Face à l’incapacité d’avoir un enfant, les conjoints peuvent se demander pourquoi le Bon Dieu les a unis. Et si la fécondité ne se réduisait pas uniquement à l’enfantement ?
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Les conjoints qui n’arrivent pas à concevoir un enfant se demandent souvent : dans quel but, pour quel fruit, finalement quel est le sens de notre amour ? Cela nous invite à méditer sur la fécondité et les fécondités du mariage. Jésus-Christ nous a enseigné une fécondité mystérieuse, vertigineuse : la fécondité de la Croix (Mc 8, 34). Il ne faut pas tricher en effet avec la réalité. Certes, la stérilité n’est pas le malheur absolu : elle n’empêche ni de vivre ni d’aimer. Cependant, pour des époux, rien ne peut remplacer l’enfant, que leur amour fait naître et qui les fait naître eux-mêmes comme parents. C’est pourquoi il y a peu de consolation et encore moins de compensation dans l’épreuve de la stérilité. Un couple peut alors ressentir un immense vide. On devine le risque d’y sombrer, ou au contraire de s’en évader. Un risque plus subtil serait de laisser ce vide dans la vie devenir un vide dans le cœur.
L’épreuve peut révéler des richesses de cœur insoupçonnées
Au contraire, un cœur blessé, pauvre, en attente, peut être un cœur d’autant plus vivant, ouvert, passionné. Il ne faut pas nier l’épreuve. Elle peut faire perdre cœur. Mais l’épreuve est aussi un défi à relever. Elle peut révéler des richesses de cœur insoupçonnées. Plus profondément encore, elle peut laisser passer à travers nos cœurs la faiblesse et la folie de la Croix (1Co 1, 22-25), c’est-à-dire quelque chose du cœur de Dieu. À cet égard, le couple blessé dans sa fécondité a peut-être une mission particulière. À notre époque où l’amour et la vie sont exposés à tant d’atteintes, ne participe-t-il pas secrètement, douloureusement, à la gestation d’une civilisation de l’amour et d’une culture de la vie ?
Lire aussi :
Couples en espérance d’enfant : « être heureux malgré la souffrance »
Cette méditation un peu grave ne doit pas en effacer une autre. Il ne faut pas réduire la fécondité du couple à la procréation. La procréation elle-même appelle tout un travail d’éducation. C’est un aspect essentiel de la paternité et de la maternité. Un homme et une femme sans enfant de leur chair peuvent être de vrais éducateurs et contribuer à « engendrer » un enfant, dans sa vie personnelle, sociale, spirituelle. C’est évident dans le cas de l’adoption. C’est vrai aussi dans des situations moins officielles et moins permanentes. Des jeunes peuvent rencontrer sur leur chemin beaucoup d’adultes qui ne sont pas leurs parents, mais qui les aident à naître — Socrate appelait cet art la maïeutique.
Trois fécondités du couple
Plus simplement encore, n’oublions pas qu’un vrai don d’amour est toujours un don de vie. À plus forte raison lorsqu’il est consacré dans le sacrement de mariage. En deçà et au-delà des enfants, il y a trois fécondités toujours à vivre.
Lire aussi :
Lorsque l’infertilité fait place à la fécondité
Tout d’abord les époux s’enfantent en quelque sorte mutuellement. Dire « Je t’aime », c’est toujours avoir foi en l’autre, espérer en lui. Dans une vision chrétienne, c’est aider l’autre à devenir le saint que Dieu désire. Ensuite, ensemble, les époux forment un foyer, ils ont à créer au fil des jours cette réalité inédite et vivante qui est leur couple, et qui est beaucoup plus que l’addition des deux. Enfin, mais cela tout le monde le sait, le foyer en tant que tel est appelé à un rayonnement, un service, une mission. C’est bien plus que faire quelque chose ou avoir des engagements. C’est s’engager dans l’amour de Jésus pour le monde.
Cela fait partie du sacrement de mariage. Par la grâce de votre amour, la terre ne sera plus jamais comme avant…
Père Alain Bandelier