Plus le temps passe et plus vous vous demandez si vous trouverez un jour un époux ou une épouse. Et si la clé de cette attente, qui paraît parfois interminable, était de vivre tout simplement la grâce de l’instant présent ?
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Lorsqu’il se prolonge, le célibat est souvent source de souffrances. Comment les assumer et les dépasser ? Explication de Dominique de Monléon Cabaret, auteur de Dieu ne m’a pas oublié : perspectives pour les célibataires (Saint Paul). Mariée à 45 ans en 1994, celle qui est restée longtemps célibataire témoigne de cette attente qui a été la sienne et de la façon dont elle l’a vécue. Un témoignage qui peut aider de nombreux célibataires.
Qu’est-ce qui vous semble le plus difficile à assumer dans le célibat ?
Dominique de Monléon Cabaret : La constante, me semble-t-il, c’est la solitude. C’est une épreuve : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gn 2, 18). À cette souffrance s’ajoute parfois le sentiment que l’entourage dispose du temps du célibataire : « Tu n’as qu’à t’occuper de tes parents, de mes enfants… » C’est également vrai dans la vie professionnelle : « Tu peux bien travailler le samedi, toi qui es seul ! » Dans la mesure où la liberté n’est engagée ni visiblement ni officiellement, elle risque d’être niée. Le célibataire n’est pas vraiment perçu comme un adulte. Alors qu’il doit mener sa barque seul ! Les impôts, les factures, les tâches ménagères, les achats divers, le bricolage, etc. C’est lourd ! Qui plus est, le célibataire n’a pas toujours droit à sa souffrance : « Il n’a à s’occuper que de lui ! » Comme si la souffrance pouvait se mesurer ou se comparer… La famille et les amis ont besoin de trouver une cause à ce célibat. D’où les remarques, les conseils, en forme de doutes : n’est-il (elle) pas trop difficile, trop effacé(e), trop activiste ? N’est-il (elle) pas sourd(e) aux appels de Dieu ?
Quel est le grand combat de la personne seule ?
L’imaginaire se développe plus facilement dans la solitude, il risque d’amplifier, de dramatiser les menus faits de la vie quotidienne, qui retrouveraient une juste mesure dans la conversation avec le conjoint. Mais ce n’est pas une constante chez les célibataires. Beaucoup vivent très bien le moment présent : ils se donnent. C’est le meilleur antidote à l’imaginaire.
Comment vivre la chasteté sans refoulement ?
Selon la logique du monde, les célibataires oscillent entre deux travers : ou ils sont coincés, ou ils se consolent dans des aventures passagères. Certains s’y laissent prendre et engagent des relations sans suite. Or, la sexualité ne se réduit pas au corps : c’est tout l’être humain qui est sexué. Un célibataire chaste, s’il pense aux autres et se donne avec générosité, renonce moins à sa virilité ou à sa féminité que celui qui cède à des aventures égoïstes.
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La peur de se donner et la crise de l’engagement sont-elles les seules causes du célibat ?
Si on ne s’aime pas soi-même, il est difficile d’aimer l’autre. Si on se replie sur soi, il est difficile de rencontrer quelqu’un. À l’opposé, si on tombe dans l’obsession du mariage, tout le monde fuit… Mais parfois, il n’y a pas de causes objectives. Les gens mariés ne sont pas nécessairement plus équilibrés, plus beaux, plus dévoués que les autres !
Est-il possible d’affirmer à quelqu’un qu’il a la vocation du mariage alors qu’il n’a pas rencontré « l’élu » ?
Dire à quelqu’un qu’il a la vocation du mariage ne me paraît pas imprudent. C’est parfois positif. Un tel discernement peut aider à se préparer à un engagement, à prendre confiance en soi. Mais il faut aussi indiquer l’attitude juste à adopter. Attention à ne pas prendre ce type de discernement pour une voie irrémédiablement tracée ! On peut toujours accomplir sa vocation humaine et chrétienne. Et vivre la complémentarité homme femme d’une autre manière que dans le mariage. C’est une réalité sociale.
Pensez-vous qu’il faille attendre l’élu(e) de son cœur, ou le chercher ?
La réponse ne peut pas être absolue. Certains s’inscrivent sur des sites de rencontres : pourquoi pas, s’ils sont bien choisis ? Mais il faut rester libre et ne pas tout en attendre ! Quand apparaissent trouble, angoisse ou inquiétude, une mise à distance de la démarche devient nécessaire. Et il est important de savoir se faire plaisir, d’organiser des sorties, des dîners, pour la seule joie de se retrouver. Il serait démesuré de centrer toutes ses pensées, ses activités et ses relations sur la recherche de l’élu(e)… Encore une fois, ce qui compte et qui rend heureux, c’est de se donner.
Sans Dieu, le célibat subi ne reste-t-il pas révoltant ?
La solitude n’est acceptable qu’avec la présence de Dieu. Avec toute sa compassion. C’est un mystère qui rejoint celui de Gethsémani : dans son agonie, le Christ a porté le poids de solitude de tous ceux qui en sont accablés. Le grand combat de la liberté – il peut être très rude –, c’est de dire oui à cette présence, de croire que Dieu a un projet de bonheur pour chacun, de continuer à poser un pas devant l’autre, aussi petit soit-il. À son rythme. Un acte de foi, d’espérance, d’offrande !
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Quelle est la spécificité du témoignage d’un célibataire ?
Il existe des célibataires accomplis, même s’ils souffrent de l’absence d’un conjoint. Ainsi témoignent-ils de la vraie nature du bonheur. Dans une société qui veut garantir toutes les sécurités, leur témoignage montre comment il est possible de s’épanouir dans une certaine pauvreté sociale et affective. Leur joie de vivre renvoie à la nature du bonheur : se savoir aimé de Dieu, et désirer Le servir.
Quel est le secret de leur joie ?
Ils sont heureux dans le présent ! Il faut accueillir l’instant présent. C’est incontournable pour le célibataire car cela lui permet d’y rencontrer Dieu à tout moment et d’en recevoir une fécondité spirituelle. Chaque jour peut être fécond : « Celui qui demeure en moi portera beaucoup de fruits ».
Propos recueillis par Maryvonne Gasse