Elle fait partie de ces saintes dont on connaît le nom sans forcément connaître l’histoire. Fêtée le 23 juillet par l’Église catholique, sainte Brigitte de Suède, co-patronne de l’Europe et fondatrice de l’ordre du Saint-Sauveur, est une mystique du XIVe siècle. Elle appartenait, ainsi que son mari Urf Gudmarson, à la première noblesse de Suède. À la mort de son époux, elle alla se fixer à Rome. Sa fille sainte Catherine la rejoignit l'année suivante et elles vécurent ensemble. Favorisée de grâces extraordinaires, Brigitte suivait à la lettre le saint Évangile, pratiquant la pauvreté, mendiant même sous le porche des églises afin de récolter le mépris des passants.
Quinze Oraisons à réciter 365 fois pendant un an
Très jeune, Jésus en Croix lui apparaît. Horrifiée par l'état physique dans lequel Il se trouve, elle est prise de dévotion pour les Saintes Plaies du Christ, à qui elle en demande le nombre précis. En 1350, un crucifix qui se trouve désormais dans la basilique Saint Paul Hors les Murs à Rome, s'anime et lui révèle :
Par la bouche de ce crucifix, Jésus enseigne alors à sainte Brigitte deux séries d'oraisons : les quinze Oraisons, à réciter 365 fois pendant un an, et les sept Notre Père, à réciter 365 fois pendant douze ans. Les promesses de Jésus faites à la personne qui récitera entièrement ces deux séries d'Oraisons (ou seulement l'une d'entre elles) sont merveilleuses et parfois bien mystérieuses…
Trente minutes par jour
La fontaine de sa Déité ? Être joint au suprême chœur des anges ? Si la compréhension de ces promesses est loin d'être évidente, elles n'en demeurent pas moins intrigantes et engageantes ! Il est tentant de penser qu'il est très simple de "gagner" toutes ces indulgences, en récitant seulement quelques prières par jour. Mais encore faut-il s'y tenir. Les quinze Oraisons nécessitent environ 20 minutes de temps, dont 10 minutes pour les sept Notre Père.
Souvenons-nous aussi de ce récit du Livre des Rois (5, 1-15), quand le prophète Élisée guérit de la lèpre Naaman, général de l'armée du roi de Syrie, en lui disant d'aller se baigner sept fois dans le Jourdain. Notons qu'en hébreu le prénom Naaman signifie "celui qui croit". La foi et l'amour, c'est tout ce que demande Jésus. Combien de fois a-t-Il dit dans l'Évangile : "Ta foi t'a sauvé" ?
Ce qu'il y a de merveilleux dans ces Oraisons ce n'est pas simplement les promesses qui leur sont liées. C'est leur contenu. Saint Jean dit ainsi : "Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait" (Jn. 21, 25).
Le récit de la Passion raconté par Jésus
Les Oraisons de sainte Brigitte apprennent bien des choses au sujet de la Passion. Elles retracent le récit de la Passion dans l'ordre chronologique, du jardin des Oliviers à la mort de notre Sauveur. Sauf que le narrateur n'est pas extérieur au récit, c'est Jésus lui-même qui nous raconte ce qu'Il a vécu. Le Seigneur en profite même pour nous expliquer la valeur spirituelle et rédemptrice de chacune de ses souffrances. Par exemple l'Agonie "pour les péchés de cœur de l'homme (...) et l'accroissement de l'amour de Dieu et du prochain", ou le Couronnement d'épines "pour les péchés d'esprit de l'homme (…) et pour l'extension du règne du Christ sur la Terre".
À la (re)lecture de ces oraisons, qui permet de deviser sur l'un des mille trésors que le Seigneur met à la portée de l'homme, comment ne pas affirmer, comme saint Augustin : "Ô heureuse faute qui nous a mérité un tel et si grand Rédempteur !".