L’ONG espagnole « Manos Unidas » appelle à « garantir le droit à l’alimentation, au-dessus d’autres intérêts »
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Selon le rapport annuel « L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde 2012 », publié par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), à l’heure actuelle ce sont 878 millions de personnes dans le monde qui souffrent de faim et de sous-alimentation, tandis que 35 pays sont tributaires d’une aide alimentaire.
« Le défi de la faim. La sécurité alimentaire dans notre monde globalisé “ sont quelques-unes des données du rapport, qui a été présenté ces jours-ci à Madrid.
Un document, élaboré par l’Ong espagnole Manos Unidas, aborde ce problème de la sécurité alimentaire, un problème très complexe qui implique de reconnaître et garantir le droit à une alimentation adéquate en tenant compte de quatre aspects fondamentaux: le changement climatique et la dégradation de l’environnement ; la production de biocarburants; l’accaparement de terres ; la volatilité des prix des denrées alimentaires et le commerce international.
Benoît XVI le signalait déjà dans son dernier message pour la Journée mondiale de la paix en 2013: « La sollicitude des nombreux artisans de paix doit en outre se mettre – avec plus de résolution par rapport à ce qui s'est fait jusqu'à aujourd'hui – à considérer la crise alimentaire, bien plus grave que la crise financière. ». Et le Saint-Père de dénoncer « les fluctuations soudaines des prix des matières premières agricoles, les comportements irresponsables de certains agents économiques et un contrôle insuffisant de la part des gouvernements et de la communauté internationale ».
Trois régions du monde sont actuellement confrontées à un problème majeur de famine, « trois points chauds d’insécurité alimentaire et nutritionnelle récurrente, où Manos Unidas a fourni une assistance aux populations systématiquement touchées ces dernières années: le Sahel, la Corne de l’Afrique et Haïti », précise le rapport, qui présente les nouvelles réalités de la pauvreté alimentaire et explique des termes comme celui de « souveraineté alimentaire »
Priorité à l’accès à la nourriture
La cérémonie de présentation, ouverte par la présidente de Manos Unidas, Soledad Suárez, a donné lieu à un bref débat sur l’avenir du système alimentaire.
Inmaculada Cubillo, membre de la campagne Droit à l’alimentation, Caritas, a montré que « le document énonce très clairement les concepts de base, indispensables pour comprendre l’ampleur de la situation de la faim dans un contexte de changement climatique ; pour sa part, Jerónimo Aguado, membre de Vía Campesina-Plataforma Rural, s’est félicité de ce rapport « soigneusement préparé, avec un bon diagnostic sur la question de l’alimentation et le problème de la faim à l’échelle mondiale».
Ont également participé Lourdes Benavides, de la campagne CRECE (Centre Régional d'Education à la Citoyenneté et à l'Environnement), Intermón Oxfam, qui a souligné l’urgence pour « nous tous et toutes de réaliser des changements dans les politiques publiques et dans notre mode de consommation » , ainsi que Marco Gordillo, Coordinateur du département Campagnes de Manos Unidas, responsable de la préparation de ce rapport et pour qui le document « insiste sur la nécessité, pour garantir le droit à une alimentation adéquate, de réorienter nos systèmes de production agricole, en retrouvant leur fonction sociale, environnementale et économique, en donnant la priorité à l’accès à la nourriture pour tous, en particulier pour les plus pauvres et vulnérables ».
Conclusions du rapport
Dans ses conclusions, le rapport de Manos Unidas préconise, entre autres, de tenter d’atténuer ou d’apporter une solution à ce problème de la faim, comme par exemple de montrer l’alimentation et la nutrition comme un droit de l’homme: « garantir le droit à une alimentation adéquate, au-dessus de tout autre intérêt ».
« A cet égard, la Doctrine sociale de l’Eglise, sur laquelle se fonde le travail de Manos Unidas, a beaucoup à offrir, faisant toujours passer la dignité de la personne, le bien commun et la destination universelle des biens de la terre, les valeurs de justice et de solidarité, au-dessus de toute autre réalité ou intérêt.
« Réduire la possibilité pour des investisseurs privés et des gouvernements étrangers d’acquérir de grandes étendues de terre arable dans les pays en développement, ce qui porte atteinte au droit à l’alimentation et au droit à l’accès aux ressources naturelles », ou « stopper l’immorale bulle spéculative autour de la nourriture et du prix des terrains », telles sont quelques-unes des propositions du rapport.
Il est demandé aussi aux gouvernants de « modifier les politiques agricoles et commerciales de l’Union européenne et des Etats-Unis, qui subventionnent les produits agricoles de leurs pays, créant une concurrence déloyale et injuste avec les producteurs des pays en développement », et de « revoir les clauses des accords de libre-échange ou autres qui entravent ou empêchent le droit à l’alimentation des pays pauvres et des groupes plus vulnérables ».
Pour finir, le rapport montre la nécessité de « lutter contre la destruction de millions de tonnes d’aliments par les grands intérêts commerciaux et financiers, réticents à voir diminuer leurs bénéfices… »