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"Elle fabule !", regrette Anna devant sa petite fille de 4 ans qui lui raconte chaque soir des histoires à dormir debout. "À force, je ne sais plus faire la part des choses." Discerner le vrai du faux, c’est bien cela qui est difficile face aux petits arrangements avec le réel dont sont friands les petits. Pas de panique pour autant : chez les tout-petits, le mensonge est souvent davantage une manifestation de l’imaginaire enfantin qu’une réelle intention d’embobiner les adultes. En effet, jusque vers l’âge de huit ou neuf ans, l’enfant ne fait pas toujours bien la différence entre l’imaginaire et le réel et se trouve souvent incapable de se mettre dans la peau de son interlocuteur, donc de bien saisir l’impact de ses écarts avec la vérité. Il racontera alors des histoires abracadabrantes ou modifiera une histoire réelle afin de la rendre plus intéressante. Mais qu’en est-il des mensonges répétés ?
Ces raisons qui poussent l’enfant à mentir
Bien souvent, il s’agit pour l’enfant d’attirer l’attention sur lui. Le mensonge répété est souvent un appel : dernier de fratrie que l’on n’écoute pas toujours, problèmes familiaux qui entravent la disponibilité des parents… Plus tard, quand l’enfant a bien intégré la loi morale et les interdits qui en découlent, le mensonge peut devenir un moyen de se sortir de situations délicates et d’éviter la sanction. "C’est pas ma faute !", "C’est lui qui…", "Tous les autres le font" : quel parent n’a pas entendu ces ritournelles ?
Dans ce cas, il est important de ne pas s’en montrer dupe et de ramener l’enfant à la réalité. Sans quoi il se verrait conforté dans un processus de déresponsabilisation vis-à-vis de ses actes et de perte de confiance de la part de l’adulte. Sanctionner le mensonge revient à lui permettre de grandir.
Parfois, l’enfant ment pour échapper à un parent vécu comme trop envahissant. C’est l’enjeu de l’adolescence, où associer respect du quant-à-soi du jeune et légitime présence des parents constitue une ligne de crête exigeante. Autre cas, le mensonge peut être le signe d’une faible estime de soi : quoi de plus efficace pour attirer l’amour et la pitié que de s’inventer des scénarios dont on serait le héros ?
Les réactions bienveillantes face aux mensonges d’un enfant
Face à tout cela, comment doivent réagir les parents ? Ramener leur enfant au réel, en se rappelant que plus les mensonges sont "payants", plus ils risquent de se répéter.
L’enfant recherche de l’attention ? Il faut rester un peu froid devant ses propos. Il cherche la confrontation ? La meilleure attitude à adopter est de ne pas réagir. Les parents doivent insister sur les valeurs auxquelles ils croient plutôt que sur le mensonge. L’enfant ment pour se déculpabiliser d’une erreur ? Les parents peuvent lui dire ce en quoi ils croient, sans oublier d’insister sur les conséquences de ses actes : "Tu dis que ces cigarettes ne sont pas à toi, mais je ne te crois pas. Je pense surtout que tu as peur de ma réaction". Mais comme faute avouée est à demi pardonnée, vaut mieux souligner son courage s’il dit la vérité.
Quant à la punition, il est important d’appliquer la conséquence prévue, quitte à se faire accuser d’être injuste ! Toutefois, les parents doivent pousser l’enfant à réparer ses gestes plutôt que de lui infliger une punition vide de sens. In fine, il ne faut jamais traiter l’enfant de menteur. Et puis, il serait bon de se poser de temps en temps la question suivante : et moi, m’arrive-t-il de mentir à mon enfant ?
Anne Gavini