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Quelque 500.000 élèves en série générale ou technologique passent ce mercredi 15 juin l'épreuve de philosophie du baccalauréat. Combien de catholiques raisonnables se jettent à corps perdu dans la piété populaire, le matin des examens de leurs enfants ? Il y en a même qui "empruntent" discrètement d’anciens cierges pascals à la sacristie de leur église, qu’ils allument dans la pénombre, espérant qu’ils porteront mieux leurs prières. D’autres déposent de magnifiques bouquets au pied de la Sainte Vierge, parce qu’elle sait si bien ce que c’est qu’être mère. Pourquoi agit-on ainsi ? Il y a des causes plus désespérées, tellement moins égoïstes. N’est-ce pas une façon de faire pression sur Dieu pour l’utiliser à notre service, en lui prêtant des pouvoirs magiques, l’art d’éviter les catastrophes?
"Demandez, on vous donnera"
Bien sûr, on ne s’en vante pas. Mais, comme des enfants effrayés, nous nous tournons naturellement vers notre Père, notre Dieu. Nous lui demandons à l’avance de nous pardonner cette prière un peu egocentrée : "Mais si tu peux faire un petit quelque chose, c’est le moment", chuchotons-nous en allumant la flamme.
Même les bons élèves ont des parents qui prient le matin des examens. On ne peut s’empêcher de craindre le pire pour nos petits chéris. Alors on se dit : "Après tout, c’est Jésus lui-même qui nous l’a si gentiment proposé". "Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira." (Mt 7,7-11). Et puis, tant pis si on a des doutes. Mais n’était-ce pas une prière un brin intéressée ?
Dieu passe à chaque fois qu'on l'invite
Quand on se pose des questions sur la vérité, la sincérité d’une prière, le mieux c’est de se référer à la base : le Notre Père, cette prière que Jésus nous a apprise. On remarque ainsi que ce n’est que dans la seconde partie, que Jésus nous invite à dire nos besoins, le pain quotidien, le pardon des offenses, l'entrée dans la tentation. Il y a un avant dans la prière de demande, un avant qui lui donne tout son sens. La première partie du Notre Père, nous invite ainsi à reconnaître que son règne et sa volonté passent avant tout. Ce qui signifie que la réponse de Dieu à nos prières se fait à sa manière, selon son règne à Lui.
Même les prières les plus petites trouvent un écho dans le ciel.
Cela change beaucoup de choses. Dieu n’est pas magique. Dieu ne change pas le monde, il transforme ceux qui prient. C’est Lui qui souffle sur nos peurs pour les faire disparaître. C’est Lui qui nous donne l’audace de croire en nos enfants. C’est Lui, encore et toujours, qui nous dit de les aimer de toutes nos forces, quoi qu’il arrive et quelques soient leurs difficultés. Et c’est Lui qui, de façon mystérieuse, est présent auprès de nos enfants, à chaque minute de leur vie. Dieu passe à chaque fois qu’on l’invite. Même les prières les plus petites trouvent un écho dans le ciel.
La réponse sur Seigneur peut parfois surprendre
Cette prière-là, murmurée dans l’angoisse, trouve ainsi toujours grâce à ses yeux. Ce qu’Il glisse à notre oreille dans le secret de nos cœurs reste un mystère mais le soir, quand nos enfants rentreront de leurs examens, il nous sera soudain facile de les accueillir, de les féliciter ou de les réconforter. Parce qu’au fond de nous-même, il y aura cette certitude de chrétien : Dieu répond toujours à nos prières, même si l’on est parfois surpris de la réponse.
Il nous dévoilera une facette de nos enfants que nous ne connaissons peut-être pas encore, celle que Lui a vu et qu’Il brûle d’envie de chuchoter à notre oreille, peut-être pas ce qu’on attendait mais… beaucoup mieux. Après tout, être parent, n’est-ce pas être constamment surpris ? Alors laissons-nous surprendre par Dieu, comme nous le surprenons en allumant brusquement d’énormes cierges, nous qui sommes d’habitude si mesurés.
Anne Isabelle de La Chapelle