, et non dans les appartements pontificaux, comme le veut le protocole.
En février 2014, le pape François institue par un Motu proprio le Secrétariat pour l’économie. Pour la première fois, un dicastère de la curie romaine installe ses bureaux dans la tour Saint-Jean, loin du Palais apostolique. La Tour se trouve à proximité de l’héliport et de la grotte de Lourdes, où se rend quotidiennement le pape émérite Benoît XVI.
Découvrez d’autres trésors du Vatican :
Lire aussi :
La mystérieuse villa Pia, cachée au cœur des jardins du Vatican
Lire aussi :
Radio Vatican : la radio que Goebbels voulait faire taire
Lire aussi :
La gare cachée du Vatican