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Que signifie être chrétien après la résurrection du Christ ?

croix montagne

La Croix demeure

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Dom Samuel Lauras - publié le 15/04/25
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Si notre vie chrétienne ne parvient pas à purifier les réflexes du monde contemporain quand ils conduisent à des impasses, à quoi bon ? Être acteur de la Résurrection du Christ, montre dom Samuel Lauras, abbé cistercien de Nový Dvůr, c’est laisser mourir en nous l’individualiste pour renaître en une personne, créée à l’image de Dieu et capable de Dieu.

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Comme chaque année, nous nous attendons encore une fois à voir se déployer, devant nous, les spectateurs et les acteurs de la Résurrection. Qui sont-ils ? Les anges, les apôtres, Marie-Madeleine, le Christ… Et nous aussi, peut-être : spectateurs ou acteurs ? Pour un chrétien, l’événement de la Résurrection éveille une double attente. Depuis la résurrection du Christ, nous attendons, dans la foi, notre propre résurrection. Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine. Allons-nous pourtant réduire notre vie à cette attente d’autant plus lointaine qu’elle est promise, non pas après notre mort, mais à la fin des temps ?

Chaque fois que nous nous sommes trouvés devant la tombe d’un proche, pour prier à son intention, le contraste entre les souvenirs que nous avions de lui, vivant, et de son corps inerte tel que nous pouvons l’imaginer, nous a fait… froid dans le dos. Ce frisson est sain. Il nous jette face au mur de la réalité qu’il nous faut affronter. Ce n’est rien comparé au frisson que nous devons éprouver face à une "immortalité numérique" promise pour 2030, dit-on, ou face à une intelligence artificielle qui risque de priver notre monde de tout ce qu’il a d’humain. Quel monde d’horreurs ces ambitions nous préparent et comment, chrétiens et moines, devons-nous réagir ?

Nous, comme les disciples…

Arrêtons-nous sur l’événement lui-même tel qu’il nous est rapporté par les quatre évangélistes et sur les acteurs de la Résurrection. Les anges ? Nous ne sommes pas des anges… Laissons-les de côté, ils furent chargés d’annoncer la Bonne Nouvelle. Les réactions des disciples sont plus intéressantes puisque nous sommes nous aussi les disciples de Jésus. L’un après l’autre, ils furent appelés par le Christ à sa suite. Nous aussi, chacun selon notre vocation dans l’Église. Pendant trois ans, ils vécurent ensemble, avec lui, s’efforçant d’écouter un enseignement des plus déroutant. Nous aussi, chacun dans les communautés chrétiennes où nous vivons. Ils avaient la tête dure et le cœur lent à croire, ce qui ne les empêchait pas de vouloir faire tomber le feu du ciel sur les autres, ceux qui "n’écoutaient pas" Jésus. Nous faisons de même. Ils avaient fait le bon choix, s’étaient attachés au bon maître. Nous aussi. Au moment décisif, tous s’enfuirent, sauf Jean et la Vierge, bien sûr. La mort de Jésus les laissa désemparés. Nous aussi.

Des cailles "toutes cuites dans le bec"

Peut-être faut-il passer par là. Peut-être qu’un disciple du Christ doit nécessairement, pour suivre son maître, traverser les nuits qu’il a traversées et voir s’effondrer les appuis qu’il s’était lui-même construits. L’histoire du salut que raconte l’Ancien Testament et que la Veillée pascale survole, n’enseigne-t-elle pas cette confiance absolue en Dieu, hors de tout appui, loin des oignons d’Égypte, de la manne et des cailles qui nous tombent "toutes cuites dans le bec" ?

Quelle est cette "vie nouvelle" dont parle saint Paul dans l’épître aux Romains ? Ce n’est pas seulement une vie "après la mort" ! Que signifie, pour nous aujourd’hui, "être vivants pour Dieu en Jésus-Christ" (Rm 6, 11) ? N’y a-t-il pas là quelque chose à attendre de la Résurrection, dès aujourd’hui ?

Individu ou personne humaine ?

Il est possible de résumer cette transformation, ce passage de la mort à la vie, en quelques mots : laisser mourir l’individualisme pour renaître en une personne, créée à l’image de Dieu et capable de Dieu. Telle est notre vocation de chrétien pour renouveler le monde où nous vivons. Les Personnes divines sont des êtres de relation. Nous aussi. Une personne humaine prend en compte la réalité du monde et sa finitude. Elle se sait dépendante des communautés dans lesquelles elle vit. L’individu se rêve indépendant, il veut que tout soit possible. Une personne humaine a des désirs et donc une attente. Ces désirs dont saint Bernard et les Pères de Cîteaux ont si bien parlé… L’individu contemporain n’a que des volontés. Pour lui, désirer serait déchoir, avouer son impuissance. Et toute déception est pour lui le signe d’une injustice. Il ne supporte rien, sinon ce qui va exactement dans son sens.

Nous sommes de ce monde-là, avec ces réflexes-là ! Ne nous en plaignons pas. Voyons là une chance, celle de ressusciter aujourd’hui avec le Christ. N’attendons pas la vie éternelle !

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