Notre cœur peut être partagé entre des grands désirs de bien et des penchants vers le mal. Le péché y prend donc son origine et porte la division à l’intime même de l’homme. Le cri du priant consistera alors à mendier à Dieu un cœur UN (Ps 86) comme Dieu Lui-même est UN. Un cœur unifié dans ses désirs, ses pensées et ses actions. Un cœur orienté vers l’Unique Seigneur. Afin d’unifier notre cœur, il faut éviter de se laisser envahir par des raisonnements fallacieux ou des idées parfois obsédantes. C’est ce qu’on appelle le « combat spirituel ». Grâce à la « garde des yeux » et la « garde des oreilles », nous veillons constamment à ce que nous regardons et à ce que nous entendons afin de rester unis au Seigneur à chaque instant de notre vie.
À la prière du matin, le juif attache sur son bras gauche - du côté du cœur - et sur son front (l’esprit) des petites boîtes que l’on appelle les tefillins ou les phylactères. Ces boîtiers contiennent la parole de Dieu. Ce geste est accompagné d’une prière : « Que soient asservis les désirs de nos pensées et de nos cœurs à Son service ». Cet « asservissement » à Dieu devient le seul moyen de se libérer de l’esclavage du péché. Il permet d’entreprendre le véritable Exode - la sortie de « soi » - afin de marcher vers la terre de liberté qui se trouve en Dieu.
Le cœur de Jésus nous entraîne à un « amour dément »
Le Christ vit en plénitude cette liberté de l’enfant de Dieu : Il n’a pas d’autre volonté que celle du Père ; pas d’autre désir que celui de L’aimer et de faire ce qu’Il commande. On comprend alors pourquoi toute l’Histoire de l’univers converge vers le cœur du Christ. Nous y découvrons l’amour sans borne qui Le consumait pour son Père céleste et qui L’enflammait de zèle pour chacune et chacun de nous. Sous le symbole du cœur humain de Jésus se dévoile l’infini de l’amour divin. Le cœur de Jésus nous entraîne, nous aussi, à un « amour dément », disait sainte Thérèse d’Avila.
Saint Jean situe la Pentecôte au moment où le cœur du Christ éclate sous le coup de la lance. C’est là, à cet instant précis, que l’Esprit Saint est donné au monde. L’Esprit Saint nous est « transféré » afin de créer en nous un « cœur nouveau », un cœur filial à la ressemblance de celui du Fils Unique de Dieu. Le cœur de Jésus palpite dans son corps eucharistique. L’hostie est désormais le trône de la miséricorde divine et le lieu de la Pentecôte perpétuelle. L’eucharistie est une « école de liberté » qui nous apprend le langage du cœur : le langage du « don ». Le Don jaillit du cœur de Dieu : l’Esprit Saint ; le don de soi-même, vraie joie du cœur de l’homme.
Père Nicolas Buttet