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Il est bon que cette année jubilaire ait été placée sous le signe de l’espérance. Notre monde crève de son manque d’espérance. Il faut dire que l’homme moderne l’a trop souvent confondue ou placée dans le seul "progrès". Et nous attendions de lui qu’il supprime toute difficulté et tout inconfort. Nous avons eu tort. Il est possible que l’illusion de maîtrise avec laquelle l’homme d’aujourd’hui se pavane participe du désenchantement du monde. On veut tout contrôler, planifier et on s’imagine qu’on le peut. On n’aime plus l’inattendu. On ne le supporte plus. La modernité, qui promettait de nous rendre la vie plus facile, et qui a placé sa foi dans la science toute-puissante et son salut dans le progrès et la technique, derrière l’idée que les droits seraient seuls garants du bonheur, a promu de fausses espérances. Et ces fausses espérances, désormais à nu, sont déçues…
L’espérance, c’est quelqu’un !
Regardons en face ce qui ne va pas, mais espérons quand même. Car espérer, c’est justement voir ce qui menace et parier sur ce qui sauve. Évidemment, cultiver cette capacité — cette vertu — n’est pas réservé aux chrétiens, Dieu merci ! La grâce est pour tous. D’ailleurs, nombre d’athées sont des maîtres en espérance alors même que certains catholiques — et je me mets souvent dans ce vieux sac — sont capables de passer toute leur sainte journée à bougonner et à traîner les pieds… Pourtant, pour les chrétiens, l’espérance est plus qu’une bouée, qu’un appel, qu’un secours, qu’un devoir : c’est quelqu’un !
Peut-être entrez-vous dans la Semaine sainte sur la pointe des pieds, avec l’impression d’avoir "manqué" votre carême… Si c’est le cas, sachez que c’est plutôt vous qui lui avez manqué. Et, bonne nouvelle : il n’est jamais trop tard pour être au rendez-vous de Dieu. L’ouvrier de la onzième heure nous rappelle qu’on ne pointe pas, au Royaume des Cieux…
Peut-être au contraire entrez-vous dans cette Semaine sainte avec une nouvelle force. Avec le sentiment d’avoir reçu, par l’effort et l’ascèse, un peu des armes de Dieu : la vérité pour ceinture, la cuirasse de la justice, le bouclier de la foi, le casque du salut et l’épée de l’Esprit, qui est la Parole de Dieu (Ép 6.10-20). Alors, bienheureux êtes-vous ! Plus sûrement, la plupart d’entre nous arrivons en ce Lundi saint un peu entre les deux… Eh oui ! misère, ô ma misère, on peut toujours faire mieux…
Le désir du bien
Quel que soit notre sentiment sur la manière dont nous avons vécu ce carême, nous pouvons tous entrer dans cette semaine sainte avec une certitude : l’espérance est là ! Sans naïveté, nous avons le droit de croire que ce carême, même s’il n’a pas réduit à néant le mal en nous et autour de nous, a certainement contribué à fortifier ce qui le combat le mieux : le désir du bien. Cessons de nous désespérer de nous-même et du monde, et tournons notre regard vers la vraie lumière. Celle qui a embrassé toute notre condition humaine, celle qui a vécu l’agonie, la passion, les ténèbres de la mort, la descente aux enfers, celle qui roulera la pierre et sortira du tombeau, celle qui imprime à jamais ce mystère des mystères à l’oreille du monde et de l’histoire tout entière : "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font" (Lc 23, 34). Oui, la vraie, la grande espérance de l’homme, ce ne peut être que Dieu. Lui qui nous a aimés le premier et qui nous aime toujours jusqu’au bout, jusqu’à ce que tout soit accompli. Lui qui murmure son nom au creux de nos âmes : "Je suis."
La Résurrection a bouleversé l’histoire humaine, durablement. La Vie a vaincu la mort. Avec le Christ, "la mort n’est plus seulement la preuve de l’absolu de la vie mais celle de l’absolu de l’amour. Avec lui, la mort change de nature et de dimension, elle devient l’ouverture par où passe l’infini souffle de la transfiguration", écrit François Cheng, dans ses merveilleuses Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie (Albin Michel, 2013).
Ce petit troupeau, espoir de quelque chose
Si pour le chrétien, l’espérance c’est quelqu’un, un ami, bien vivant, présent dans sa vie, qui vit en lui, alors il doit être "toujours prêt à rendre compte de l’espérance qui est en lui", écrit saint Pierre dans sa lettre (1P 3, 16). Waouh ! Comme cela peut sembler exigeant… "Il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance" (1Th 4, 13), écrit même saint Paul, qui rappelait aux Éphésiens qu’avant leur rencontre avec le Christ, ils étaient sans espérance et sans Dieu…
Ce message, nous devons l’entendre. Ne décevons pas l’espérance. Cultivons-la. Dieu compte sur nous. Le monde compte sur nous. "Les hommes évoluant dans un monde complètement planifié vont se retrouver extrêmement seuls, écrivait Joseph Ratzinger en 1969. S’ils perdent totalement de vue Dieu, ils vont réellement ressentir l’horreur de leur pauvreté. Alors, ils verront le petit troupeau des croyants avec un regard nouveau. Ils le verront comme un espoir de quelque chose qui leur est aussi destiné, une réponse qu’ils avaient toujours secrètement cherchée" (Interview sur Hessische Rundfunk, 25 décembre 1969).
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