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Durant les fiançailles, les jeunes amoureux ne nagent pas toujours en plein bonheur. Stress, disputes et doutes peuvent mettre le couple à rude épreuve.
Ces disputes qui assombrissent le temps des fiançailles
Les disputes entre les fiancés peuvent être dues aux différences de caractère, d'éducation, de culture, de religion. Mais le plus souvent, il s'agit plus simplement du souci de chacun de protéger sa personnalité dans une relation qui demande inévitablement certains renoncements. Quand on est amoureux, on peut craindre d'être phagocyté par la personnalité trop forte de l'autre, de devenir dépendant de lui. Une lutte de pouvoir, feutrée ou ouverte, peut alors s'instaurer, ne serait-ce que pour tester l’autre : « J'ai besoin de savoir qui va commander... », « Est-ce que tu m'aimes assez pour céder le premier devant mes exigences ? ». La tension peut être forte dans les couples où les fiancés sont restés longtemps célibataires et ont pris des habitudes de tout faire et décider seuls.
Il ne faut pas non plus mésestimer, comme sources de disputes, les causes extérieures au couple. Il est possible tout d'abord que l'un des fiancés ne soit pas tellement accepté par sa belle-famille. Ce n'est jamais aussi facile qu'on le pense de donner son enfant chéri à un autre. On voudrait tellement pour lui un conjoint parfait ! D'où des remarques, des mises en garde peut-être, des futurs beaux-parents, sur le choix de l'élu, ses défauts, qui se veulent utiles, mais qui mettent le doute dans la tête de l'un ou de l'autre des fiancés... des conseils relativement impératifs (« Surtout, ne te laisse pas faire au début ! »), qui peuvent faire craindre que le cordon ombilical ne sera jamais coupé, même après le mariage.
Il est possible aussi que les deux familles ne soient pas totalement d'accord sur la réception du mariage, les uns rêvant d'un mariage brillant (et cher !) là où les autres préféreraient un mariage plus sobre. Et les préparatifs, toujours plus laborieux qu'on ne pense, plus accaparants que prévus, sont alors prétextes à disputes, entre les familles, mais également entre les fiancés.
Comment gérer ces disputes ?
Il faut d’abord essayer de comprendre si ces disputes sont graves ou mineures. Si elles sont sérieuses, il va sans dire qu'elles sont le signe d'une contre-indication au mariage. Combien de couples mariés se séparent en se disant qu'ils avaient déjà perçu pendant les fiançailles qu'ils faisaient fausse route, et qu'ils regrettent de ne pas avoir eu alors le courage de rompre ! Le regard d'un tiers peut venir confirmer cette intuition. Les parents eux aussi peuvent aider au discernement, à condition de ne pas opposer un feu rouge (car les amours contrariées sont les plus fortes et les moins objectives), mais un humble feu orange.
"L'amour vrai n'apparaît que dans la mesure où on cesse de rêver et on en vient à aimer l'autre tel qu'il est."
En revanche, si les disputes ont des causes mineures, si les fiancés se chamaillent pour des broutilles, ils ne doivent pas s'étonner de buter sur l'altérité. L'autre est autre. Et avant de ne faire qu'un, une adaptation est nécessaire. L'autre n'est pas parfait. Inévitablement, on bute sur ses limites. Inévitablement il faudra s'ajuster, par des renoncements et des concessions. L'amour vrai n'apparaît que dans la mesure où, cessant d'idéaliser l'autre, on cesse de rêver et on en vient à aimer l'autre tel qu'il est, sachant qu'avec lui tel qu'il est - étant données ses indéniables qualités inventoriées par ailleurs ! -, une route merveilleuse est possible.
Les disputes, une occasion pour mettre en place quelques adaptations
Être adulte, c'est gérer positivement l'imparfait de la condition humaine. Et les disputes des fiancés ne sont souvent que la mise en place de la nécessaire adaptation. Si bien que souvent, après des fiançailles difficiles, la première année de mariage est plus facile à vivre car le « travail » d'adaptation a été fait en amont. Tandis qu'après des fiançailles (trop ?) idylliques, la première année peut s'avérer difficile puisque tôt ou tard il faut bien désidéaliser l’autre pour parvenir à l'amour authentique.
Enfin, il peut être sage de se rappeler que l’Époux parfait, c'est le Christ, dont l'époux de la Terre n'est que l'annonce et le chemin qui conduit vers Lui. Le sachant, il est plus facile d'accepter l'imperfection du conjoint : il n'est pas le Christ. De plus, les fiançailles évoquent assez bien la vie terrestre où, « fiancé au Christ au baptême » (2 Cor 11, 2), le chrétien vit, dans les difficultés et les renoncements du quotidien, le temps laborieux des préparatifs aux Noces éternelles.
Denis Sonet