C’est bien un âne qui a accompagné Abraham vers la Terre promise. C’est aussi sur un âne que Joseph et Marie se sont rendus à Bethléem. Et c’est sur le dos d’une ânesse blanche que Jésus entre dans Jérusalem, une semaine avant sa Passion. Et si cet animal très sympathique était le meilleur « guide spirituel » ?
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L’âne chemine aux côtés de l’homme depuis déjà sept millénaires. Non pas pour le conduire à la guerre, comme son lointain cousin le cheval, mais afin de l’assister dans les travaux des champs. L’homme a reçu comme loi de Dieu de travailler six jours et de se reposer le septième, mais il a depuis oublié la fin de la phrase : « Le septième jour, tu chômeras, afin que ton bœuf et ton âne se reposent » (Ex 23, 12). Dans la Bible, l’âne est l’un des animaux les plus souvent évoqués. Symbole d’humilité, il sert de monture au Christ enfant. Et c’est sur le dos d’une ânesse blanche que Jésus entre dans Jérusalem, une semaine avant sa Passion.
La place de l’âne, à côté du bœuf, autour de la crèche de la Nativité, n’est pas authentifiée par les Évangiles canoniques. Mais il est bien présent dans les Évangiles apocryphes et il est logique que l’âne qui ait accompagné la sainte famille de Nazareth à Bethléem soit aussi présent au moment de la nativité du Sauveur.
Le compagnon préféré des saints et des moines
Au Moyen Âge l’âne fait l’objet d’une célébration, la « messe des ânes », la veille du commencement du Carême. Mais trop de débordements à l’occasion de cette fête ont conduit l’Église à l’interdire à la fin du XVIIe siècle.
Cet animal est aussi le compagnon préféré des saints et des moines. Saint Nicolas et saint Martin l’utilisaient notamment comme monture. Et en 1195, le pape Innocent III ordonne aux moines de l’ordre des Mathurins de se déplacer avec un baudet, sous peine d’être suspectés de péché d’orgueil. Toujours le même symbole d’humilité.
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Mais cette bienveillance biblique et religieuse à l’égard de l’âne ne semble pas corrélée par les croyances populaires. Si l’on en croit les dictons, il n’aurait même que des défauts. Il est fourbe, puisqu’il faut se méfier du fameux « coup de pied de l’âne ». Il est sot, puisque c’est d’un bonnet d’âne que les cancres sont coiffés à l’école. Surtout, il est effroyablement têtu.
Un animal obstiné ? Non, prudent
Têtu ? Faux et archifaux, répondent les défenseurs de l’animal. « C’est un animal qui d’un côté a été décrié et de l’autre encensé, remarque Jacky un éleveur d’ânes. Si l’âne a de grandes oreilles, c’est pour ne pas marcher sur la tête comme le fait si souvent l’homme ». Un animal obstiné ? Non, prudent. « Tout s’explique quand on étudie un peu attentivement son comportement », explique Jacky. Réfléchi, l’âne observe les obstacles avant de se lancer. Rien ne sert donc de lui donner des coups de bâton, il faut plutôt le rassurer pour le faire avancer.
Ceci n’en fait pas pour autant un animal timoré. Malgré sa douceur, il est capable de défendre un troupeau. « Il a un instinct grégaire très fort, explique Jacky. Quand il accompagne la transhumance dans les alpages, il rassure beaucoup les moutons. Il est capable de dérouter les attaques des prédateurs par le seul fait de braire ». Dans le même temps, il est capable de la plus grande douceur avec les enfants et se laisse tirer les oreilles par les petits sans broncher. Avec les adultes, il sait aussi jouer la corde sensible en se faisait tour à tour attendrissant ou farceur. Tant de choses que l’homme peut apprendre de cet animal !
Véronique Hunsinger