Rien dans les Évangiles n’évoque les origines familiales de la Vierge : on n’y découvre ni le nom de ses parents ni la manière dont elle fut conçue. Pour en connaître davantage sur sa vie, il faut se tourner vers l’Évangile apocryphe de Jacques (IIe après J.-C.), intitulé Nativité de Marie. Révélation de Jacques.
Ses parents se nomment Anne et Joachim. Le père de Marie, très pieux, est un homme riche et extrêmement généreux. Avec Anne, ils forment un couple heureux. Seule ombre au tableau : ils n’arrivent pas à concevoir d’enfants. Un jour, alors que Joachim se rend au temple de Jérusalem pour déposer des offrandes à l'occasion d’une fête religieuse, le Grand Prêtre lui refuse l’accès. Son infertilité est le signe qu’il est sous la malédiction de la Loi. Accablé de chagrin et couvert de honte, Joachim décide de se retirer dans le désert.
Un jour, Anne et Joachim reçoivent, chacun, la visite d’un ange leur annonçant la venue prochaine d’un enfant. Heureux, Joachim quitte le désert et se précipite aux portes de Jérusalem. De même, Anne, qui a reçu la nouvelle, court à sa rencontre. Arrivés à la "Porte dorée", l’une des portes de l’enceinte, il se jettent dans les bras l’un de l’autre.
Cet épisode célèbre a été illustré par de nombreux artistes, dont l'exemple le plus fameux demeure la fresque peinte par Giotto au XIVe siècle, dans l’église de l’Arena à Padoue. Comme une immense bande-dessinée, les parois illustrent la vie d’Anne et Joachim et celle du Christ.
La scène la plus émouvante est sans aucun doute l’étreinte des parents de Marie à l’entrée de Jérusalem. Envahis d’une émotion intense par la nouvelle de cette future naissance, Anne et Joachim s’embrassent, indifférents vis-à-vis du monde qui les entoure. Giotto a pris quelques libertés face à la source écrite. L’Évangile de Jacques mentionne une "étreinte" et non un baiser. Certains ont voulu voir dans ce baiser échangé l'évocation d'une conception sans acte sexuel. En effet, pour eux, ce geste était comme un symbole de pureté, à l'image de la Vierge Marie.