La vie du cardinal vietnamien François-Xavier Nguyen Van Thuan, emprisonné 13 ans dans les geôles communistes, dont neuf en isolement total, est une hymne à l’espérance. En captivité, il se lie d’amitié avec les geôliers, fabrique lui-même un crucifix, célèbre clandestinement l’Eucharistie et écrit des livres. Après une vie lumineuse, il meurt à Rome le 16 septembre 2002, victime d’un cancer. En 2017, ce prélat vietnamien a été déclaré vénérable. Dans son ouvrage Témoin de l’espérance, présenté comme son testament, le cardinal Van Thuan se livre à travers de nombreuses méditations dont celle sur les défauts de Jésus, qu'il aimait tant.
1Jésus avais une mauvaise mémoire
Au Calvaire, pendant son indescriptible agonie, Jésus entend la voix du larron à sa droite : "Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras avec ton Royaume" (Lc 23, 42). Si ça avait été moi, écrit le cardinal Van Thuan, j’aurais répondu : "Je ne t’oublierai pas mais avant il faut que tu payes pour tes crimes pendant vingt ans au purgatoire." Mais Jésus, lui, répondit : "Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis". Jésus oublie tous les péchés de cet homme. Non seulement Il pardonne, mais Il pardonne tout. "La mémoire de Jésus n’est pas comme la mienne…", glisse celui qui a été nommé évêque par Paul VI.
2Jésus n’était pas bon en maths
"Si Jésus devait passer un examen en mathématiques, Il échouerait à coup sûr", écrit le cardinal vietnamien. "Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : "Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !". Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion" (Lc 15, 4-7) "Pour Jésus, une personne équivaut à quatre-vingt-dix-neuf personnes, et peut-être plus !", note Van Thuan.
3Jésus manquait de logique
"Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : "Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !""(Lc 15, 8-9) "Faire la fête pour une seule drachme, quel manque de logique…, s'étonne le cardinal. Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. Jésus a donné une piste : "Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit." (Lc 15, 10)
4Jésus prenait trop de risques
Qu’il s’agisse d’un chargé de communication pour une entreprise ou d'un politicien cherchant à se faire élire, le principe est d’établir un programme très précis plein de promesses. Jésus, lui, ne promet que des épreuves et des persécutions pour ceux qui le suivent. Il nous avertit que "le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête". (Mt 8, 20). Il envoie les apôtres en mission sans le sous et sans vrai plan préalable.
"Pourtant les douze apôtre ont confiance en "cet aventurier". Des millions et des millions d’autres aussi. Plus de 2 000 ans ont passé et la multitude incalculable de ses disciples continue de Le suivre. Des galeries sans fin de saints et saintes, de bienheureux, de héros et héroïnes d’"aventuriers". Suivre Jésus est donc le plus fantastique voyage à contre-courant de l’Histoire mais il est aussi le seul véritable", estime Van Thuan.
5Jésus était un très mauvais directeur financier
Si Jésus était directeur d’une entreprise, ses affaires tourneraient court puisqu’Il payerait au salarié arrivant l’après-midi le même salaire qu’à celui commençant tôt le matin. ""Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ?""(Mt 20, 14-15).
Pourquoi Jésus a-t-Il tous ces défauts ? Parce qu’Il est le Dieu de la Miséricorde et l’Amour Incarné. "Dieu est amour" (1 Jn 4, 16). Il ne s'agit pas d'un amour rationnel, calculateur, qui pose des conditions, se souvient des offenses reçues, mais d'un amour qui se donne, qui sert, qui comprend, qui pardonne, qui accueille… Dans quelle mesure ? Infinie. Les défauts de Jésus, nous enseigne le cardinal Van Thuan, sont le chemin du bonheur. Pour cela, rendons grâces à Dieu. Pour la joie et l’espérance de l’humanité, ces défauts sont incorrigibles.