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Louise et Paul sont au cœur de cette déchirante tension, vivent une souffrance qu’ils qualifient l’un et l’autre d’intolérable, et ne savent pas comment s’en sortir. En effet Paul (mais cela aurait pu être Louise) a eu une aventure extraconjugale que son épouse vient de découvrir. Ils ont analysé cet événement, en ont mieux compris l’enchaînement mortifère pour leur couple, et ont décidé de redresser la barre, chacun pour sa part. Ils se sont demandé pardon, mais voilà qu’ils se heurtent aux souvenirs de l’offense qui ravivent en eux la colère. Ce qui les empêche de reprendre sereinement leur engagement de mariage et de dépasser cette avanie.
Le pardon, un baume bienfaisant aux douleurs infligées et reçues
Qu’est-ce que pardonner ? Serait-ce l’oubli volontaire de la trahison, de la blessure, et de l’amertume que suscite l’offense ? Juste réaction que cette colère, mais qui dégénère bien souvent en volonté de vengeance et de destruction. La blessure est parfois très vive devant ce que la victime estime être une injustice : « Je n’ai pas mérité cela ». Celui ou celle qui a provoqué cette offense est en dette vis-à-vis de celui qu’il (elle) a offensé. Pardonner n’est pas effacer la blessure de l’offense, mais sa dette.
Il n'y a pas de plus grande preuve d'amour que de redonner tout son amour à l'infidèle.
Pour arriver à pardonner, il faut de l’entraînement, ce qui demande effort et ténacité. Cela permettra, en se heurtant à ses propres limites et en les acceptant, de nous ouvrir à la compassion devant celles des autres. Pour ce qui est de la blessure, il faudra toujours du temps pour que la douleur s’en estompe… En ce qui concerne la cicatrice, elle demeurera à jamais : le Christ Jésus porte pour l'éternité les stigmates de nos infidélités. Cependant, il nous a remis toutes nos dettes pour pouvoir ne nous témoigner que son amour, jusqu'au bout, attestant qu'il n'y a pas de plus grande preuve d'amour que de redonner tout son amour à l'infidèle. Alors, n'oublions pas que chaque jour, en récitant la prière que nous avons reçue du Seigneur, nous nous adressons au Père en osant dire : « Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes nous remettons à ceux qui nous doivent » (traduction littérale du grec de l'évangile selon saint Matthieu 6, 12). Et après avoir supplier ainsi Dieu notre Père, nous ne remettrions pas sa dette, aussi colossale soit-elle, à l'élu(e) de notre cœur ?
La guérison prend du temps
Lorsque vient le temps du pardon malgré la souffrance, un phénomène vient souvent raviver la douleur et perturber ce chemin de retour vers l’autre. Il s’agit d’événements – rencontres, images, conversations – qui replongent les conjoints dans le souvenir des événements de la discorde. Et si les personnes ressassent ces pensées morbides, elles risquent fort de les changer en statues de sel ! L’avenir constructif nécessite de ne pas se complaire à regarder en arrière. Si Louise éprouve des difficultés à sortir de ces pensées incontrôlables, il lui sera nécessaire de se faire aider par des professionnels compétents. Et Paul devra accepter que ce travail de guérison prenne du temps. Avant qu’ils puissent dire avec Jérémie (31, 34) : « Je ne me souviendrai plus de leur péché ».
Marie-Noël Florant