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Le délicat métier de collecteur d’impôts dans la Bible

la vocation de st mathieu caravage

La vocation de saint Matthieu, Caravage.

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Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 12/04/25
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Le métier même de "collecteur d’impôts" peut prendre des dénominations différentes selon les époques, tout en apparaissant néanmoins à maintes reprises dans le récit biblique pour désigner les dignitaires chargés de recouvrer les impôts…

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L’Ancien Testament atteste très tôt que des personnes seront chargées spécifiquement de prélever des céréales sur la population en période d’abondance, fonction qui incombera notamment à Joseph, fils de Jacob, en Égypte après qu’il eut été vendu par ses frères ; Le Livre de la Genèse précise : "Que Pharaon agisse en instituant des fonctionnaires sur le pays d’Égypte, afin de prélever le cinquième des récoltes pendant les sept années d’abondance. Ils recueilleront toute la nourriture de ces bonnes années qui viennent et, sous l’autorité de Pharaon, ils entasseront dans les villes du froment comme nourriture : ils le garderont en réserve" (Gn 41,34-35). 

Un métier omniprésent

Le récit biblique se réfère à plusieurs reprises à la mise en place d’impôts divers et des personnes chargées de les récolter. Ainsi, la Bible précise-t-elle la mise en place d’un impôt par le roi Salomon qui servit à financer la construction du Temple et à assurer le fonctionnement de son administration. Le Livre des Rois mentionne même les noms des douze préfets chargés de cette tâche (1R 4,7). Des prélèvements sous la forme de tributs sur les royaumes soumis sont également fréquemment cités dans la Bible, c’est notamment le cas avec les Assyriens exigeant de lourds tributs à Israël, le roi Menahem allant jusqu’à lui donner mille talents d’argent : "Menahem extorqua cet argent à Israël, en levant un impôt sur tous ceux qui avaient de grandes richesses, pour le donner au roi d’Assour : cinquante pièces d’argent par personne. Au lieu de rester dans le pays, le roi d’Assour s’en retourna" (2R 15,20). Tous ces prélèvements pouvaient peser lourd, notamment sur les personnes les moins fortunées, ce dont se fait l’écho l’Ancien Testament au Livre de Néhémie : "Pour acquitter l’impôt royal, nous avons dû emprunter de l’argent sur nos champs et nos vignes" (Ne 5,4). La plainte est justifiée, les plus pauvres devaient en effet parfois pour pouvoir s’acquitter de l’impôt donner leurs biens en gage, allant jusqu’à livrer leurs enfants en esclavage, situation insupportable fort heureusement dénoncée par certains collecteurs d’impôts tel que Néhémie : "Or les gouverneurs précédents pressuraient le peuple : ils lui prenaient chaque jour, pour le pain et le vin, quarante pièces d’argent ; leurs serviteurs aussi opprimaient le peuple. Moi, au contraire, par crainte de Dieu, je n’ai pas agi ainsi" (Ne 5,15). 

Un métier critiqué

Ce métier largement répandu, dénommé également dans le Nouveau Testament par le terme de publicain, était mal perçu par la population car, en plus de prélever leur argent, les collecteurs travaillaient le plus souvent pour le compte des Romains et n’hésitaient pas à outrepasser leur fonction avec de nombreuses corruptions. Une parabole livrée par Jésus lui-même, et que nous rapporte l’Évangéliste Luc, laisse une petite idée du peu de considération qu’Il portait à ce métier : "Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : "Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne." Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !" (Lc 18,10-13). 

Duccio, entrée à Jérusalem, 1308-1311

L’enseignement de cette parabole est clairement souligné par Jésus, même le pire métier qui soit n’empêche pas le cœur de l’homme de s’ouvrir s’il s’amende de ses péchés et fait acte d’humilité ! Bien entendu, nous pensons alors spontanément à Lévi, ce collecteur d’impôts qui deviendra l’un des disciples de Jésus, et surtout l’un des douze apôtres sous le nom de Matthieu : "Jésus partit de là et vit, en passant, un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de collecteur d’impôts. Il lui dit : "Suis-moi." L’homme se leva et le suivit" (Mt 9,9). Une scène évoquée avec maestria par Le Caravage dans sa fameuse peinture La Vocation de saint Matthieu pour la chapelle Contarelli dans l’église Saint-Louis-des-Français à Rome. Zachée, chef des collecteurs d’impôts se convertira, lui aussi, lors de la fameuse scène où il est juché sur un sycomore du fait de sa petite taille afin d’apercevoir Jésus (Lc 19,1-10). 

Si tous ces témoignages montrent combien ce métier de percepteur d’impôts jouissait auprès de la population d’une bien piètre considération, il convient néanmoins de se souvenir que c’est pourtant parmi les collecteurs d’impôts que Jésus ira choisir certains de ses disciples chargés de diffuser sa parole et la foi…

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