Annabelle, Nathan, Simon… Ils ont créé la paramentique de Pâques pour Notre-Dame

Nathan n’en revient toujours pas. À 20 ans, il vient de participer à la création de la paramentique de Pâques pour la cathédrale Notre-Dame de Paris. Dans son costume cravate, le jeune étudiant à Albert de Mun ne se lasse pas de dire sa fierté. "C’est un projet exceptionnel qui nous a demandé beaucoup d’investissement ", confie-t-il à Aleteia lors de la présentation de la paramentique dans la salle des chapelles, à l’abri des regards des touristes qui affluent par milliers dans le ventre la Vieille Dame en ce jour ensoleillé d’avril. L’atelier école de mode (ECAMOD) du lycée catholique Albert de Mun a été chargé de la création de l’ensemble paramentique destiné aux célébrations de Pâques il y a trois ans, lorsque le directeur de l’établissement Patrice Hauchard contacte Mgr Olivier Ribadeau Dumas pour lui soumettre cette idée. "C’est un grand honneur de se voir confier cette mission par l’Église", déclare-t-il. "Nous avons tous été très émus lors de l’incendie de la cathédrale en 2019. Participer à sa résurrection est une vraie source de joie mais aussi d’enrichissement pour les étudiants qui ont participé à ce projet. "

L’ECAMOD forme 1.300 jeunes du CAP au Bac +5 dans le secteur de la mode prête à porter. Cette école s’appuie sur un atelier encadré par des professionnels, où les jeunes apprennent tout du stylisme à la commercialisation, en passant par le modélisme. C’est donc une centaine de jeunes étudiants qui ont travaillé sur un ensemble liturgique complet : celui de l’archevêque de Paris Mgr Laurent Ulrich, qui comporte une chape, une chasuble, une étole et une mitre ; puis les prêtres avec douze chasubles ; enfin les diacres avec deux dalmatiques. Confectionnés dans des matières lainées, ils arborent surtout des nuances de jaune et de doré mais demeurent très sobres. " Nous avons voulu jouer avec la lumière et proposer quelque chose de joyeux ", expliquent les trois étudiants en charge de la présentation du projet. " Chaque ensemble est différent, mais nous avons tenu à garder une cohérence dans les couleurs et les formes proposées, en revisitant la forme de l’étoile ".

Cette paramentique sera dévoilée pour la première fois lors de la Vigile Pascale présidée par Mgr Ulrich samedi 19 avril, et sera portée une seconde fois le dimanche de Pâques pour la messe de la Résurrection. "J’ai hâte d’y être", sourit Simon. Col roulé rouge, lunettes fumées, crucifix en boucle d’oreille et pin’s en forme de croix de Taizé sur un blazer noir, difficile de ne pas remarquer le jeune homme. Passionné par l’ornement liturgique, il a rejoint l’ECAMOD exprès pour participer à ce projet qu’il qualifie "d’inédit". " J’ai été élevé dans une famille catholique, donc je connaissais déjà cet univers", explique-t-il à Aleteia. "Je ne vais pas à la messe tous les dimanches, mais j’aime y aller de temps en temps et pouvoir travailler sur ce type de vêtements est vraiment quelque chose qui me stimule", ajoute-t-il.

À ses côtés, Annabelle ne connaissait rien de la foi catholique lorsqu’elle a rejoint le projet. "Je n’avais aucun rapport à la religion catholique et je ne connaissais rien à la liturgie. Mais j’ai été bouleversée par l’incendie de Notre-Dame et je suis très heureuse de contribuer à sa renaissance avec mes mains ", confie la jeune femme de 20 ans. Aujourd’hui, elle reconnaît "se poser beaucoup de questions" quant à la foi, au point de ne pas exclure de demander peut-être un jour le baptême. "Je tâtonne. Pas forcément tout de suite, mais j’y réfléchis."

Pendant qu’ils découvriront leur travail porté par l’archevêque et les prêtres le jour de Pâques, ce sont quatre de leurs camarades qui entreront dans la foi catholique dans la chapelle du lycée. "Nous avons quatre futurs baptisés qui ont entamé leur démarche de conversion en travaillant sur la paramentique", affirme à Aleteia Brigitte Colman. Tout au long des trois années, cette animatrice pastorale de l’établissement a encadré le travail des étudiants afin de lui donner toute sa portée spirituelle et le diriger pour le rendre conforme aux attentes liturgiques. "Il a fallu parfois canaliser les ambitions artistiques, rit-elle. Mais je pense que le Seigneur a récolté beaucoup de fruits. Chemin faisant, la grâce a envahi notre projet et a rayonné sur notre établissement. Je le vois par les demandes de sacrements qui affluent dans les secteurs" mode" et "arts appliqués". Je suis persuadée que l’art est fait pour la transcendance et qu’il a amené ces jeunes en quête de sens vers Dieu. " La preuve : en plus des quatre jeunes qui seront baptisés cette année, quatre autres se préparent déjà pour Pâques 2026.