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"Plus que "prophétiser", il est intéressant de voir "l’importance d’une rencontre fraternelle", loin d’Europe (depuis le schisme de 1054), et du Vatican et de Moscou, sur un "terrain neutre", explique Mgr Manuel Nin, nommé le 2 février 2016 Exarque apostolique pour les fidèles de rite byzantin en Grèce. "Souligner l’unité, ce vers quoi doivent tendre tous les chrétiens", ajoute-t-il. Car l’Église orthodoxe russe est importante : entre 165 et 250 millions de fidèles. Une déclaration commune entre les primats de l’Église a été signé 12 février.
Une nouvelle étape dans les relations entre catholiques et orthodoxes
Du point de vue de la foi cette rencontre était importante pour l'ensemble des fidèles chrétiens. "Nous chrétiens avons entretenu depuis 1 000 ans ces ignorances mutuelles au mépris de l’Évangile, regrette Mgr Nin ; par la parole de Jésus nous devons retrouver cette pleine communion, celle de l’Évangile de Jean : 'que tous soit un'".
Jean Paul II et Benoît XVI, qui a connu le patriarche Kirill, montrent le chemin de l'œcuménisme dont le pape François ne s'est pas écarté. "C’est une rencontre, la plus positive qu’il y ait eu eue", se réjouit Mgr Manuel Non. La rencontre avec le patriarche Kyrill a été plus compliquée qu’avec le patriarche de Constantinople Bartholomée. "Chaque Église Orthodoxe est autocéphale, indépendante ; ainsi la relation avec les autres églises chrétiennes a son propre rythme", explique Mgr Manuel Nin. Le spécialiste le confirme, il y a un face à face entre cardinaux et métropolites russes ces dernières années. "Ce moment est important car les dirigeants des Églises se rencontrent approfondissant la fraternité."
Des discussions au sujet du "primat du Successeur de Pierre" ont commencé. "Les Églises orthodoxes reconnaissent un primat d’honneur et non de juridiction au Pape, et les discussions des commissions théologiques se fondent dessus. (...) Je parle de siècles de séparations ; nous ne pouvons prétendre que cela se résolve en quelques jours." Le Pape a donné un signal positif en affirmant, dès novembre 2014, "Il existe la volonté de nous rencontrer". Cette rencontre est aussi l'occasion de se souvenir des points communs et des divergences entre les catholiques et les orthodoxes.
Les points communs
La Vierge
Pour les catholiques, la Vierge Marie est considérée comme la mère de Dieu de l’Église. Pour les orthodoxes, elle inspire de nombreuses fêtes et célébrations, même si les sensibilités sont différentes selon l’image que les croyants ont d'elle et des événements qui s'y rapportent.
Pâques
Les événements clés : pour un catholique comme pour un orthodoxe, l’événement pascal (Passion, mort et Résurrection du Christ) est fondamental et la messe qui le commémore, le sommet de la vie chrétienne. La liturgie orthodoxe est centrée autour de la consécration du pain et la communion au Christ, tout comme la messe catholique.
Saints
Le culte des témoins de la foi est commun aux deux Églises. Il existe néanmoins une différence entre les critères pour lesquelles une personne est déclarée bienheureuse ou sainte.
Trinité
La Trinité est un mystère fondant le culte commun des chrétiens orthodoxes et catholiques au Dieu "un et trine", Dieu unique en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, même s'il existe des divergences sur la façon dont les "énergies divines" infusées chez le fidèle par l'Esprit Saint circulent au sein de la Sainte Trinité, procédant du Père par le Fils (chez les orthodoxes) ; ou dont la "grâce" opère par l'action du Saint-Esprit procédant du Père et du Fils (chez les catholiques).
C'est la querelle du Filioque (et du fils en latin), un obstacle théologique qui demeure : "Je suis sceptique, malgré le travail des théologiens, Athenagoras a dit : “Laissons les théologiens sur une île discuter et partons”" reprenait récemment à son compte le Pape François. Le Filioque a vu le jour en 589 face à l’hérésie arienne niant le caractère divin du Christ en Europe occidentale et s'est ajouté au Credo (le symbole de foi que les chrétiens prononcent durant la messe). Les orthodoxes ne l’acceptent pas et s'en tiennent aux symboles des Conciles de Constantinople de 381 puis d’Éphèse en 481.
Les sacrements
Catholiques et orthodoxes ont pour référence les sept sacrements : baptême, confirmation, eucharistie, réconciliation, onction des Malades, ordination, mariage.
Les différences
L’Immaculée Conception
Les orthodoxes ne considèrent pas l’Immaculée Conception comme un dogme mais reconnaissent la maternité divine de la Toute Pure Vierge-Marie, Mère de Dieu. Le Pape Pie XII a quant à lui consacré, en 1950, le dogme de l’Immaculée Conception confessé par les fidèles catholiques.
Le Pape
Pour les catholiques, le Pape est vicaire du Christ et préside la charité de toutes les Églises. Il est l’autorité supérieure. Les orthodoxes ne reconnaissent pas cette juridiction supérieure mais une primauté d'honneur et n’acceptent pas le dogme de l’infaillibilité pontificale telle que définie par le Concile Vatican I en 1870. Dans le monde orthodoxe, le Saint Synode (l'assemblée des évêques) a une autorité supérieure au patriarche qui le préside.
Le célibat
L’Église orthodoxe accepte les prêtres mariés mais refuse le mariage après l’ordination. L’Église catholique impose le célibat.
Les calendriers grégorien et julien
L’Église catholique utilise le calendrier grégorien depuis 1582 (introduit par le pape Grégoire XIII au XVIème siècle) fort différent du calendrier julien qui prévaut chez les orthodoxes (un calendrier solaire introduit par l'empereur Jules César en 46 avant J.-C.).