Il arrive souvent que l’un des conjoints trouve que la vie de l’autre est tellement plus gâtée et gratifiante que la sienne. Quand il n’est pas compris, il ne manque pas de dire : "Mets-toi donc un instant à ma place !" S’efforcer de se mettre à la place de l’autre est, de fait, une des plus belles formes de l’amour.
Il s’agit de laisser un instant son point de vue pour se décentrer sur le point de vue de l’autre, d’essayer de faire sienne la problématique de l’autre, de s’efforcer de ressentir ce qu’il ressent, éprouver ce qu’il éprouve, devenir l’autre en restant soi. Ce sont de merveilleuses qualités que le psychologue Carl Rogers appelait l’empathie (du grec « sentir, souffrir dans »). Saint Paul disait déjà : "Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui sont dans les pleurs" (Rm 12, 15).
Imiter le Christ
Se mettre à la place de l’autre, c’est entrer dans sa peau, c’est s’incarner… N’est-ce pas ce que le Christ a fait à Noël ? Il n’est pas venu visiter les hommes en touriste ou en hélicoptère pour leur promettre le Ciel : Il s’est fait homme. Il a connu la faim, la soif, la souffrance, Il est né et Il est mort dans les pires conditions. Le Christ a été l’empathie de Dieu. Le Verbe s’est incarné, Il est entré dans la chair humaine, Il s’est fait chair : "incarnation" est bien le mot qui convient, tellement plus fort que le mot "empathie". Le Christ s’est fait homme, mais en restant Dieu ; et Il devient ainsi le modèle à imiter dans toute relation interpersonnelle chaleureuse.
En conséquence, époux, "devenez" votre femme dans une compréhension merveilleuse, mais restez un homme. Épouses, "devenez" un homme dans une empathie géniale, mais restez une femme. Parents, "devenez" vos enfants, comprenez-les délicieusement, mais en restant adultes.
Denis Sonet